Le nombre d’accidents durant les mois de juin et juillet derniers dans la wilaya de Constantine a bondi de 38% par rapport à la même période de l’année précédente.
La saison estivale, habituellement synonyme de détente et de voyages, se mue en un véritable cauchemar sur les routes de l’Est algérien. Les données fournies par les divers services d’intervention révèlent une situation alarmante.
Le nombre d’accidents de la route dans certaines régions a connu une hausse inquiétante ces dernières semaines, entraînant un lourd bilan humain et matériel. Notons à titre d’exemple, le rapport des dernières 24 heures de la direction générale de la Protection civile (PC), couvrant la période du 14 au 15 août, publié sur sa page officielle.
La publication fait état de 250 interventions à l’échelle nationale, avec 293 blessés et 10 décès. Les causes de cette recrudescence sont multiples. L’intensification du trafic liée aux déplacements estivaux, conjuguée à des comportements imprudents tels que l’excès de vitesse, le non-respect du code de la route et la fatigue au volant, est largement mise en cause.
Par ailleurs, l’état dégradé de certaines infrastructures routières, combiné aux conditions météorologiques imprévisibles, aggrave encore la situation dans de nombreux cas. Face à ce fléau, les autorités locales et nationales sont interpellées avec urgence.
«On ne peut plus circuler en toute sérénité»
Les services de sécurité multiplient les contrôles routiers et intensifient les campagnes de sensibilisation auprès des usagers de la route. Cependant, l’efficacité de ces mesures semble limitée. «Les routes sont devenues de véritables champs de bataille.
On ne peut plus circuler en toute sérénité. La vigilance est de mise à chaque instant», confie un chauffeur de taxi assurant la ligne Constantine-Annaba. Il ajoute que, durant cette période, les agents de la gendarmerie nationale sont omniprésents, «travaillant sans relâche.
Pourtant, de nombreux conducteurs semblent ignorer les dangers qu’ils encourent.» Ces accidents ont souvent des conséquences dramatiques, plongeant de nombreuses familles dans le deuil. Les coûts humains et sociaux sont considérables. Certaines familles, déjà éprouvées par la perte d’un père de famille, se retrouvent en outre confrontées à de graves difficultés financières.
La wilaya de Constantine, capitale de l’Est algérien, n’échappe pas à la vague tragique des accidents de la route.
Le soir du 15 août, à 22h58, les équipes de la Protection civile (PC) ont été mobilisées en urgence suite à un accident mortel impliquant une voiture et une moto sur la RN3, à Oued Ziad, dans la commune d’El Hamma Bouziane. Cet accident a malheureusement coûté la vie à un homme de 29 ans, malgré les premiers soins prodigués sur place. Son décès a été confirmé par un médecin du CHU Dr Benbadis de Constantine.
Un autre homme, également âgé de 29 ans, a été grièvement blessé lors de ce drame. Le commandant Samir Benharzallah, du service de prévention de la PC, a déploré «une hausse inquiétante des accidents, en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation menées par ses services».
Il a révélé que le nombre d’accidents durant les mois de juin et juillet derniers a bondi de 38% par rapport à la même période de l’année précédente. Plus précisément, 443 accidents ont été enregistrés au cours de ces deux mois, provoquant 582 blessés et 16 décès.
En comparaison de l’année précédente, 321 accidents avaient été recensés, avec 448 blessés et 12 morts, marquant ainsi une augmentation de 29,9% des blessés et de 33,33% des décès. Malgré les efforts soutenus pour sensibiliser la population, notamment en collaboration avec les services de la gendarmerie nationale sur les axes routiers les plus fréquentés, les résultats demeurent insuffisants.
Des actions de prévention ont été conduites sur le barrage fixe de la commune d’Ouled Rahmoune, sur la RN27 à Hamma Bouziane, sur l’autoroute Est-Ouest au niveau de la ville de Aïn Smara, ainsi qu’à plusieurs autres points stratégiques, tels que les «4 chemins», dans la circonscription administrative d’Ali Mendjeli.
«Nous intervenons régulièrement pour sensibiliser, que ce soit à la radio, à la télévision, ou encore via nos pages officielles. Nous disposons même d’une émission hebdomadaire sur la radio locale», a regretté le commandant Benharzallah.
Néanmoins, les accidents continuent de semer la désolation sur les routes. Entre mercredi et jeudi derniers, Constantine a enregistré huit accidents de circulation, dont l’un des plus graves s’est produit le 14 août à midi.
Il s’agit d’une collision entre une moto et un bus, qui a grièvement blessé un jeune homme de 36 ans, touché à la tête et transporté d’urgence à l’hôpital d’Ali Mendjeli, où il a succombé à ses blessures. Par ailleurs, le commandant Benharzallah a souligné l’importance cruciale de la formation des secouristes volontaires de proximité. Un programme lancé à l’échelle nationale depuis 2010.
Ces sessions spécifiques, organisées entre 16h et 19h, visent à enseigner aux citoyens les gestes essentiels pour gérer diverses situations d’urgence avant l’arrivée des pompiers. A Constantine, 2288 volontaires ont ainsi été formés, et ces derniers jouent un rôle déterminant en prodiguant les premiers secours, avant d’alerter les pompiers dans l’attente des équipes professionnelles.
Les comportements irresponsables de certains conducteurs ne se limitent pas aux routes interurbaines. Ils s’observent également au cœur des zones urbaines. Les services de la sûreté de wilaya ont, à ce titre, recensé un total de 112 accidents, répartis comme suit : «50 en juin, 42 en juillet, et 20 lors des treize premiers jours d’août ; causant 152 blessés et 6 décès».
Excès de vitesse dans le milieu urbain
Bien que le bilan de la police puisse sembler modeste en comparaison de celui de la Protection Civile, il n’en demeure pas moins préoccupant, compte tenu du contexte urbain. Sous le slogan «Ensemble pour une saison estivale sans accidents», deux à trois actions de sensibilisation sont organisées chaque semaine sur le terrain.
«Nous ciblons en priorité les camions et poids lourds, véritables dangers mobiles. Nous sensibilisons également les conducteurs de transports en commun, qu’il s’agisse de bus ou de taxis, sans pour autant négliger les jeunes qui cherchent à se faire remarquer, ni les pères de famille», a expliqué le Commissaire principal de police (Cpp) Mohamed Karim Labidi, chargé de la communication de la sûreté à Constantine.
Il a ajouté que l’excès de vitesse et le non-respect du code de la route constituent souvent les principales causes de ces accidents. Sur nos routes, on assiste à une multitude de comportements dangereux, notamment de la part de certains poids lourds qui roulent sur la voie de gauche, contraignant les conducteurs de véhicules légers à entreprendre des manœuvres risquées pour les dépasser par la droite.
De surcroît, le non-respect des distances de sécurité est fréquent, provoquant des carambolages au moindre faux-pas. Le commissaire Labidi a également souligné que certaines campagnes de sensibilisation sont thématiques, ciblant par exemple les cortèges de mariage.
Ces cortèges, souvent accompagnés de motocycles, transforment les routes en lieux de festivités, ignorant les dangers que ces comportements peuvent engendrer. Plusieurs infractions ont ainsi été relevées par la police de Constantine, et en cas de blessures ou de décès, les dossiers sont transférés à la justice.