Ambassadeur de l’environnement, tout ce qu’il faut savoir

06/01/2022 mis à jour: 19:59
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Photo : D. R.

La 3e édition de la formation des ambassadeurs de l’environnement au profit de 20 jeunes acteurs associatifs à la responsabilité citoyenne en matière de l’environnement s’est clôturée le 31 décembre 2021.

Sous le slogan «La jeunesse au cœur des défis environnementaux», la formation, organisée dans le cadre du plan national de la jeunesse, et sous le patronage du ministère de la Jeunesse et des Sports et en collaboration avec l’association Oxy-Jeunes Darguina, l’université de Constantine 3, la direction de la jeunesse et des sports et l’Office des établissements de jeunes de Béjaïa, a été lancée dans l’optique de renforcer les capacités des jeunes acteurs de la société civile en matière de l’environnement et créer une connexion entre eux pour travailler en étroite collaboration dans de futurs projets.

«C’est aussi une façon de promouvoir la diversité culturelle de notre pays et de faire découvrir les spécificités de chacun et chacune sur plusieurs aspects, que ce soit sur le plan géographique, culturel ou historique», assure Khaled Foudil, président de l’association Oxy-jeunes Darguina. Précisant qu’il s’agit concrètement de promouvoir une élite environnementale nationale qui conduira le débat de l’écologie algérienne. «Je tiens à souligner qu’il existe plusieurs initiatives de ce type en Europe, notamment en France, mais en ce qui concerne l’Algérie, l’association Oxy-jeunes Darguina détient l’exclusivité du projet ‘’Ambassadeurs de l’environnement’’», conclut M. Foudil.

Différence entre un ambassadeur de l’environnement et un militant pour l’environnement

Selon Khaled Foudil, président de l’association Oxy-jeunes Darguina, un militant pour l’environnement peut agir seul, sur le terrain ou sur les réseaux sociaux, avec la manière dont il juge utile, rentable et efficace. «Un ambassadeur de l’environnement, quant à lui, travaille en réseau avec d’autres ambassadeurs selon une charte, ou engagement moral signée à la fin de la formation, avec un plan d’action et dans une démarche participative et collaborative qui prennent en charge les défis environnementaux à l’échelle nationale, à travers des campagnes de sensibilisation, des actions de proximité, des alertes et des expertise écologiques», explique-t-il.

Précisant au passage qu’un ambassadeur de l’environnement est un militant engagé qui porte les valeurs de la défense de l’environnement là où il va. «Il est non seulement un citoyen conscient engagé qui milite pour la protection et la préservation de l’environnement à l’échelle locale, nationale et internationale, mais également une personne très impliquée dans la prévention ainsi que la sensibilisation à propos de la question environnementale», poursuit-il.

Pour lui, son attitude doit être exemplaire et son principal devoir est de s’informer et de partager son savoir ainsi que ses expériences au sein de la société. Khaled Foudil qualifie également l’ambassadeur de l’environnement de défenseur mais aussi le messager de la nature : «Toujours à l’avant-garde de la lutte environnementale, il est aussi un médiateur privilégié entre tous les acteurs de parties prenantes de la société civile dans le domaine de l’écologie et l’environnement.»

Le rôle d’un ambassadeur de l’environnement

Selon Khaled Foudil, le rôle concret de l’ambassadeur de l’environnement sur le terrain est de mener des actions coordonnées en faveur de l’environnement et du développement durable et de la conservation du patrimoine et de la biodiversité à l’échelle locale et régionale. «D’ailleurs, c’est l’essence même de notre association dont le slogan est “Penser globalement, agir localement”, l’une des expressions les plus illustres du développement durable», affirme-t-il. De ce fait, Khaled Foudil estime que la démarche de l’ambassadeur de l’environnement est globale et son action est locale. Une synergie d’actions locales qui fait donc en sorte que chacun porte sa pierre à l’édifice pour construire quelque chose d’envergure globale.

Et dans le but de comprendre les défis environnementaux locaux, Khaled Foudil assure que des débats, échanges et renforcement de capacités d’action doivent avoir lieu. «Et c’est justement là que le rôle du réseau prend tout son sens, et ce, à travers l’organisation de rencontres et séminaires thématiques périodiques sur les phénomènes d’actualités», précise-t-il.

Comment le réseau contribue à la protection de l’environnement ?

