Agences de voyages : L’insuffisance de vols freine les activités touristiques

06/03/2022 mis à jour: 23:36
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Dans le cadre du renforcement du travail consultatif et participatif et la promotion de l’activité touristique, une séance de travail a réuni, hier à Alger, Yacine Hamadi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, et Aïssa Bekkaï, ministre des Transports, avec les différents partenaires sociaux affiliés au secteur du tourisme et de l’artisanat. 

L’objectif est d’«ouvrir le dialogue et écouter leurs préoccupations, en particulier les questions liées au secteur des transports». 
Hassen Kaddache, président de la Fédération nationale des associations des agences de tourisme et de voyages (FNAT), a déclaré : «Notre activité d’agence de voyages est une activité transversale. Elle dépend des ministères du Tourisme, des Transports, de la Culture et des Affaires étrangères. Le ministre du Tourisme ne peut rien faire seul sans le reste des ministres, il faut absolument une coordination, sachant que le package d’un voyage commence d’abord par le transport. 

Les pouvoirs publics veulent développer ce secteur, il faut préciser que nous ne sommes pas une force de contestation mais une force de proposition : on espère que les deux ministres prendront acte dans l’intérêt de ce secteur et sortiront de cette rencontre avec des résultats.» Selon lui, «les agences souffrent énormément du manque de nombre de vols et de traversées maritimes. 

Depuis l’ouverture partielle des frontières, la compagnie Air Algérie ne nous a pas encore ouvert ses vols pour la vente de la billetterie à l’instar des autres compagnies internationales bien que l’on soit conventionnés depuis longtemps et qu’on a déposé des cautions. 

Cette suspension dure depuis un an, elle est illogique même s’il y a moins de vols. Dans le même temps, la compagnie aérienne nationale a ouvert la vente on line. On demande une augmentation des capacités d’Air Algérie (nombre de vols à l’international), car cette insuffisance de vols a engendré la cherté des billets, actuellement, le billet est très cher pour le citoyen algérien et les compagnies étrangères sont en train d’en profiter sur ce plan, que ce soit en économie ou first class, la majorité ne peut pas avoir accès à ces billets. 

Les compagnies étrangères sont en train de faire ce qu’elles veulent». Il précise : «Nous sommes agréés à l’Iata et nous payons une caution depuis 20 ans de 2 millions de dinars, et les compagnies étrangères exigent des cautions et des chèques à encaisser (3 à 4 millions de dinars) pour donner accès aux agences pour vendre leurs billetteries, c’est invraisemblable. 

Ça ne se passe dans aucun pays en dehors de l’Algérie. Ces compagnies paient leurs charges et personnels en Algérie avec ce qu’elles prennent comme intérêts sur les chèques des agences de voyages. Il faut y mettre un frein.» 
 

«Les compagnies aériennes étrangères font ce qu’elles veulent» 
 

Saïd Boukhelifa, président du Syndicat national des agences de tourisme (Snat), abonde dans le même sens : «La fermeture de l’accès du système de réservations d’Air Algérie pénalise les agences de voyages, il y a un manque à gagner, mais il y a une deuxième conséquence que beaucoup ignorent, c’est le Trésor algérien qui en pâti parce que les compagnies aériennes étrangères profitent de l’absence des ventes sur Air Algérie, récupèrent les clients et gonflent leurs chiffres d’affaires, c’est une hémorragie de devises qui vont à l’étranger.

 C’est une décision inique et unique au niveau du bassin méditerranéen, si on reste dans notre environnement régional (22 pays), c’est la seule compagnie nationale qui procède de cette façon unilatérale qui frise le manque de considération, voire le mépris vis-à-vis des agences de voyages. Les compagnies étrangères font ce qu’elles veulent, encouragées par la position de la compagnie nationale Air Algérie vis-à-vis des agences touristiques algériennes, elle a un manque de considération flagrant vis-à-vis des agences, les agences de voyages ne sont pas considérées comme partenaires mais sont classées dans la rubrique ’’intermédiaires agrées’’ (IA). C’est dévalorisant et réducteur.» 
 

Mouloud Youbi, président de la Fédération nationale des agences de voyages et du tourisme, a affirmé : «Nous voulons ouvrir des canaux de dialogue et de négociation permanents, revoir la politique commerciale d’Air Algérie et la cherté des billets d’avion. Un billet Alger-Tamanrasset coûte 33 000 DA, on facture nos prestations jusqu’à 70 000 DA, et si le voyageur se déplace avec sa famille composée, par exemple, de 4 personnes, il devra débourser jusqu’à 280 000 DA ! 

Ce n’est pas fait pour encourager le tourisme interne. En plus, Air Algérie ne respecte pas toujours la convention signée concernant les demandes de groupes. Les compagnies étrangères ont largement profité du manque d’offres en mettant en vente des billets jusqu’à 30 millions». 
 

Il propose aussi «des tarifs préférentiels de la SNTF qui n’exploite pas suffisamment le tourisme». Certaines agences ont espéré la reprise de la omra pour au moins remonter la pente, sachant que 800 agences de tourisme activent dans ce créneau juteux, et la lutte contre les «parasites» qui activent en toute illégalité sur les réseaux sociaux. 

Les représentants des agences de voyages et de tourisme ont tous dénoncé l’attitude d’Amine Debaghine Mesraoua, PDG par intérim de la compagnie aérienne Air Algérie, qui n’a donné aucune suite à leurs multiples et incessantes demandes d’audience. Il n’a d’ailleurs pas aussi communiqué depuis sa nomination avec les médias. 
 

Aissa Bekkai a estimé que cette rencontre a contribué à clarifier beaucoup de zones d’ombre et que le secteur des transports sera appelé à jouer un rôle central dans la relance économique ainsi que le développement touristique. 

«Depuis mon installation, il y avait beaucoup de problèmes à régler en même temps ; certes Air Algérie doit augmenter ses capacités, mais on pourra changer la réalité par la concurrence et les initiatives privées». 
 

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