À la veille du troisième anniversaire du conflit ukrainien : Le Kremlin juge «prometteur» le dialogue Trump-Poutine

24/02/2025 mis à jour: 00:40
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Le président américain, Donald Trump, et son homologue russe, Vladimir Poutine - Photo : D. R.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à la télévision russe que «le dialogue a lieu entre deux Présidents vraiment remarquables».

Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la position de Washington sur le conflit ukrainien commence à changer. Alors que la Russie tient à en tirer avantage, l’Europe se mobilise et l’Ukraine refuse toute solution «sans l’Ukraine». Ainsi, le Kremlin a jugé hier «prometteur» le dialogue entre Vladimir Poutine et Donald Trump, à la veille du troisième anniversaire de l'assaut contre l'Ukraine et en plein revirement du président américain, qui est plus hostile à l'égard de Kiev.

Après avoir jugé l'Ukraine responsable du conflit et ouvert des pourparlers avec Moscou sans participation ukrainienne ou européenne, et qualifié son homologue Volodymyr Zelensky de «dictateur», Donald Trump a dit samedi vouloir récupérer le montant de l'aide fournie depuis trois ans, en obtenant accès aux ressources minières de l'Ukraine. Interrogé sur le revirement américain, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré à la télévision russe que «le dialogue a lieu entre deux présidents vraiment remarquables.

C'est prometteur. Il est important que rien ne vienne gêner la mise en œuvre de leur volonté politique», selon l’AFP. Il a jugé «compréhensible» l'hostilité de D. Trump à l'égard de V. Zelensky, ce dernier ayant accusé le président américain de vivre dans «un espace de désinformation» russe après qu'il a accusé Kiev d'être responsable du conflit déclenché par la Russie le 24 février 2022.

Plus tôt, Vladimir Poutine a marqué la Journée des défenseurs de la patrie, en jugeant que lui et son armée ont «une mission» divine : «défendre la Russie». Il a ainsi promis de «renforcer» encore son armée, alors que le pays est déjà focalisé sur l'effort de guerre.

Au-delà du conflit ukrainien, il veut une réorganisation de l'architecture sécuritaire européenne en éloignant et en affaiblissant l'OTAN. Entre-temps, les Américains s'opposent à ce que Kiev rejoigne l'Alliance atlantique et sont favorables à des concessions territoriales ukrainiennes. Dmitri Peskov a, lui, indiqué que la Russie ne «vendra jamais» les terres qu'elle occupe, soit environ 20% de l'Ukraine, signifiant que Moscou ne fera aucun compromis.

Pris entre deux feux, Volodymyr Zelensky a appelé hier à l'union en vue d'une «paix durable». «Nous devons faire de notre mieux en vue d'une paix durable et juste pour l'Ukraine. Ceci est possible avec l'unité de tous les partenaires : il faut la force de toute l'Europe, la force de l'Amérique, la force de tous ceux qui veulent une paix durable», a-t-il dit sur Telegram. Confrontés à la menace russe et au revirement américain, les Européens, affaiblis, tentent de se mobiliser.

Le président français Emmanuel Macron sera aujourd’hui à Washington, avant le Britannique Keir Starmer jeudi. Londres dévoilera aujourd’hui de nouvelles sanctions contre Moscou. C’est ce qu’a annoncé hier le ministre des Affaires étrangères David Lammy dans un communiqué. Pour ce dernier, c'est le moment de «serrer la vis contre la Russie de Poutine».

«N’importe quoi qu’on puisse obtenir»

Et d’ajouter : «Demain, je prévois d'annoncer le plus gros paquet de sanctions contre la Russie depuis les jours qui ont suivi le début de la guerre, pour éroder sa machine militaire et réduire les revenus qui alimentent la destruction en Ukraine.»

Il a rappelé que le Royaume-Uni reste engagé à fournir 3 milliards de livres (3,6 milliards d'euros) d'aide militaire par an à Kiev et est prêt à envoyer des soldats britanniques «dans le cadre d'une force de maintien de la paix si nécessaire», dans l'éventualité d'un cessez-le-feu. «Nous travaillons avec les Etats-Unis et nos partenaires européens pour parvenir à une paix durable et juste, en étant clairs sur le fait qu'il ne peut rien se passer concernant l'Ukraine sans l'Ukraine», a-t-il dit.

Aussi, l'Union européenne (UE) doit adopter aujourd’hui une nouvelle salve de sanctions contre la Russie, comprenant entre autres une interdiction d'importer de l'aluminium russe dans l'UE.

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, quant à lui, se rendra aujourd’hui à Kiev, tout comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu hier en Turquie, selon des sources diplomatiques turques. Le chef de la diplomatie russe, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, est attendu dans la foulée en Iran.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens, mais ne s'est pas jointe aux sanctions occidentales contre la Russie. Ankara défend en parallèle l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée (sud), occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.

Depuis l'entretien téléphonique Trump-Poutine du 12 février suivi de pourparlers mardi entre ministres des Affaires étrangères à Riyad, le président américain s'en prend à V. Zelensky. Dans une initiative, les Etats-Unis ont proposé à l'Assemblée générale de l'ONU un projet de résolution à l'occasion du troisième anniversaire de l'intervention russe, qui ne mentionne pas l'intégrité territoriale ukrainienne.

Donald Trump réclame, en outre, un accès privilégié aux minerais stratégiques ukrainiens, en échange de l'aide versée pendant trois ans, un projet d'accord inacceptable pour Kiev car il ne comporte ni garanties de sécurité futures ni promesse de poursuite de l'assistance militaire sur laquelle Kiev a compté jusqu'ici pour combattre un adversaire plus nombreux et mieux armé.

«On demande des terres rares et du pétrole, n'importe quoi qu'on puisse obtenir», a déclaré samedi Donald Trump. Selon une source ukrainienne informée des négociations, ce texte équivaut à «soutirer 500 milliards» de dollars à Kiev.

Ce responsable a assuré que l'Ukraine avait proposé «des modifications». L’Ukraine possède d’importantes ressources en lithium et en titane qui sont essentielles pour les technologies de pointe, notamment l’aérospatiale et les véhicules électriques. Les Etats-Unis en ont cruellement besoin face à un rival chinois qui contrôle aujourd’hui 97,3% de la production de terres rares. 

 

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