Aïn Oulmene (Sétif) : A qui la faute ?

03/02/2022 mis à jour: 08:54
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Sur le lieu du drame, l’agent de Sonelgaz constate l’horreur et l’étendue des dégâts / Photo : D. R.

Le drame qui a endeuillé les familles des huit victimes mortes calcinées, deux femmes et six enfants, continue de susciter la désolation et l’indignation des habitants de la ville, mais aussi des interrogations sur la présence d’une telle activité au milieu des habitations.

La forte explosion survenue, mardi vers 15h25, dans un dépôt de produits cosmétiques à Aïn Oulmène, chef-lieu de daïra situé à 32 km au sud de Sétif, a fait 8 morts et 14 blessés, dont trois graves, selon un bilan établi par la Protection civile.

Les causes de la déflagration, ayant soufflé le rez-de-chaussée d’une habitation individuelle de la cité des 586 Lots dans cette ville, ne seront connues qu’à l’issue de l’enquête diligentée par les services de sécurité. L’explosion, qui a secoué le quartier et toute la ville de Aïn Oulmène a, le moins que l’on puisse dire, décimé deux familles. Âgées respectivement de 35 et 38 ans, les épouses des propriétaires (deux frères) du hangar où étaient stockés des produits cosmétiques ont péri avec leurs six enfants (une fille et cinq garçons) âgés de 4 à 16 ans, calcinés par les flammes et d’une mort horrible.

Selon le capitaine Ahmed Lamamra, chargé de communication à la direction de la Protection civile de la wilaya de Sétif, l’incendie, suivi par une explosion de gaz, a fait quatorze blessés, dont trois graves et soufflé quatre autres habitations du quartier ayant vécu l’horreur des heures durant. L’ampleur des dégâts occasionnés par la terrible déflagration a accentué les difficultés pour les agents de la Protection civile ayant mobilisé d’importants moyens humains et matériels.

Les 60 combattants du feu n’ont pu éteindre les flammes et dégager le cadavre de la dernière victime, un enfant de 4 ans que vers 21h45. D’après notre interlocuteur, les fouilles et les premières opérations de déblayage n’ont été bouclées que vers minuit. Atteints de divers traumatismes et brûlures du 1er au 3e degrés, les 14 blessés, dont 6 femmes et 3 enfants, ont été évacués vers l’hôpital Mohamed Boudiaf de Aïn Oulméne.

Une population sous le choc

«L’explosion a, malheureusement, fait 8 victimes d’une mê me famille. Après une période d’observation, 13 blessés ayant bénéficié de soins et d’une prise en charge psychologique ont quitté l’hôpital de Aïn Oulmène le jour même.

Sous le choc, une femme enceinte est gardée en observation. Victimes de graves blessures et de brûlures de 2e et 3e degrés, les deux autres personnes se trouvent actuellement au CHU de Sétif. Si on doit transférer le brûlé à l’hôpital de Douera, on procédera à son évacuation. Le dernier mot revient aux équipes médicales», nous a révélé Abdelkrim Dahane, directeur de la santé et de la population (DSP) de Sétif, où l’on ne parle que de la catastrophe de Aïn Oulmène.

Accablée par le terrible drame, la ville, qui n’a pas encore pansé ses blessures, a enterré, hier, ses enfants happés par les flammes. Une foule nombreuse a accompagné les victimes à leur dernière demeure.

Les autorités locales, à leur tête le wali de Sétif, Kamel Abla, qui s’est déplacé sur les lieux, ont pris part à l’inhumation. Avant d’aller à la rencontre des habitants du quartier ne réalisant toujours pas, nous avons pris attache avec Azzedine Chenafa, le président de l’Association de la promotion de la qualité et de protection des consommateurs (APQPC) de Sétif, demandant non seulement une enquête approfondie, mais la délimitation des responsabilités.

Déterminer les responsabilités

«L’incendie qui a calciné des femmes et des enfants nous interpelle, en tant que citoyens et consommateurs, premières victimes des pratiques douteuses et non réglementaires. Peut-on autoriser le stockage de produits inflammables à l’intérieur d’une zone d’habitation ?» s’interroge notre interlocuteur. Et d’enchaîner : «Pour éviter d’autres drames, on doit impérativement interdire de telles activités en milieu urbain. La multiplication des contrôles et des mesures coercitives mettront à coup sûr un terme à de telles pratiques.

On peut parler et épiloguer sur la question du destin, avec un meilleur dispositif et une vigilance citoyenne, on aurait pu éviter la catastrophe qui a laminé 8 innocentes victimes et détruit des familles.» Sous le choc, de nombreux citoyens de Aïin Oulmène, où la contrefaçon «foisonne», sont du même avis. «Les mots nous trahissent, car la plaie est profonde.

La disparition tragique de voisins et membres d’une même famille nous bouleverse. Les autorités doivent faire toute la lumière sur cette terrible tragédie qui a coûté la vie à des femmes et à de petits enfants. On n’a plus le droit de transformer le tissu urbain en lieu de stockage de produits dangereux ou en ateliers. Il faut qu’on en finisse avec les autorisations de complaisance.

La région de Aïn Oulmène n’est pas uniquement le fief du tabac contrefait, elle est le carrefour de l’informel sous toutes ses formes», fulminent nos interlocuteurs étreints par l’émotion. Tout le monde s’accordent à dire que le stockage de produits inflammables à l’intérieur des zones d’habitation doit être formelement interdit.

 

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