Aïn Témouchent : Vers une bonne production céréalière

30/04/2022 mis à jour: 04:10
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Rencontré pour un tour d’horizon sur la situation de l’année agricole, un céréaliculteur, connu pour être parmi les plus frondeurs de la profession, étale une inaccoutumée satisfaction en exhibant pour preuve ses bottes crottées par la gadoue : «Je peux vous assurer que la moisson sera exceptionnelle alors que deux mois auparavant, nous désespérions !» 

Mohamed descendait des Monts du Tessala qui constituent, sur 100km, une frontière naturelle entre la wilaya de Témouchent et celle de Sidi Bel Abbès. 

Les fertiles terres volcaniques de cette région, tout en plateaux et mamelons, où les cultures sont tardives, sont les plus arrosées du Témouchentois : «Depuis les années 1960, je n’ai pas connu un aussi exceptionnel avril. Les pluies de mars ont été généreuses, réparties sur tout le mois alors qu’en avril, même si elles ont été chiches, il a régné, avec quelques éclaircies, une constante nébulosité avec crachin. 

Celui-ci, étalé durant tout le mois, a permis aux sols de conserver entière l’humidité nourricière qu’ils ont absorbée. Voyez mes bottes ! Les CCLS n’ont qu’à multiplier les lieux de stockage pour pouvoir engranger la récolte !» Ces assertions soutenues par d’autres agriculteurs sont confirmées par les techniciens. Ils observent que le début de l’année agricole, septembre/octobre, a été sec avec zéro mm de précipitation. 

En novembre, il a été enregistré 89,5mm puis en décembre 23,5mm, ce qui a permis aux semis de lever. Mais janvier et février ont été catastrophiques avec respectivement 30,5mm mais déversés en trombes les trois premiers jours du mois et 11mm durant les deux derniers jours du suivant. C’est durant ces deux mois que nombre de parcelles ont souffert du stress hydrique et sur lesquelles la récolte sera faible à très faible. En mars, les 107mm enregistrés ont sauvé la céréaliculture alors qu’avril, avec 24,5mm, a réalisé le miracle. Question superficies emblavées, ce sont 113 200ha qui l’ont été contre 116 000 l’année passée. 

La différence s’explique par un déficit en semences en orge, celle-ci a été accaparée par le marché parallèle au détriment des CCLS. 

Sur cette superficie, les blés dur et tendre couvrent 15 310ha, l’orge 38000ha et 2200ha pour l’avoine graine. Aujourd’hui que les épis commencent à jaunir et que c’est le moment propice de reconvertir les parcelles sinistrées en fourrages, aucune ne l’a été. C’est que les fellahs ont été informés qu’aucune parcelle ne devra l’être même si elle ne donnerait qu’un rendement de 5qx/ha. Il a été expliqué que la guerre en Ukraine étant, pas le moindre grain ne devra manquer à l’appel car il y va de la sécurité alimentaire du pays.

 Il a encore été rappelé que les terres appartiennent à l’État et que celui-ci en a accordé la concession aux fellahs ainsi qu’un soutien étatique pour les cultiver. En pareille crise mondiale, il leur été indiqué de rendre au pays une partie de ce qu’il leur a octroyé. Des comités communaux parcourent les plaines et les montagnes pour assurer le suivi de la campagne agricole. 

Les chefs de daïra sont en état d’alerte et les gendarmes patrouillent sans discontinuer. Dans l’affaire, la plantation du colza n’est plus d’actualité. Son suivi et la publicité autour pour la promotion de sa culture ont cessé. Les propos des spécialistes quant à son choix qui ne reposerait sur aucun argument documenté, ont fait écho. 

Cette espèce constituerait une option insensée pour un milieu semi-aride, sa culture étant impossible à rentabiliser en dessous de 450mm/an. Par ailleurs, elle épuiserait le sol par son enracinement puissant et sa gourmandise excessive en azote et en phosphates».       

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