Le nouveau wali de Mascara, Aïssi Fouad, a mis l’accent, le 14 novembre, sur l’importance d’une préparation sérieuse pour la commémoration du 192ᵉ anniversaire de la première allégeance (Moubayaâ) à l’Émir Abdelkader, survenue le 27 novembre 1832.
Il a instruit le directeur de la culture à «élaborer un programme culturel varié, reflétant l’importance de cet événement, tout en assurant une couverture médiatique adéquate», indique un communiqué de la cellule de communication de la wilaya diffusé sur les réseaux sociaux. Cette journée est l’occasion de rendre hommage à l’Emir Abdelkader, une figure emblématique de l’histoire du pays. Toutefois, les festivités actuelles, souvent limitées à des expositions et des rencontres-débats qui se déroulent dans des salles presque désertes, peinent à capter l’attention du grand public. Il est essentiel donc de repenser cette approche afin de mieux refléter l’impact historique de l’Emir Abdelkader, dont le rôle a été déterminant dans la résistance à la colonisation.
L’hommage à l’Emir ne doit pas se résumer à une simple commémoration, mais devrait mettre en valeur son héritage en tant que bâtisseur de l’État et pilier de la résistance. Cela implique des actions concrètes pour ancrer cette mémoire dans les générations futures. Afin de réussir cette célébration, l’implication des établissements scolaires et de l’université est importante. Les élèves doivent être acteurs de cet événement, en participant à des activités pédagogiques qui éclairent la vie et l’œuvre de l’Émir.
L’université, en tant que centre de savoir et de réflexion, devrait organiser des recherches et des conférences pour approfondir son héritage. Une telle implication permettra aux jeunes générations de comprendre et de s’approprier une partie essentielle de leur histoire nationale.
Les sites historiques liés à l’Émir Abdelkader doivent également être au centre des festivités. L’arbre de Derdara à Ghriss, où les tribus de l’ouest ont prêté allégeance, ainsi que le tribunal et le commandement militaire de l’Émir à Mascara, doivent être mis en valeur. Ces bâtiments, érigés à l’époque ottomane, sont des témoins de l’organisation de l’État par l’Émir. La Zmala de Sidi Kada, fondée après l’occupation de Mascara par les colonisateurs en 1841, a abrité jusqu’à 30 000 personnes et a été déplacée plusieurs fois entre l’ouest du pays et l’est du Maroc.
Le cimetière de Sidi Kada, qui abrite les mausolées de plusieurs ancêtres de l’Émir, notamment Cheikh Sidi Kada, sixième ancêtre de l’Émir, Cheikh Sidi Ahmed El Mokhtar, septième ancêtre, Cheikh Sidi Mohiedine, père de l’Émir, et l’Émir Mohamed, son frère, nécessite une prise en charge urgente, car ces édifices, construits en 1913 par l’Émir Khaled, petit-fils de l’Émir Abdelkader, se trouvent dans un état regrettable.
La Zaouia de Sidi Mohiédine à Guitena, où l’Émir Abdelkader a étudié le Coran et les sciences religieuses, mérite aussi d’être valorisée. Il est important d’ouvrir ces sites aux visiteurs, en privilégiant des sorties pédagogiques pour les élèves. Une telle démarche renforcera le lien entre l’histoire et les générations futures. Afin de rendre cet événement accessible à un large public, il est essentiel de décentraliser les festivités.
Chaque commune de la wilaya devrait organiser des activités spécifiques, telles que des conférences, des ateliers ou des spectacles sur la vie de l’Emir, pour permettre à davantage de citoyens de participer. L’événement ne devrait pas se limiter à une seule journée. Une célébration étalée sur une semaine ou plus offrirait le temps nécessaire pour développer des activités variées et pour sensibiliser un public plus large.
De plus, il est essentiel d’encourager la presse locale à s’impliquer activement dans cet événement, car elle joue un rôle clé dans la préservation de l’héritage de l’Émir Abdelkader. En produisant des documentaires, des émissions spéciales et des reportages explorant son parcours, la presse peut raviver et transmettre sa mémoire de manière vivante et marquante dans l’esprit collectif.
L’anniversaire de la première allégeance à l’Émir Abdelkader n’est pas seulement une date historique. C’est l’occasion de transmettre ses valeurs aux générations futures et de faire de cet événement un moteur d’éducation, de mémoire et de fierté nationale. C’est un devoir envers l’histoire, mais surtout envers les générations futures.