Aïn Témouchent : Premier Salon de collections d’objets patrimoniaux

04/07/2022 mis à jour: 05:20
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Photo : D. R.

La maison de la Culture a abrité une exposition où l’histoire nationale est relatée de façon ludique et fort instructive, loin de toute rebutante emphase.

Le voyage proposé à travers le temps, les lieux et les paysages humains, n’est pas sans susciter l’émotion chez le visiteur saisi à brûle-pourpoint par les réminiscences d’un passé douloureux ou par la nostalgie. 22 exposants venus de 22 wilayas, un seulement pour chacune, ont été sélectionnés en fonction de la qualité et de la valeur de leurs collections. Par l’ancienneté de sa pratique, la philatélie est la plus représentée comparativement à la numismatique, les cartes postales et autres objets à caractère patrimonial.

Presque tous les exposants sont presque collectionneurs en également divers disciplines. Abdelhak Ouari, de Sétif, a 38 années de pratique. Outre les cartes postales, il possède une impressionnante quantité de timbres dits premier jour de vente, dits FDC, achetés à la poste. Il les propose à l’échange avec les philatélistes du monde entier.

A l’occasion du salon, il en vend même certains, entre 100 et 500 DA. Lila de Boumerdès, elle, ne s’occupe que de la collecte de cartes postales relatives aux festivités et du 5 juillet 1962 et à ses célébrations les années suivantes. D’autres les choisissent pour mettre en évidence la beauté de nos paysages et de nos cités. Allaoua Saïd, un sexagénaire, architecte urbaniste, de Constantine, nous voyant nous pencher sur des cartes postales de petit format au pigment tirant vers le noir, relève : «cela c’est l’Algérie noire au sens propre comme au sens figuré».

Ce sont des êtres chétifs, pieds nus et en guenilles représentant les «indigènes» d’alors, «exotisés» comme des curiosités locales par des légendes dépréciatives du genre «chez les Béni ramassés, négro, yaouled». D’autres photos montrent leurs habitations troglodytes, leurs gourbis, et leurs misérables khaïmas : «le temps de la Colonie, c’était cela. Rien à voir avec les cartes représentant de beaux quartiers comme le croient certains compatriotes qui s’extasient aujourd’hui dessus pour vanter un certain temps jadis».

Sur les timbres, lieux de mémoire iconographiques, Allaoua Saïd est intarissable : «le premier timbre français date de 1849. L’Algérie en tant que province française est affiliée à l’union postale universelle en 1907. Mais, il a fallu que la Suisse proteste sur la présence de l’Algérie au sein de l’UPU alors qu’aucun timbre la concernant n’existe pour que les français en éditent à partir de 1924.

C’étaient d’ailleurs des timbres de France surchargés par l’inscription Algérie». Ainsi, c’est à partir de 1926 qu’il y a eu des timbres avec mention Poste Algérie jusqu’à ce qu’on a appelé la question soit posée à l’ONU : «Le 17 juillet 1958, une décision gouvernementale avise toutes les postes d’Algérie de retirer les timbres portant la mention de ce nom.

On est revenu à la case départ de 1924, c’est-à-dire qu’il n’existe que la France. Ils ont imprimé des timbres avec des sites d’Algérie mais avec l’annotation république française. Ce sont cinq de ces timbres qui sont repris par l’Algérie indépendante entre juillet et septembre avec la mention Etat algérien puis avec celle de république algérienne à l’occasion du 1er Novembre 1962. Mais la vente de ces timbres n’a durée que la matinée du premier jour.

Réagissant à cela, des patriotes à la poste algérienne ont conçu un timbre qui soit authentiquement algérien et l’ont fait tirer l’après midi pour le mettre aussitôt en vente. Il est dénommé ‘Chouhada’ ou encore ‘9+1’ parce qu’à sa valeur faciale de 1Fr, il a été ajouté une surtaxe de 9Fr au profit des enfants de Chouhada, ce qui représentait l’équivalent de 4000 DA». Autre fait, ajoute notre interlocuteur, l’OAS, à partir d’Oran où elle était bien implantée, avec la complicité de militaires, a fait circuler entre 1961 et 1962 des timbres surchargés de l’inscription Algérie française et OAS et dont les revenus profitaient à cette organisation.

Enfin, représentant Témouchent Benouali Bouhadjar, retraité de l’Éducation Nationale, a confié sa collection à son fils pour occuper sa place au salon. Elle comporte en particulier plus d’une centaine de coupures d’El Watan du temps où il publiait tous les jeudis un article sur le timbre poste en Algérie, des articles d’un collaborateur qui les signait anonymement des initiales S.A.  

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