Alerte au Varroa Destructor en Algérie : Les professionnels de l’apiculture en conclave à Guelma

09/12/2023 mis à jour: 03:30
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Les problèmes du secteur ont été débattus

Les professionnels de la filière apicole venus de plusieurs wilayas se sont réunis, jeudi dernier, à la chambre de l’agriculture de la wilaya de Guelma. 

Ce conclave a été provoqué par les membres de l’Association nationale des apiculteurs professionnels (ANAP), dont le siège se trouve à Mohamadia (Alger) en étroite collaboration avec les services vétérinaires de la direction des services agricoles de la wilaya de Guelma. 

Le but est de mettre en exergue l’importance de la mise en réseau d’une cellule de surveillance du varroa destructor qui n’est autre qu’un ectoparasite létal pour l’abeille, lequel, en se multipliant, provoque la perte quasi-totale des colonies infestées. 

La situation qui prévaut en Algérie est plus qu’alarmante vu que cette maladie est méconnue des apiculteurs en général par manque d’information et surtout de formation. «Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes ici dans le but d’informer et de former les apiculteurs de la région sur cet ectoparasite qui appartient à la famille des acariens», a déclaré Mohamed Hamzaoui, expert en apiculture et membre de l’ANAP. 

Et de poursuivre : «Nous devons unir nos efforts avec les services vétérinaires afin réduire l’impact de cette maladie qui, faudrait-il le souligner, est méconnue ou très mal combattue par les apiculteurs. Nous apportons également une technique simple d’utilisation pour mettre en évidence et à l’œil nu ce parasite.» 

Doit-on tirer la sonnette d’alarme dans ce cas ? «Ce qui est recherché, c’est que le taux d’infestation qui ne doit pas dépasser 3% par ruche. C’est l’objet de l’Anap de sensibiliser les vétérinaires à participer à la mise en place du réseau varroa qui permet de surveiller le taux d’infestation afin justement de tirer la sonnette d’alarme pour éviter les pertes de colonies et de production des produits de la ruche». Les explications fournies par Difallah Hocine, apiculteur expert auprès de l’ANAP, ont été explicites. 

«Depuis le mois de juillet dernier, nous avons activé le réseau de surveillance du Varroa en Algérie, mais j’ai le regret de vous annoncer la très faible adhésion des apiculteurs à ce programme. Nous devions récolter en Algérie les informations relatives au taux d’infestation par apiculteur et par ruche, en sachant que c’est l’une des principales missions de notre association en encourageant le maximum d’apiculteurs sans pour autant les inciter à adhérer à l’ANAP», a-t-il révélé. 

Et de poursuivre : «Une simple manipulation devrait déterminer si les ruches sont infestées. Il suffit de prendre un échantillon de 300 abeilles sur trois ruches choisies et numérotées, les saupoudrer de sucre blanc dans un bocal conçu pour cet usage, ensuite tamiser. Le Varroa tombera sans effort. 

Le taux d’infestation est déterminé selon le nombre de parasites dénombrés à l’œil nu.» Et de conclure : «Entre le mois de juillet et août derniers, sur 60 apiculteurs ayant adhéré à notre programme répartis sur 21 wilayas, soit 237 ruches au total, indiquent une présence importante de ce parasite avec des taux variables.»
 

Une maladie à déclaration obligatoire  

Nous l’aurons compris, l’absence totale de ce parasite indique que la ruche est saine. Une valeur de 3% est tolérable. Mais au-delà de cette recherche de parasite, il y a aussi l’utilisation des produits chimiques utilisés «anarchiquement» par la grande partie des apiculteurs. Dans ce contexte, les professionnels du secteur ont été unanimes à déclarer : «Vous vendez votre miel aux consommateurs en disant qu’il est pur. 

Ce sont des mensonges, car le miel, la cire, la gelée royale sont contaminés par les produits pharmaceutiques que vous utilisez.» Le côté législatif n’est pas en reste, puisqu’il réglemente ce genre de maladies, et ne manque pas de surprendre les apiculteurs présents à cette rencontre, car «la varroase est une maladie à déclaration obligatoire depuis 1995 au même titre que la loque, la nosémose et l’acariose des abeilles.» 

Mais force est de constater que lors de la présentation du secteur apicole de la wilaya de Guelma par les services vétérinaires, aucune indication n’a été apportée dans ce sens. Quoi qu’il en soit, la filière apicole en Algérie subit de plein fouet une multitude d’agressions et l’abeille en est la principale victime. Son importance dans la production fruitière en arboriculture n’est plus à démonter puisqu’elle représente 40% du rendement de par son rôle dans la pollinisation. 

En plus des maladies à déclaration obligatoire que l’apiculteur tait sans vergogne, «il y a la sécheresse, les incendies et l’utilisation des pesticides et insecticides par les agriculteurs, et vous voulez obtenir des taux de mortalité minimales et de bonne production de miel exportable pour sa qualité», s’indignent des professionnels. 

Notons que lors cette rencontre, un nombre non négligeable d’apiculteurs de la wilaya de Guelma ont adhéré officiellement à l’ANAP créée en 2015 et représentée dans 22 wilayas. «Nous comptons 230 apiculteurs professionnels. 

A l’horizon 2024, nous serons présents dans 34 wilayas», a déclaré Slimane Tali président de l’ANAP. «Nous recherchons la crème des apiculteurs pour les former puisque notre vocation première est avant tout la formation. Sachant que nous disposons d’un vivier de plus de 90 000 producteurs de miel, nous maintiendrons nos buts pour la survie de la filière», a-t-il conclu.              

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