Amélioration des œuvres universitaires en Algérie : Des aides sociales directes aux étudiants comme alternative

09/06/2022 mis à jour: 08:31
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Photo : El Watan

Des spécialistes proposent de donner un Salaire national minimum (SNMG) de 20 000 DA directement à l’étudiant, ce qui le poussera à devenir plus responsable en gérant cet argent pour louer sa chambre, payer les repas et le transport.

L’enseignement supérieur en Algérie demeure l’un des secteurs qui bénéficient annuellement d’énormes budgets afin d’assurer une bonne formation, mais surtout une bonne qualité de la vie universitaire. Malheureusement, il est très difficile de concrétiser les buts tracés par les responsables de ce secteur en matière d’œuvres universitaires.

Une récente enquête menée par Noureddine Metnani, responsable de la cellule de qualité à l’université Constantine 3, a révélé que 75% des étudiants ne sont pas satisfaits de la qualité d’hébergement dans les cités U. Selon ses dires, cet étudiant, qui souffre déjà du manque de commodités nécessaires, n’a pas non plus le droit de choisir la cité U ni son colocataire.

«Dans la loi de finances 2022, les universités algériennes ont bénéficié d’une enveloppe estimée à plus de 400 milliards de dinars, dont le tiers, soit plus de 138 milliards dinars, pour les œuvres universitaires. Malheureusement, l’étudiant ne bénéficie pas de ces aides sociales directement, mais elles sont réparties sur quatre volets qui sont la bourse, la restauration, l’hébergement et le transport», a déclaré M. Metnani à El Watan, en marge de la rencontre sur les politiques sociales, organisée lundi, à la faculté des sciences politiques de l’université Constantine 3.

Pourtant, ajoute notre interlocuteur, une «autre politique sociale» pourrait être adoptée par l’Etat comme une alternative pour améliorer la qualité de vie universitaire, assurer la dignité de l’étudiant et, par conséquent, faire progresser le niveau de la formation.

«Nous proposons de donner un salaire national minimum garanti (SNMG), estimé à 20 000 DA, directement à l’étudiant. Ce dernier apprendra durant son cursus à devenir plus responsable et prendre confiance en lui, en gérant cet argent pour louer sa chambre à l’université, payer son repas et gérer ses dépenses pour le transport. Et cela va lui garantir une vie universitaire digne», a-t-il expliqué.

Et de souligner que ce SNMG restera variable selon les résultats de la formation de l’étudiant. Il précisa à ce propos : «Si, par exemple, l’étudiant refait son année universitaire, le SNMG sera réduit. Donc, cette mesure sera comme un stimulus pour améliorer la qualité même de la formation.»

Des économies pour l’État

Mieux encore, cette nouvelle politique sociale proposée par notre interlocuteur ne coûtera pas beaucoup, vu la qualité du service assuré actuellement. «Si on attribue ce mini salaire aux 930 000 étudiants concernés par la bourse, cela ne va coûter à l’Etat que 18,6 milliards de dinars par mois», a-t-il indiqué.

A ce propos, il a rappelé qu’un plat coûte toujours moins de 2 DA à l’étudiant, alors que l’enquête menée a révélé qu’il vaut 430 DA. Ce qui n’est pas normal. Notre interlocuteur a donné l’exemple du coût de la restauration universitaire en France, estimé actuellement à 3,5 euros pour un seul plat.

Pourtant, dans les années 1990, il n’était que d’un euro. La révision des budgets octroyés à ce créneau devient une nécessité inévitable, selon le responsable de la cellule de qualité de Constantine 3.

Ce dernier ajoute que le budget attribué au transport universitaire est de 23 milliards de dinars. «Le problème n’est pas dans les aides, mais dans les politiques sociales et la distribution à ceux qui le méritent.

Cette distribution est mal orientée. Surtout que la majorité des étudiants garçons travaillent en parallèle de leurs études pour subvenir à leurs besoins durant leur cursus. Qu’on le veille ou non, l’étudiant est ce responsable de demain, qui finira par reproduire ce qu’il a vécu et appris», a conclu Noureddine Metnani. 

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