Aïn Diss (Oum El Bouaghi) : Il y a 67 ans, la bataille de Chebka

29/03/2025 mis à jour: 23:53
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Photo : D. R.

De nombreux moudjahidine de la wilaya d’Oum El Bouaghi se rappellent encore de la fameuse bataille de Chebka, appelée aussi bataille de Hoggas, par rapport au commandant de la zone 4, Mohamed Fantazi, dit Hoggas, qui y tomba au champ d’honneur aux côtés de 14 martyrs, après un affrontement acharné avec les troupes de l’armée coloniale française.

Evoquant ses souvenirs des années de lutte armée contre l’occupation française, Brahim Titel, né le 24 mars 1936, dans la localité de Ksar Sbihi, et qui avait intégré les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) en 1957, affirme que le 27 mars 1958, jour de la bataille de Hoggas, survenue au lieudit Chebka, non loin de l’actuelle commune d’Aïn Diss, au nord-est d’Oum El Bouaghi, est une date restée gravée dans sa mémoire.

«Ce jour-là, les montagnes environnantes, les forêts et les plaines alentours avaient été secouées par le fracas des bombes et de l’artillerie, par le sifflement des balles et par le bruit des avions de combat ; 14 de mes compagnons sont tombés en martyrs, tandis que moi, j’ai échappé à la mort après m’être cassé la jambe», se souvient-il.

Selon le témoignage de ce moudjahid, en février 1958, «une personne qui avait menti, en prétendant avoir déserté l’armée française, avait rejoint les rangs de l’ALN pour partager durant 35 jours le quotidien des membres du groupe du chahid Mohamed Fantazi, dit Hoggas», témoigne ce moudjahid.

Brahim Titel poursuit : «Ce prétendu déserteur, qui était ainsi au courant des moindres faits et gestes de notre groupe, avait pris la fuite, en pleine nuit, après plus d’un mois à nos côtés pour nous vendre à l’armée française. Cette traitrise nous poussa à redoubler de vigilance et de monter une garde continue sur la crête d’une montagne voisine afin de donner l’alerte en cas de mouvement des forces coloniales».

Et ce qui devait arriver arriva. Avant de relater avec force détails les péripéties du combat acharné qui allait opposer des militaires français lourdement armés à 18 combattants algériens faiblement équipés, le moudjahid Brahim Titel précise qu’il était «environ 14 heures lorsque nous nous sommes rendu compte que la zone occupée par le groupe commandé par Hoggas était cernée et que nous étions donc piégés».

Un nombre considérable de soldats français étaient arrivés sur les lieux, appuyés par des avions, des hélicoptères, des blindés et l’artillerie, avec pour objectif de resserrer davantage le siège et nous étouffer. L’affrontement dura trois heures, au cours desquelles les forces françaises ont fait tomber 14 combattants, dont le commandant Hoggas, et capturé deux moudjahidine, dont Brahim Titel, tandis que trois autres sont parvenus à se replier.

Brahim Titel a évoqué le courage de ses valeureux compagnons d’armes tombés en martyrs, dont Lakhdar Bouchoucha, Salah Mimes, Bouzid Boukakra, Lahcen dit El Boulissi (le policier), Khalil Belabed, Zidane Derbal, Maamar Benzitouni, Mahmoud Belkharchouch, Hamana Serdouk et Ammar Kali. Des martyrs valeureux et déterminés, dont le courage n’avait d’égale que la foi en la justesse de leur combat pour que l’Algérie vive libre et indépendante.
 

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