Anachronismes

07/05/2022 mis à jour: 18:57
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En l’absence de renouvellement des personnels d’encadrement et de modernisation des modes de gestion, d’anciens réflexes ressurgissent chez de nombreux responsables en charge de secteurs souvent névralgiques.

Entre archaïsmes et anachronismes, les méthodes convoquées aujourd’hui pour relancer des activités gagnées par l’inertie ou le délitement n’augurent pas d’une réelle dynamique de redéploiement et de remise en marche de la vie nationale.

La gestion par l’ultimatum est l’un des procédés usés et révolus, mais qui revient au-devant de la scène dans ce contexte de marasme, sinon de régression. Les 15 jours fixés aux directeurs de la santé pour remettre sur pied les services des urgences dans les hôpitaux laissent perplexe l’opinion publique, et sans doute les gestionnaires du secteur.

Même si elle est moins cinglante et coercitive que les fameux limogeages en pleine visite ministérielle, cette mesure revêt une dimension irréelle quand on prend connaissance du niveau de dysfonctionnement et de l’ampleur des lacunes dans les services hospitaliers.

Il faut relever que les ministres eux-mêmes ont vu s’enclencher récemment une sorte de compte à rebours dans la perspective d’un prochain remaniement du gouvernement.

L’échéance arrêtée par le ministre de la Santé pour réhabiliter les services des urgences aura-t-elle plus de chance de succès que l’ultimatum d’une semaine que s’était lancé, il y a deux ans, celui du Commerce pour étêter la «maffia» sévissant dans l’agroalimentaire ? L’effet électrochoc dans les urgences est difficilement envisageable et réalisable au moment où les réformes annoncées dans le secteur tardent à connaître un début de concrétisation.

La création des pôles des urgences ou le retour aux secteurs sanitaires regroupant les hôpitaux et les structures intermédiaires restent au stade de projets. Le plus important est celui qui a été esquissé il y a de nombreuses années, consistant à intégrer le secteur privé dans le système de santé national, en tenant compte, concrètement, de l’extension de la couverture sociale aux soins prodigués hors établissements publics.

Dans ce pays où c’est la question des transferts de malades à l’étranger qui s’impose dans le débat et la chronique nationale, les équipements médicaux existent en quantité et en qualité. Ils ne sont tout simplement pas mis à la disposition des patients, par manque d’information, d’orientation ou de moyens de prise en charge.

La réorganisation du secteur demeure au point mort, une situation préjudiciable et inexplicable au vu des fortes dotations budgétaires qui y sont allouées. L’affectation et la stabilisation du personnel médical, notamment spécialisé, dans les services de soins, est le défi le plus déterminant qui se présente aux autorités sanitaires.

Un dossier qui ne peut être réglé ou évacué en quelques semaines dès lors qu’il est lié à la formalisation des statuts des personnels de la santé. Dans ce secteur comme dans d’autres, le train des réformes doit être engagé avec une plus grande concertation, un programme et une disponibilité de longue haleine. En commençant par faire baisser la tension à tous les niveaux.

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