Ali Hached : «Le schiste est vital pour la sécurité énergétique du pays»

23/02/2022 mis à jour: 02:12
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Photo : D. R.

Le contexte géopolitique actuel tend à remodeler les cartes du marché mondial du gaz, et l’Algérie gagnerait à développer ses capacités de production pour avoir une part majeure dans cette nouvelle donne économique. 

Selon Ali Hached, ancien vice-président de Sonatrach, le non-conventionnel est un choix vital aujourd’hui pour l’Algérie. Invité hier de la radio Chaîne 3, Ali Hached plaide pour le démarrage rapide de l’exploitation du gaz de schiste, dont l’Algérie jouit de réserves importantes. 

«Il y a aujourd’hui une lutte féroce pour s’accaparer les quelques 40 milliards de mètres cubes supplémentaires que le Qatar va mettre sur le marché… Le Qatar, qui est en passe de devenir le premier exportateur de GNL en augmentant ses capacités de production, est aujourd’hui l’acteur majeur qui va approvisionner le marché européen face à la rupture occasionnée par le conflit russo-ukrainien», explique Hached en notant que l’Algérie ne peut pas suppléer au manque d’approvisionnement de son marché traditionnel, qui est l’Europe, car elle n’a pas assurer les quantités de production nécessaires. 

«A court terme, l’Algérie n’a pas les quantités suffisantes à mettre sur le marché, mais à long terme, elle aura un rôle à jouer si on prend réellement à bras le corps le développement de nos réserves. 

Ces dernières sont considérables et pourraient rapidement, si les investisseurs venaient investir dans nos gisements, être une source d’approvisionnement extraordinaire… On pourrait mettre une dizaine de milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires sur le marché et ensuite s’inscrire dans une trajectoire de développement de nos réserves qui nous permettra de redevenir un producteur de gaz majeur.» 

Pour Ali Hached, il n’y a pas de mystère, il suffit de se pencher sur le potentiel non conventionnel qui est énorme et pourrait nous permettre de concurrencer les plus grands producteurs mondiaux. 

«C’est quasiment un appel au secours pour le pays que je lance : démarrons le programme de développement de nos réserves non conventionnelles, c’est vital pour notre pays», insiste l’ancien cadre supérieur de Sonatrach. 

«A moins de découvrir un gisement fabuleux de gaz conventionnel mais le domaine minier est ce qu’il est, il ne peut donner plus qu’il ne peut. Dans 8 ans, nous risquons la rupture tant que nous continuerons à ne rien faire. Si on avait démarré le projet d’In Salah, nous aurions gagné aujourd’hui une dizaine de une dizaine de milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires. A 25 dollars le million de BTU, on aurait eu 10 milliards de dollars par an, de quoi amortir tous les investissements et développer davantage. On pourrait devenir le Qatar vous en rendez-vous compte ?» souligne Ali Hached. 

«Le gaz de Hassi R’mel est en train de décliner, c’est un réservoir que l’on pourrait remplir avec le gaz de schiste qui viendra du Grand Sud. Hassi R’mel pourrait devenir une véritable banque du gaz pour approvisionner l’Europe», plaide l’invité de la radio en affirmant que le gaz a encore de l’avenir. 

«Il faut miser sur cette ressource qui vient d’être classée nécessaire à la transition par l’Union européenne. «La consommation mondiale va passer à 5000 milliards de mètres cubes, notamment avec le boom asiatique et la forte demande en Amérique latine. L’Algérie a les moyens de devenir une puissance énergétique… Le non-conventionnel est là et la nouvelle loi est attractive, il faut absolument s’engager sur la voie du schiste», indique le même expert en assurant que les techniques de fracturation hydraulique sont déjà utilisées par les ingénieurs de Sonatrach, il suffira de le faire à plus grande échelle avec le soutien des partenaires étrangers, notamment les compagnies américaines qui ont fait leurs preuves avec cette technique qui a permis aux Etats-Unis de produire pas moins de 700 milliards de mètres cubes de gaz vendu partout dans le monde.

Ali Hached fait remarquer que le rythme engagé pour le développement des énergies renouvelables est très faible et ne suffit pas à combler tous les besoins nationaux. 

«Le projet de 2000 MW en cours d’exécution ne va pas permettre d’économiser beaucoup de gaz, à peine 300 ou 400 millions de mètres cubes, ce qui veut dire pas grand-chose. De même que l’achèvement en 2030 du projet des 15 000 MW couvrira à peine deux années de consommation, c’est tout. Il faut absolument développer une source de base pour l’électricité, et aujourd’hui c’est inévitablement le gaz.» 

L’ancien vice-président de Sonatrach indique que le schiste pourrait garantir une production pouvant atteindre 100 milliards de mètres cubes.

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