Air Algérie : La situation financière «en chute libre»

08/03/2022 mis à jour: 07:51
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Photo : D. R.

Selon un exposé présenté à la commission des transports et des télécommunications de l’Assemblée populaire nationale (APN) par une cadre de la compagnie aérienne Air Algérie, la situation financière est «en chute libre», expliquant que la compagnie a subi une multitude de facteurs fragilisant sa santé financière, à l’instar des dettes courantes, des dépenses incompressibles cumulées au titre des années 2020 et 2021 (maintenance, redevances de stationnement, salaires, kérosène), des reliquats de compensation, des créances sur les organismes d’Etat et un déficit exceptionnel lié à la crise sanitaire.

«Air Algérie a connu un renversement de situation qui l’a fait passer d’un équilibre financier en 2019 à des résultats financiers déficitaires devenus critiques pour la relance de la compagnie nationale», a-t-elle regretté. D’après les données avancées par cette responsable, l’activité de la compagnie à l’international en 2021 ne représente que 9% de celle enregistrée en 2019, «en deçà du seuil de rentabilité», loin devant le taux de reprise des compagnies concurrentes, évalué à 45%.

Selon la même source, Air Algérie a transporté un total de 1 968 880 passagers en 2021, tous réseaux confondus, soit 30% du niveau de 2019. Un taux de 21% de ce trafic a été réalisé sur le réseau international, contre 79% sur le réseau intérieur.

Pour sortir de cette situation «très difficile», Air Algérie a tracé un plan de sortie de crise et de relance pour la période 2021-2025, axée sur la réduction de ses charges, la restructuration de la compagnie, la génération de nouveaux revenus et la révision de la convention collective.

S’agissant de la restructuration de l’entreprise, il a été procédé entre 2020-2021 au rappel de 50 expatriés et la fermeture de 9 agences à l’étranger sur 16 ciblées, en vue d’atteindre un objectif d’économie de 1,14 million d’euros/an. Pour la réduction des charges, la compagnie «va mettre en place une politique d’efficacité énergétique, fermer la restauration et revoir les contrats d’assurance».

Les axes essentiels du plan de développement 2021-2025 ont été retenus après une étude approfondie des points forts et des faiblesses de la compagnie aérienne dans un environnement en perpétuel mouvement, tenant compte des changements majeurs de l’activité du transport aérien au niveau local, régional et international.

Par ailleurs, dans un autre exposé portant sur la politique tarifaire d’Air Algérie, il a été souligné que la hausse des prix des billets d’avion durant la pandémie de Covid-19 était «générale», suivant la logique de l’offre et de la demande. Dans ce contexte, Amine Mesroua Debaghine, Président-directeur général (PDG) par intérim d’Air Algérie, a révélé que la cherté des billets ne concerne guère le pavillon national.

Il les lie aux pratiques commerciales des transporteurs aériens européens. «Les résultats de l’enquête ordonnée par le Premier ministre concernant la cherté des billets a montré que ce phénomène concerne les pratiques des compagnies aériennes françaises. Celles qui appliquent des prix qui dépassent largement ceux pratiqués par notre compagnie. Cette hausse des billets est due aux restrictions sanitaires et résulte de l’ouverture partielle de l’espace aérien», dira-t-il en substance.

Les prix des billets sont trop ​​élevés et inabordables pour les simples voyageurs et les familles de la communauté nationale à l’étranger. L’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud, a déclaré, en novembre dernier lors de la conférence des chefs des missions diplomatiques et consulaires algériennes : «Nous sommes conscients que la pandémie de Covid-19 a affecté négativement de nombreux secteurs économiques, dont Air Algérie, mais ses prix sont très élevés, ce qui empêche les membres de la communauté en France de pouvoir venir au pays.» Le prix du billet varie en général entre 700 et 800 euros.

Cette situation suscite l’indignation de nombreux internautes qui font circuler sur les réseaux sociaux des publications sur les prix des vols entre la France et l’Algérie, qu’ils qualifient d’excessivement chers par rapport à ce qui est pratiqué dans les pays voisins. «Les compagnies aériennes étrangères font ce qu’elles veulent», déclarent à l’unisson les représentants d’agences de voyages.

Pour sa part, ASL Airlines explique la cherté des prix de ses billets par «le nombre de vols qui est autorisé entre la France et l’Algérie». Il s’agit d’une question «d’offre et de demande», affirme la compagnie française, qui rappelle que «très peu de vols sont permis par les autorités et de nombreux passagers doivent voyager entre la France et l’Algérie». 

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