«Le Réseau national des ambassadeurs de l’environnement n’est pas seulement l’atout de la troisième édition de la formation, mais un débouché des trois éditions précédentes depuis 2018», affirme tout d’abord Khaled Foudil.

En effet, il s’agit même de l’objectif initial du projet. L’accumulation d’expériences et de réflexions ont conduit, selon lui, à se dire que la cause environnementale à l’échelle nationale doit être prise en coordination et concertation plus large entre les différents acteurs de la société civile des quatre coins du pays.

«Étant donné que la protection de l’environnement n’a jamais été une affaire individuelle ni personnelle, et partant du principe que l’union fait la force, ce réseau sera une force de proposition majeure, un espace de réflexion et de partage, un laboratoire d’idées et un moteur d’initiatives portant la défense de l’environnement et la promotion des objectifs du développement durable», explique-t-il

 Finalement, un ambassadeur de l’environnement n’est pas uniquement formé par les ambassadeurs de l’environnement mais par tous les encadreurs, chercheurs d’universités, experts d’environnement et les institutions de l’Etat, à savoir les ministères de l’Environnement, de la Jeunesse, des universités et autres partenaires.

Quels ont été les résultats des deux éditions précédentes ?

«Vu que nous sommes dans une optique de progression, chaque édition se soumet à la critique et se veut complémentaire à l’édition qui la succède», assure Khaled Foudil. Selon lui, cette troisième édition était beaucoup plus efficace et élaborée en fond et en forme par rapport aux éditions précédentes. En effet, étalée sur 5 jours, celle-ci s’est non seulement distinguée par une richesse et une diversification, en ce qui concerne le programme, à savoir : Conférences-débats, ateliers de formation, sorties pédagogiques et animations culturelles mais aussi par la qualité des formateurs et des candidats qui ont participé à cette troisième édition.

Il est à noter que la première édition fut le coup de départ qui a donné naissance au noyau initial et à la charte des ambassadeurs de l’environnement et qui a ouvert des perspectives à la cause environnementale à l’échelle nationale. La deuxième édition a contribué, quant à elle, à l’enrichissement de la charte et a connu une diversification du programme de formation. «Avoir des ambassadeurs de la première édition comme ‘’speakers’’ dans la dernière édition est l’un des acquis des cessions précédentes», confie Khaled Foudil.

Faisant savoir que beaucoup de participants ont évolué dans leur parcours, perfectionné leurs actions, assumé leurs missions et concrétisé un changement remarquable dans leurs localités. «Certains ont décroché des prix nationaux pour des projets en faveur de l’environnement et la majorité des participants ont partagé des actions communes, notamment lors de la pandémie de la Covid 19 et lors des feux de forêt qui ont ravagé notre pays en été», poursuit-il.

La région de Taghit s’est transformée en réelle décharge à ciel ouvert au lendemain du réveillon. Est-ce un champ d’intervention pour les ambassadeurs ?

«Effectivement, nous avons déjà pensé à mener une action dans ce sens à travers une vidéo de sensibilisation que nous allons vulgariser dans les jours qui viennent», affirme Khaled Foudil. Ce dernier se désole toutefois que, pour l’instant, la démarche reste virtuelle par manque de moyens de se réunir sur le terrain et de mener des actions concrètes, «mais nous projetons ça dans le futur proche». Promettant que des actions communes seront organisées et un plan d’action sera tracé pour collaborer des actions locales dans différentes zones des quatre coins du pays.

Mise en place d’un système d’alerte

Si cette démarche est dictée par la loi 04/20 liés aux catastrophes naturelles et la gestion des risques majeurs, Khaled Foudil explique qu’en revanche, et jusqu’à présent, les systèmes de veille et d’alerte nationaux ne fonctionnent pas au même niveau des catastrophes écologiques qui se manifestent périodiquement dans notre pays. «C’est pour cela que nous travaillons dans la démarche du réseau Ambassadeurs de l’environnement pour combler ces lacunes d’une part et plaider pour sa mise en œuvre et en pratique», confie-t-il.

De ce fait, les membres du réseau à travers le pays vont non seulement contribuer à dénoncer au moment opportun toute faille ou crise écologiques qui menace la santé publique à l’échelle nationale mais aussi à coordonner les efforts de l’Etat, des experts et de la société civile pour y remédier. «Il est bien de rappeler que l’Algérie fait partie de la Méditerranée et celle-ci est classée comme zone tampon des impacts des changements climatique, d’où la nécessité d’agir en réseau et en communauté et de manière prospective», conclut-il.

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