Agression armée contre un juge d’instruction à Mostaganem : Questions autour du décès du greffier

03/08/2023 mis à jour: 08:12
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Les magistrats demandent à être mieux protégés

L’auteur de l’agression armée contre un juge d’instruction du tribunal de Mostaganem, dans le bureau de ce dernier, a succombé à ses blessures tard dans la nuit de mardi à mercredi. Selon un communiqué du procureur général près la cour de Mostaganem, le rapport préliminaire de l’autopsie fait état d’une mort violente en raison de deux chocs l’un au niveau de la tête et l’autre à l’abdomen, ce qui a provoqué une hémorragie. 

Les résultats de cette autopsie et de l’enquête préliminaire démentent la thèse du suicide ou d’une blessure par balle. L’enquête à propos de cette affaire est encore en cours. 

Ce communiqué intervient alors que des informations persistantes avançaient de graves blessures par balles, au moment où le greffier en chef et le gendarme présents sur les lieux dans le bureau du juge d’instruction, tentaient de le neutraliser et le désarmer pour l’empêcher d’achever sa victime. 

Lundi dernier, le même procureur général est revenu, dans un communiqué, sur les faits en évoquant une «blessure à la tête» au moment où le gendarme et le greffier en chef en exercice, présents sur les lieux, tentaient de le neutraliser. 

Le 30 juillet vers 15h, «au moment où  le juge d’instruction du tribunal de Mostaganem poursuivait la procédure d’audition d’un prévenu, ancien greffier en chef du même tribunal poursuivi pour des faits d’abus de fonction et d’usurpation d’identité, ce dernier lui a tiré des coups de feu, avec un pistolet, l’atteignant au niveau de l’abdomen. 

Durant l’intervention du greffier en chef en exercice et d’un gendarme pour l’arrêter et le désarmer, il a résisté, ce qui a engendré une blessure à la tête. Les blessés ont été transférés à l’hôpital où le juge a subi une intervention chirurgicale et son état est stable et l’agresseur a bénéficié de soins et se trouve sous surveillance médicale». 

Le procureur général n’a pas précisé la nature de cette blessure qui, visiblement, a eu lieu au moment de la tentative de l’immobilisation de l’agresseur, poursuivi pour des faits «d’usurpation d’identité» et «d’abus de fonction», pour lesquels, il a été placé sous contrôle judiciaire et était en train d’être auditionné par sa victime.

«Acte odieux»

A la lumière de cette grave affaire, le bureau exécutif du Syndicat national des magistrats(SNM) a tenu «une réunion d’urgence» qui s’est achevée tard dans la nuit de mardi à mercredi, avec un communiqué dans lequel il qualifie l’agression armée «d’acte odieux résultant d’accumulations précédentes ayant pour cause l’indulgence avec les cas d’atteinte à l’intégrité physique et morale des magistrats et de leur statut dans la société». 

Pour l’organisation syndicale que préside Laidi Aoudeche, le magistrat «est devenu la cible de diffamation et de calomnie sur les réseaux sociaux au point que sa mise à mort a été légitimée dans son bureau, dans l’enceinte même de l’institution judiciaire». 

Le syndicat des magistrats a de ce fait interpellé «les instances officielles sur la nécessité de respecter l’engagement de l’Etat de protéger le juge tel que dicté par la Constitution de 2020, à travers le renforcement des mécanismes légaux de protection à travers l’accélération de la promulgation du projet de loi portant statut de la magistrature, ainsi que la révision de l’amendement du code pénal pour introduire des dispositions répressives spécifiques et mettre tous les moyens matériels et humains pour rendre le juge à l’abri de toutes les agressions à l’intérieur des juridictions ou dans l’environnement social». 

Le SNM a par ailleurs interpellé les autorités concernées à agir «avec fermeté» contre toutes les pratiques et les faits qui portent atteinte à l’intégrité physique et morales des juges ainsi qu’à l’autorité de l’institution judiciaire à travers la mise en action rapide des procédures judiciaires énoncées par le code de procédure pénale, notamment les communications des magistrats victimes de violences physiques, verbales, de calomnie, de diffamation par tous les moyens, et l’engagement automatiques des poursuites en ce qui concerne l’atteinte à l’autorité judiciaire. 
 

Dans son communiqué, le syndicat a rendu hommage au greffier en chef «qui a participé héroïquement à sauver la vie» du juge victime de l’agression auquel il a exprimé sa «totale solidarité».

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