A la redécouverte du pays profond

28/05/2023 mis à jour: 00:25
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Prévues dans l’amendement constitutionnel de 2016 et encadrées par le règlement intérieur de l’APN et du Conseil de la nation, les missions parlementaires d’information commencent à acquérir une certaine visibilité en attendant d’avoir une réelle incidence sur la gestion des différents secteurs de la vie nationale. 

Destinées à permettre aux députés et aux sénateurs d’exercer un meilleur contrôle de l’action du gouvernement, ces commissions temporaires ont été diligentées en nombre ces derniers mois dans des localités qui n’arrivent pas à se défaire d’un état de léthargie chronique, quand il ne s’agit pas d’un quasi-abandon en dépit des épisodes d’embellie financière que connaît le pays. 

Ayant longtemps pâti des sentences et récriminations au sujet de leur statut ou de leur rôle, dont la plus célèbre interrogation : «A quoi sert le Parlement ?», les députés redécouvrent leur métier, celui d’être à l’écoute des citoyens, qui furent dans un passé récent leurs électeurs. 

En misant sur l’information, les parlementaires sont en quête de vérité, et elle ne cadre pas souvent avec les rapports habituels remontant jusqu’aux centres de décision. Le protocole excessif déployé autour de ces missions a cependant comme effet d’amoindrir leur impact, de voiler quelque peu des situations lancinantes et de détresse vécues par les populations locales. 

Bien qu’elle se soit terminée par des remerciements appuyés en direction des autorités locales pour les bonnes conditions d’accueil, la mission d’information mise en place par l’APN dans le secteur de l’Éducation et qui s’est rendue récemment à l’extrême est du pays a pu relever de nombreuses lacunes dans le fonctionnement des établissements scolaires. 

La teneur des premières constatations établies par les députés commande d’enclencher la phase 2 du programme des zones d’ombre. Et l’on ne manquerait pas de souligner que l’efficacité de l’administration réside plutôt dans la résolution des problèmes auxquels sont confrontés les citoyens et non dans une prise en charge optimale des délégations.

Les lenteurs administratives et les situations d’inertie observées dans certains secteurs sont telles, que les membres des missions parlementaires prennent parfois la place de l’appareil exécutif qu’ils sont censés contrôler. «Débarrassez-moi de cette polyclinique le plus tôt possible !» est la conclusion qui a fusé de la commission dépêchée par le Conseil de la nation la semaine dernière à Tizi Ouzou, à l’issue d’une visite d’un centre de soins sis au sud de la wilaya. 

En préfabriqué et «totalement délabrée», selon les responsables locaux, cette structure ne peut plus être opérationnelle et devra être reconstruite dans les normes et avec les moyens et les équipements requis. La procédure est restée en suspens entre les accords obtenus et ceux en attente, reportant continuellement l’exigence de prise en charge sanitaire de la population locale. 

Cette immersion dans le pays profond permet de réaliser que dans le registre des préoccupations citoyennes, on ne retrouve pas en première place les infrastructures sportives et autres ouvrages sans effet d’entraînement sur la vie socioéconomique. 

L’ultime rapport sera sans doute formulé par les citoyens-électeurs à l’adresse de leurs élus, leur rappelant leur engagement à ouvrir des permanences locales à l’effet de consigner leurs attentes et de les exprimer devant les instances centrales. C’est le moyen le plus pérenne et le moins coûteux pour exercer une véritable représentation parlementaire.

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