Le président Abdelmadjid Tebboune a accompli aujourd’hui son deuxième jour de visite d’Etat en Turquie. La visite, qui s’achèvera demain, se déroule à l’invitation de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Elle est considérée du côté officiel algérien comme «une opportunité pour consolider les relations entre les deux pays frères et pour hisser le partenariat à la hauteur des attentes de leurs deux peuples».
Il est trop tôt pour tirer des conclusions de cette visite, mais l’on sait déjà que les deux pays veulent donner un coup d’accélérateur à leurs relations, déjà marquées par une dynamique soutenue. D’ailleurs, un mois seulement après l’élection de M. Tebboune, le chef d’Etat turc avait effectué une visite de travail et d’amitié en Algérie.
Et depuis, beaucoup a été fait, côté turc surtout, pour concrétiser les ambitions et donner corps au «caractère stratégique» de ces relations, comme qualifiées par Ankara. Il s’agit essentiellement de renforcer le partenariat économique, mais aussi de poursuivre la concertation politique sur les questions régionales et internationales, à leur tête la crise en Libye, où les deux pays n’ont pas toujours la même position, sachant que la Turquie, membre de l’OTAN, est très investie chez nos voisins.
En économie, la visite de Abdelmadjid Tebboune devra permettre de «s’ouvrir sur d’autres perspectives qui seront à la hauteur des attentes des deux peuples, algérien et turc», comme souligné par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, reçu par Erdogan en décembre 2021, lors des travaux du 3e sommet Turquie-Afrique tenu à Istanbul.
On s’attend aussi à ce qu’elle débouche sur de nouvelles orientations pour un partenariat prometteur et déjà largement satisfaisant. Les chiffres montrent parfaitement la croissance du volume d’échanges commerciaux et des projets d’investissements mutuels. L’Algérie est classée aujourd’hui comme le deuxième partenaire commercial de la Turquie en Afrique après l’Égypte et demeure la première destinée en matière d’IDE turcs sur le continent.
Le volume des échanges entre l’Algérie et la Turquie est en constante évolution, avec plus de 4 milliards de dollars en 2021. L’Algérie, qui ne comptait en 2000 que sept entreprises turques, en accueille aujourd’hui plus de 1400, déployées dans divers secteurs, dont la construction, le bâtiment, les travaux publics, l’industrie, l’agriculture, la distribution et les technologies de communication, ainsi que le transport maritime et aérien.
Ce qui place l’Algérie au 7e rang des pays dans lesquels la Turquie investit le plus dans le monde et la première en Afrique avec 5 milliards de dollars d’IDE générant quelque 30 000 postes d’emploi, selon des données officielles turques. Du côté algérien, les exportations vers la Turquie ont atteint 2,5 milliards de dollars, mais demeurent dominées par des produits énergétiques (pétrole, gaz et GNL). En espérant et en attendant de diversifier ces exportations, l’Algérie et à travers son géant Sonatrach, a des projets dans le pays du Bosphore en partenariat avec la société locale Renaissance.
Rares sont les pays avec lesquels l’Algérie a pu développer un tel niveau de coopération et d’en tirer satisfaction. Nous sommes aux antipodes, pourrait-on dire, de l’accord d’échanges bilatéraux avec l’UE. Avec la Turquie, et depuis le Traité d’amitié et de coopération de 2006, la dynamique diplomatique matérialisée par d’intenses visites bilatérales et la signature de nombreuses conventions, est traduite du moins par une lune de miel économique.
Une lune de miel censée répondre aux besoins du marché local, des deux côtés, mais aussi aux attentes des marchés du continent africain, en mettant à profit l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). C’est du moins, ce qui est souligné par les autorités algériennes.