La wilaya a été particulièrement touchée par le cycle des grèves des enseignants affiliés au Cnapeste, suivi par celle déclenchée par les élèves, ce qui a provoqué des perturbations dans certains lycées.
Au moment où les autorités parlent des bonnes conditions dans lesquelles se déroulent les examens blancs du bac et BEM, la pression monte et la panique s’empare déjà d’un grand nombre de candidats au bac dans la wilaya de Constantine.
Cette inquiétude a été alimentée par le retard accusé dans le programme pédagogique constaté dans de nombreux lycées. Des parents interrogés affirment que leurs enfants n’ont pas rejoint les classes depuis plus d’un mois.
C’est le cas de Raed, candidat au bac filière gestion au lycée Malek Haddad, situé à la cité Boussouf. Selon ses dires, après la grève des lycéens menée uniquement à Constantine pour réclamer la remise des notes des 1er et 2e trimestres, les enseignants ont décidé de ne plus assurer les cours.
Les classes ont été entièrement désertées par les élèves et les enseignants. C’est la psychose dans les rangs des candidats, qui ont pris conscience qu’il ne reste pratiquement qu’un mois avant le début des épreuves du bac et le ministère n’a pas fixé de seuil dans le programme.
«C’est grâce aux cours de soutien dans toutes les matières que mon fils a avancé dans le programme. Mais ce qui m’a étonné est que les enseignants ont séché les cours après la grève des élèves. Mes enfants sont à la maison depuis presque deux mois», a regretté Abdelali, père de deux élèves au lycée Malek Haddad.
Un autre père d’un lycéen à Sidi Mabrouk incombe l’entière responsabilité à l’administration et surtout aux parents. «Il faut souligner que cette grève menée par les élèves n’a pas touché la totalité des lycées et n’a concerné que la wilaya de Constantine.
Ce que les parents ignorent est que chaque jour, l’enseignant marque sa présence et signale que son cours a été fait, vu que c’est l’élève qui s’est absenté sans aucun motif valable, comme le stipulent les orientations pédagogiques. Donc, aucun retard dans le programme pédagogique na été signalé», a-t-il déploré. Quid des familles démunies qui ne peuvent pas se permettre des cours de soutien pour leurs enfants ?
Pas de séances de rattrapage ni de révisions
Ce qui a alimenté encore l’inquiétude de certains parents est l’absence des séances de révision ou au moins celles de rattrapage dans les lycées concernés par la grève.
Même pour trouver une place pour un cours de soutien en cette période devient pratiquement impossible. Pourtant, quelques enseignants ont commencé des cours de soutien à titre bénévole au profit des élèves, particulièrement ceux issus des familles démunies.
Néanmoins, la grande majorité d’entre eux s’est contentée du programme pédagogique, tout en refusant d’organiser des séances de rattrapage. Ils étaient nombreux à estimer que les élèves étaient dans leur tort et que les parents n’ont pas joué leur rôle. «Il y a quelques années, les enseignants donnaient des cours supplémentaires pour les élèves en dehors des horaires scolaires.
Cette action, organisée avec l’association des parents d’élèves, n’a pas abouti, vu les conditions de travail. En plus, la somme allouée à l’enseignant n’était pas motivante», a rappelé un enseignant de maths dans un lycée de Sidi Mabrouk, soulignant que les classes de terminale sont désertées depuis le début du deuxième trimestre. Un phénomène suscité par la propagation des cours de soutien.
De son côté, Hichem Lemchenek, membre du bureau de wilaya et conseil national du Cnapeste, rappelle : «Nous avons suspendu notre grève de deux jours depuis des mois. Nous n’avons maintenu que la rétention administrative des notes, mais les résultats ont été communiqués aux parents et aux élèves. Ceci dit, l’enseignant n’est pas responsable d’une absence non justifiée de l’élève.
Pour preuve, le ministère n’a pas parlé de seuil.» Concernant les absences des enseignants dans certains lycées, il estime que c’est aux administrations de prendre des mesures à leur encontre. Par contre, le directeur de l’éducation de Constantine, Abdelmadjid Mancer, rassure les parents que les enseignants ne peuvent pas enregistrer un cours en l’absence de la totalité des élèves.
«Nous n’avons pas de plan précis pour rattraper le retard causé par la grève. Mais je tiens à préciser que nous ne pouvons pas dire qu’un cours a été enseigné alors que les élèves sont absents. En plus, nous avons au ministère des experts et des proviseurs qui vont établir les sujets en fonction du dernier cours donné», a-t-il déclaré à El Watan.
Les examens blancs dans de bonnes conditions
Du côté des autorités, tous les préparatifs se déroulent dans la bonne voie. Des ateliers d’accompagnement psychologique ont été menés dans la wilaya au profit des candidats au bac et au BEM. Notons, à titre d’exemple, qu’un atelier de formation sera organisé, à partir d’aujourd’hui, par une psychologue clinicienne à la Maison des jeunes d’El Mansourah.
Cet atelier abordera plusieurs volets, dont les techniques pour gérer le manque de concentration, la limite du temps, les méthodes de révision et comment combattre la panique et la peur avant le jour de l’examen.
Pour ce qui est des examens blancs du baccalauréat et du Brevet d’enseignement moyen (BEM), débutés dimanche dernier, Saâd Belabbas de l’Inspection générale du ministère de l’Education nationale a précisé qu’ils se sont déroulés dans de bonnes conditions pour plus de 1,5 million d’élèves. Ces conditions sont similaires à celles des examens officiels sur le plan organisationnel, pédagogique et administratif.
Près de 738 000 candidats se présenteront aux épreuves du BEM à travers plus de 2800 centres, entre le 6 et 8 juin. Les épreuves du baccalauréat concerneront, cette année, plus de 700 000 candidats et se dérouleront du 12 au 16 juin à travers plus de 2500 centres d’examen à l’échelle nationale.
Concernant la wilaya de Constantine, 68 centres seront ouverts pour 22 900 candidats au bac, dont 8108 libres. Pour le BEM, ils seront 20 326 candidats, dont 225 libres à se présenter à travers 66 centres. «Tout un protocole sanitaire sera imposé dans les centres d’examen. Nous avons déployé tous les moyens humains et matériels pour son application», a conclu M. Mancer.