Air Algérie : Risque de départs massifs de pilotes

19/04/2022 mis à jour: 01:42
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La compagnie nationale Air Algérie n’arrive décidément pas à sortir définitivement de la zone de turbulences.

Le renforcement du programme de vols à l’international, décidé par les autorités fin mars dernier, ne semble pas suffisant pour lui permettre de retrouver rapidement une meilleure santé financière et prendre de l’altitude.

Dans le même contexte, la concurrence des compagnies étrangères est frontale (Emirates, Turkish Airlines, Air France) qui axent sur la veille et la force de vente pour rester compétitives.

La suspension due à la crise sanitaire et qui a duré plus de 15 mois a laissé des traces et entraîné, selon Air Algérie, un manque à gagner de plus de 300 millions de dollars.

La compagnie aérienne risque aussi d’être confrontée à moyen terme à un autre problème sérieux : «Le départ massif des pilotes se profile dans le très court terme au profit des compagnies concurrentes à l’international», selon le syndicat des pilotes de ligne algériens (SPLA).

Les pilotes tirent la sonnette d’alarme avec des mots durs. «En effet, depuis le début de la pandémie de Covid-19, la situation qui prévaut s’est extrêmement dégradée en raison de l’arrêt total, ensuite partiel de son activité. Son aggravation s’est accentuée avec le laxisme et la mauvaise gestion caractérisée du staff dirigeant brillant par son manque de visibilité et de planification».

Amine Debaghine Mesraoua, nommé au poste de PDG par intérim de la compagnie aérienne nationale Air Algérie en janvier 2021, ne communique sur aucun sujet en rapport avec la compagnie. Il n’a eu aucune prise de parole avec les médias.

Les syndicalistes reprochent à la direction générale «la limitation et l’annulation à l’unilatéral de plusieurs acquis socioprofessionnels». Le préjudice sera désastreux pour l’avenir du pavillon national. Il faut savoir que le pilote algérien est très demandé par les compagnies aériennes du Golfe et des pays asiatiques.

Les pilotes travaillaient avant la crise sanitaire 168 heures en 28 jours, soit une moyenne de 52 heures par semaine et 1800 heures par an. Or, actuellement, ils volent beaucoup moins, ce qui a des impacts négatifs sur leurs carrière, expérience, licence de pilotage et les revenus.

Le départ des pilotes algériens qui n’est pas un phénomène nouveau pourrait s’accentuer, alors que l’activité aérienne redémarre très rapidement au niveau international.

En 2019, plusieurs experts s’inquiétaient déjà du manque de nouveaux pilotes, mais avec la crise de Covid, cette préoccupation est passée au second plan. La reprise du trafic n’avait pas été envisagée dans l’immédiat.

D’abord estimée pour 2025 selon les projections de l’Association internationale du transport aérien (IATA), elle est aujourd’hui envisagée pour le courant de cette année, que ce soit pour l’activité transport de passagers ou le fret.

Conséquence : les compagnies recherchent désespérément de nouveaux pilotes pour répondre à la fois aux demandes des passagers mais aussi pour faire voler les avions neufs commandés avant la crise sanitaire et dont la construction ne s’est pas véritablement arrêtée.

Il est clair que les pilotes d’Air Algérie attendent avec impatience que le transport aérien revienne au type d’activité que nous avons vu en 2019, et c,e le plus tôt possible.

La pandémie a eu de graves répercussions sur la profession, financièrement et mentalement. Les salaires des pilotes ne sont pas fixes comme les autres entreprises, et sont principalement basés sur le nombre d’heures de vol effectué.

Le SPLA met en garde contre «un front social grandissant et un climat socioprofessionnel insoutenable qui se profile les jours à venir». Il invite les autorités compétentes afin qu’elles puissent intervenir énergiquement pour mettre fin à cette situation chaotique dans le plus grand intérêt du pavillon national. 

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