Reçus à la veille de la rentrée universitaire au niveau du cabinet du wali, trois nouveaux étudiants aux besoins spécifiques ont été ses hôtes à une réception en reconnaissance de leurs mérites scolaires. Azzedine, 22 ans, est inscrit pour des études en psychologie. Il est atteint de cécité totale à l’instar de Bouchra Chahrazad, 18 ans, qui a choisi un cursus en droit.
Le cas de leur camarade Youcef, 18 ans, a le plus impressionné l’assistance invitée à la cérémonie solennelle. Auréolé d’un 15/20 au baccalauréat, admis à poursuivre des études en pharmacie, il est pourtant lourdement desservi du fait d’une atteinte neurologique qui a fait de lui un handicapé moteur à 100%, tant des membres supérieurs qu’inférieurs, ce qui se traduit chez lui par une difficulté pour se déplacer, conserver ou changer une position, prendre et manipuler.
Malgré sa difficulté à articuler les mots, il a arraché les seuls et chaleureux applaudissements ayant ponctué un des discours prononcés. Sa brève prise de parole et ses mots sans fioritures, au fur et à mesure qu’on les discernait, ont imposé le respect.
Il avait spontanément répondu à l’invitation du Wali adressée à l’assistance pour prendre la parole après les allocutions officielles. Youcef, du fait de l’appétit de vie dont il a fait montre, de son exubérance, a ému tout un chacun. D’évidence, il apparaît qu’il a été entouré d’une profusion d’affection par son entourage immédiat, mais aussi parce qu’il jouit du contact visuel qui lui permet d’évoluer en société. D’évidence également, c’est parce que ses parents l’ont scolarisé non pas dans un établissement spécialisé, mais plutôt à l’école publique comme s’il ne présentait aucun handicap. Il a ainsi été au contact de la société réelle, celle de ses pairs non handicapés, et donc non «ghettoïsé» dans une institution spécialisée.
Concernant Youcef, c’est sa tante paternelle qui l’a accompagné. Elle explique que ses parents ont tout pris sur eux pour lui éviter de souffrir de son état. Sa maman est professeur d’anglais alors que son père est sans emploi fixe. Etant plus disponible, c’est lui qui s’est le plus occupé de son fils pour ses déplacements à l’école, au collège puis au lycée. Il s’est dévoué avec son épouse pour les besoins les plus élémentaires de leur enfant, tels que manger, faire ses besoins ou se laver. C’est d’ailleurs son père qui sera présent à ses côtés à la cité universitaire.
On notera qu’à l’issue de la réception, les deux étudiants malvoyants sont repartis avec une tablette en braille, une montre parlante et une canne. Quant à Youcef, il est revenu chez lui, tout frétillant sur un fauteuil roulant électrique qui lui a été offert. Dans un point de presse, le chef de l’exécutif de wilaya est revenu sur la rentrée scolaire de la veille pour ce qui concerne le nombre des 390 places disponibles pour l’accueil des élèves aux besoins spécifiques alors que le nombre des inscrits a atteint 508.
Il a révélé qu’une opération de recensement des équipements immeubles pouvant être transformés en instituts est en cours, cela de façon à éradiquer le déficit en nombre de places. En outre, il a indiqué qu’un achat d’équipements psychopédagogiques est en cours au profit des établissements accueillant des enfants présentant un handicap.