Ahmed Dahmouche. directeur du Parc national du Djurdjura : «Nous étudions des solutions techniques pour préserver la biodiversité»

24/04/2023 mis à jour: 00:54
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  • La pollution gagne le Parc national du Djurdjura et des constructions anarchiques ont même vu le jour, menaçant la biodiversité et la pérennité des ressources naturelles. L’équilibre écologique est-il remis en cause ?

La surexploitation des ressources naturelles, due principalement au surpâturage bovin, ovin et caprin, représente une réelle menace pour les pelouses alpines du parc. Cette pratique, pourtant essentielle pour les agriculteurs locaux, a engendré des conséquences majeures sur l’intégrité du paysage. En effet, les pratiques de surpâturage non réglementées sont un facteur de dégradation de la végétation portant atteinte à la diversité locale. L’absence de moyens de gestion favorise l’expansion du cheptel local au détriment des espèces végétales essentielles au maintien de cet équilibre écologique. 

  • Qui est responsable de cette situation ? 

C’est la responsabilité de tous, notamment les gestionnaires, les services publics, les visiteurs et campeurs ainsi que des riverains de cet important site de biodiversité. Au cours des dernières années, le PND a réalisé plusieurs études afin de mieux cerner les menaces et les facteurs de dégradation de ce milieu naturel unique et propose des solutions scientifiques et techniques pour préserver la biodiversité et impulser un développement local. Cependant, la mise en œuvre de résultats et recommandations, en particulier l’étude sur les incendies et celle relative au schéma directeur d’aménagement, ont été confrontés à un grand problème lié à l’absence des moyens de financement. 

  • Les ressources hydriques du PND sont aussi menacées. Quelles sont les actions entreprises pour préserver ces réserves naturelles ? 

Il y a une urgence de revoir la politique d’exploitation des ressources hydriques au niveau de cette aire protégée en particulier et en zone de montagne en général qui font l’objet de convoitises. Le Djurdjura est un important château d’eau de qualité. Au total, 332 sources d’eau ont été recensées, avec des débits allant de 0,01 à 424 l/s, ce qui accroît le nombre d’interventions des autorités locales dans le but de répondre aux besoins des populations environnantes en matière d’alimentation en eau potable. La majorité de ces sources ont été captées avant même la création de l’aire protégée. 

La réglementation du Parc national du Djurdjura stipule que 30% du volume de l’eau captée doivent être lâchés dans la nature dans les périodes de disette qui s’étalent de juin à septembre. Le manque d’eau dans les zones montagneuses peut s’avérer dévastateur et compromettre l’évolution naturelle de l’écosystème. L’immensité du territoire et la richesse de la biodiversité du Parc national tranchent avec les connaissances sur les milieux naturels qui restent insuffisantes malgré les efforts fournis par les gestionnaires du parc.

Ce dernier se caractérise par la présence d’une variété de richesses naturelles et paysagères exceptionnelles. Afin de protéger ce patrimoine, nous avons adopté plusieurs activités liées à l’éco-développement, la valorisation patrimoniale, la recherche par des études financées, des conventions avec les universités et le centre de recherche et de l’éducation environnementale. Malgré le travail fourni dans ce sens, la gestion du PND est contrariée par plusieurs obstacles altérant l’image du territoire en tant que réserve de biosphère. Pourtant, le rôle premier des aires protégées est de contribuer au maintien de la diversité biologique (protection des espèces et de leur variabilité génétique, des écosystèmes et des processus écologiques). Elles apportent en effet une grande variété sur les plans environnemental, écologique, scientifique, éducatif, social, culturel et économique.  

  • Le tourisme de masse et la surexploitation des ressources naturelles menacent sérieusement l’équilibre de l’écosystème de cette réserve naturelle. Quelles sont les actions entreprises par le parc pour préserver la faune et la flore ? 

Au cours des dernières années, le Parc national du Djurdjura a connu un problème lié à la sur-fréquentation et à l’irrégularité de la répartition spatiotemporelle des visiteurs dans certaines parties de son territoire comme Tikjda, Tala Guilef, Asouel et autres. En 2022, l’on a dénombré plus de 1,1 million de visiteurs, essentiellement à Tikdja. Actuellement, la situation se complique davantage, le Parc national du Djurdjura fait face à un nouveau type de public qui se désintéresse absolument du parc et de ses richesses naturelles. Le comportement de ce nouveau public défie les règles de la moralité, bouscule les traditions régionales et fait fuir le public familial traditionnel. D’autres maux ont surgi. La vente illicite, la production d’une immense quantité de déchets solides et les agressions de toutes sortes, et actuellement nous sommes en discussion avec de jeunes entrepreneurs pour l’installation de stations de collecte des déchets, notamment dans les sites à forte fréquentation. 

Entretien réalisé par Amar Fedjkhi 

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