Le chancelier allemand Olaf Scholz a de nouveau appelé hier «tous les pays, qu’ils se trouvent à l’est ou à l’ouest», au respect des frontières internationales, soulignant qu’«aucun pays n’est l’arrière-cour d’un autre », rapporte l’AFP.
«Le principe de l’inviolabilité des frontières s’applique à tous les pays, qu’ils se trouvent à l’est ou à l’ouest (...) qu’il s’agisse d’un petit pays ou d’un pays très grand et très puissant», a déclaré le chancelier devant son parti social-démocrate (SPD) à Berlin, quelques jours avant l’investiture de Donald Trump. Il a également dénoncé «la guerre d’agression impitoyable de la Russie» contre l’Ukraine. «L’inviolabilité des frontières est un principe central du droit international. Aucun pays n’est l’arrière-cour d’un autre. Aucun petit pays ne doit avoir à craindre ses grands voisins. C’est au cœur de ce que nous appelons les valeurs occidentales», a dit le dirigeant allemand qui s’exprimait lors d’un congrès du SPD à Berlin, organisé en vue des élections législatives du 23 février en Allemagne, sans pour autant citer le nom du futur président américain. Les déclarations du chancelier allemand interviennent après la rencontre mardi de ce dernier avec la presse à sa résidence Mar-a-Lago en Floride au cours de laquelle il a répété ses ambitions d’annexer le canal de Panama, le Canada et le Groenland, par la force si besoin. Comme on lui demandait s’il pouvait garantir qu’il n’aurait pas recours aux forces armées pour annexer le canal de Panama, artère vitale du transport maritime mondial, et le Groenland, territoire autonome du Danemark, Donald Trump a répondu : «Je ne peux pas vous l’assurer, sur aucun des deux.» Le Président élu a déjà affirmé à plusieurs reprises vouloir reprendre le canal de Panama, construit par les Etats-Unis et inauguré en 1914, si le prix des péages pour les navires américains n’est pas réduit. Il a encore fustigé mardi l’accord passé en 1977 par le président d’alors Jimmy Carter, qui a abouti à un transfert du contrôle du canal au Panama en 1999. «Ils ne nous traitent pas de manière juste. Ils font payer nos navires davantage que les navires d’autres pays», a déclaré Donald Trump. «Ils se moquent de nous parce qu’ils pensent que nous sommes stupides. Mais nous ne sommes plus stupides à présent», a-t-il indiqué. Mais la souveraineté du Panama sur ce canal «n’est pas négociable», lui a répondu Javier Martinez-Acha, le ministre des Affaires étrangères de ce pays d’Amérique centrale.
« Nécessité absolue»
Le canal en question constitue un passage vital pour le commerce américain mais aussi chinois. Contrôler cette zone permettrait à Donald Trump d’obtenir un moyen de pression économique supplémentaire sur le rival chinois. Juste avant Noël, le Président élu a également jugé que le contrôle du Groenland est «une nécessité absolue» pour «la sécurité nationale et la liberté à travers le monde». Autonome depuis 1979, le Groenland revêt une importance géostratégique pour Washington, car il abrite la base spatiale américaine de Pituffik. C’est aussi une région riche en ressources naturelles (gaz, pétrole, or, diamant, uranium, zinc, plomb). Mardi, il a exhorté le Danemark à «renoncer» à ce territoire autonome. L’idée d’acheter le Groenland a déjà été avancée en 2019 par le successeur de Biden, lors de son premier mandat évoquant une potentielle «grosse transaction immobilière» qui serait «stratégiquement intéressante». L’affaire a provoqué une crise diplomatique avec le Danemark, membre de l’Otan. Donald Trump a en outre menacé de faire usage de la «force économique» contre le Canada, cet allié «subventionné» par les Etats-Unis pour sa protection, selon lui. Peu après l’annonce de la démission lundi du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, Donald Trump a estimé que le Canada devrait «fusionner» avec les Etats-Unis, une remarque qui agace chez le voisin du Nord. La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, lui a répondu que le Canada ne reculerait «jamais face aux menaces», tandis que Justin Trudeau a ajouté : «Jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des Etats-Unis.»
Ce qui n’a pas empêché Donald Trump de poster quelques heures plus tard sur son réseau Truth Social une carte des Etats-Unis qui inclut le Canada. Mercredi, le chancelier allemand a déclaré à la presse que «le principe de l’inviolabilité des frontières s’applique à tout pays, peu importe qu’il soit petit ou un Etat très puissant, c’est un principe fondamental du droit international». Il a ajouté que «c’est la raison pour laquelle une certaine incompréhension s’est clairement manifestée» pendant ses discussions avec d’autres responsables européens «au sujet des dernières déclarations en provenance des Etats-Unis». Et de soutenir : le chancelier allemand, le président russe, Vladimir Poutine, «a violé ce principe» par son intervention en Ukraine, ce qui a ramené «la guerre au cœur de l’Europe».