Une année scolaire se termine, ou presque. Pour des millions d’élèves, ce sont déjà les vacances. Seuls ceux qui ont un rendez-vous avec les examens de fin d’année sont à fond dans les dernières révisions.
Preuve : les salles et garages de cours particuliers sont bondés de jeunes élèves qui aspirent intégrer le monde universitaire après une année scolaire des plus mouvementées. Elle n’est pas des plus catastrophiques, puisqu’elle n’égale pas celle de 2019 où les cours ont été interrompus en février, mais l’amélioration des conditions de scolarité n’est pas encore au rendez-vous.
«C’est une année scolaire plus que spéciale, car dès le début de l’année, la rentrée scolaire a été reportée de 15 jours, puis les vacances d’hiver ont été prolongées, ou plutôt rapprochées d’une semaine, et la scolarité a été suspendue deux fois en janvier et février. D’après les conclusions des inspecteurs des matières au mois de mars, nous avons un mois de retard. D’ailleurs, ils ont instruit les enseignants de certaines matières à supprimer des cours ou, dans certains cas, à ne pas trop s’approfondir dans le cours.
Donner juste l’essentiel influe négativement sur les acquis des élèves», déclare Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), qui souligne que le taux de réalisation des programmes ne dépasse pas 65%. Les raisons, selon le syndicaliste, sont des programmes trop chargés et des volumes horaires réduits volontairement ou à l’occasion du mois de Ramadhan.
Ce n’est pas tout. M. Amoura revient sur le système d’enseignement par alternance, qui donne à l’élève la sensation d’être en vacances. «Mais en parallèle, les enseignants sont saturés et leur rendement est réduit au minimum. Nous devons supprimer cet enseignement par groupes et revenir à l’ancien système par classes. C’est une solution. Mais les groupes sont surchargés. Le nombre d’élèves y dépasse les 35.
Si nous jumelons les groupes, nous serons face à des classes de près de 70 élèves. A la rentrée prochaine, nous aurons le problème de la surcharge des classes», déplore M. Amoura, qui estime qu’une «refonte» du système éducatif est la solution.
Inquiétude sur les résultats
Pour la préparation des examens de fin d’année, il reste confiant, étant donné, estime-t-il, que le personnel est déjà rodé. Il n’en demeure pas moins qu’il est inquiet quant aux résultats, notamment une éventuelle diminution des moyennes d’accès.
Le porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), Messaoud Boudiba, considère que pour les examens de fin d’année, le risque n’est pas dans l’organisation mais dans les mauvaises surprises.
«L’évaluation de l’avancement des programmes doit être très stricte afin d’éviter des sujets qui n’ont pas été étudiés en classe. Il faut éviter de gonfler les taux d’avancement des programmes. Les élèves en seront les premières et ultimes victimes», ajoute notre interlocuteur.
Même son de cloche chez le Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Son président, Rouina Zoubir, souligne que durant l’année, «les trimestres étaient perturbés et écourtés, les cours résumés et les différentes évaluations n’étaient pas à la hauteur de leur but, qu’est de déterminer les lacunes et surtout de mesurer le taux de compréhension et d’assimilation des élèves».
«Le niveau des élèves prendra encore un nouveau sérieux coup», souligne M. Rouina, qui revient aussi sur les conditions de travail des enseignants et des fonctionnaires du secteur durant cette année, où la pression avait toujours le dernier mot. Le syndicaliste rebondit sur les examens de fin d’année en les qualifiant d’examens de forme, étant donné que «le plus important est le chiffre global de la réussite».