Afrika food Dakar : Agir dans un cadre d’ensemble régional solidaire

03/12/2023 mis à jour: 03:33
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Le docteur Rachid Benaissa, ex-ministre de l’Agriculture, lors de sa prise de parole - Photo : El Watan

En marge du Salon Siagro organisé du 30 novembre au 2 décembre 2023, et dans le cadre de Sipsa Afrika food Dakar, un panel d’experts algériens est intervenu pour animer des communications liées au secteur agricole sur fond de souveraineté alimentaire dans le continent africain.

Après avoir survolé l’évolution des concepts, soit de l’autosuffisance alimentaire des années  1960-1980 jusqu’à la souveraineté alimentaire en 2020, en passant par la sécurité alimentaire des années 1990-2000, le communicant, Dr Rachid Benaissa, ex-ministre de l’Agriculture et membre du GRFI, s’est étalé sur la démarche que l’Algérie doit adapter et les nouvelles mutations et innovations auxquelles elle doit souscrire.

Il s’agit, selon le conférencier, de développer, actualiser et protéger les connaissances et ce, en s’appuyant sur celles codifiées (agroécologie et agroforesterie) conjuguées à celles empiriques acquises par l’expérience des agriculteurs, éleveurs et ruraux. Il explique que «les paradigmes techniques sont en train de changer» et qu’«il est «essentiel de préparer les générations au changement dans le monde agricole en engageant et  soutenant une véritable révolution technique».

Chérif Belmihoub, Dr en économie et gestion a abordé la thématique liée à «la résilience des territoires ruraux pour une meilleure contribution à la souveraineté nationale», autrement dit, comment maintenir et enraciner ces populations dans leurs territoires ruraux, souvent négligés sur le plan macroéconomique, et en faire des leviers de la sécurité alimentaire.

La paysannerie algérienne est, souligne-t-il, vieillissante, précisant que 60% des calories consommées par la population sont importées. «Ce qui pose problème», ajoute-t-il, d’où la nécessité de se réconcilier avec son territoire et avoir une approche sur l’agriculture rurale qu’on doit revaloriser car, selon Dr Rachid Benaissa, on a longuement étriqué la vision du monde rural, alors que la paysannerie, c’est celle qui a pu, rappelle-t-il en substance, résister aux crises des subprimes en 2007-2008 et la crise sanitaire (pandémie de la Covid-19) en 2020.

Réconcilier le rural avec son territoire

Notons que lors de la première journée ayant suivi l’inauguration du Salon, plusieurs communications et tables rondes ont été animées par un panel d’experts sénégalais sur des thématiques liées au «développement du marché local et comment le Sénégal pourrait se positionner sur le marché international». «Que pouvons-nous offrir au monde», s’interroge M. Macoumba Diouf, directeur de l’horticulture au ministère de l’Agriculture sénégalais qui aborde la question de l’exploitation du potentiel agricole de l’Afrique dans la perspective de s’auto-suffire avant d’aller à la conquête du marché international.

Car, selon lui, le Sénégal a des espèces culturales qui sont très prisées en Europe, comme le bissap, la mangue ou le moringa, pour ne citer que celles-ci. Une autre thématique est abordée lors de ce Salon. Il s’agit de la problématique mise en avant dans la filière lait et la chaîne de valeur dans la stratégie nationale de souveraineté alimentaire. Le lait constitue un des instruments majeurs dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.

«La production locale de lait peine à satisfaire la demande du Sénégal qui effectue des importations de lait en poudre pour combler le déficit structurel, dira M. Famara Sarr, chef de division des industries laitière, apicole et avicole au ministère de l’Agriculture sénégalais.»

Et un autre intervenant de la filière d’insister  sur la problématique ayant trait à la disponibilité de l’eau : «Pour promouvoir la filière laitière, il faut de l’eau et cette dernière requiert de l’énergie qui reste inaccessible aux agriculteurs dans les périmètres fourragers». Le coût de l’énergie pèse, en effet, lourdement sur les agriculteurs et «il faut aller vers le solaire», renchérit-il.

Et un autre intervenant d’insister que «la mise en place des plateformes solaires pour pouvoir conserver du lait local, tout en appelant à «développer une ingénierie sociale dans l’élevage bovin». Il faut exploiter les produits annexes des vaches, comme le biogaz, dit-il. Autre question et non des moindres, celle ayant trait à la formation des jeunes acteurs qui veulent investir dans le secteur.

«La formation est le premier intrant dans le secteur de l’agriculture, il demeure le point nodal du développement, fait-il remarquer. Et de conclure sur une note d’optimisme : «Ce qui est possible de faire en Afrique, on n’est pas en mesure de le faire ailleurs et la souveraineté alimentaire ne peut se concrétiser que dans un cadre d’ensemble régional solidaire en convergeant nos partenariats tous azimuts pour faire face à l’hégémonie extérieure». Notons que cinq conventions de partenariat ont été signées, au terme de cet événement, entre des opérateurs algériens et des entreprises sénégalaises.  

 

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