8e édition de l’Africa CEO Forum : Pour une industrie panafricaine des services financiers

16/06/2022 mis à jour: 03:35
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Photo : D. R.

La 8e édition de l’Africa CEO Forum (ACF), qui se tenait dans la capitale ivoirienne Abidjan, et dont le thème central était : «La souveraineté, croissance verte et transformation industrielle : les nouvelles routes de la prospérité africaine», s’est achevée mardi après deux jours de discussions, d’ateliers public-privé, de groupes de travail thématique et une soixantaine de panels.

Qualifié de plus grand rassemblement du secteur privé africain, ou encore de «Davos africain», l’ACF a vu cette année la participation de plus 1800 acteurs de l’économie, de la finance et de politique, dont une cinquantaine de ministres ainsi que 5 chefs d’Etat. Pendant deux jours, Abidjan a réuni des dirigeants africains de tout bord afin de réfléchir ensemble aux ressorts pouvant assurer l’émancipation économique du continent.

A ce propos, l’une des nouveautés de cette édition 2022, à titre d’exemple, est le «Disrupters Club» chargé d’accueillir une vingtaine de start-up africaines. L’autre initiative, beaucoup plus globale, concerne l’industrie financière et s’appelle l’Africa Financial Industrial Summit.

L’AFIS, dont les assises se tiendront les 28 et 29 novembre prochain à Lomé, capitale du Togo, est en fait une déclinaison financière de l’ACF. L’objectif-clé de ce sommet, qui regroupe les dirigeants du secteur financier et les autorités de régulation du continent, est de favoriser l’émergence d’un secteur panafricain des services financiers.

A cette édition togolaise, qui se tiendra sous le thème «Durable, sans frontière et digitale – Transformer la finance à l’âge de la disruption», on attend un peu plus de 600 leaders du secteur financier africain (CEO, banquiers, fintech, opérateurs de mobile money, investisseurs institutionnels, opérateurs de marchés de capitaux et institutions de financement du développement, mais aussi régulateurs et ministres des Finances) pour aborder concrètement les défis majeurs auxquels la finance africaine doit se préparer.

En fait, l’AFIS se donne pour ambition et objectif d’accompagner la finance africaine dans la transformation, en œuvrant plus particulièrement à l’amélioration de l’inclusion financière et l’émergence d’une véritable industrie panafricaine des services financiers. Rien de moins.

Selon les analystes de l’IFC, filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé et co-organisateur de l’AFIS, le développement de l’Afrique dépend de la mise en place d’un secteur financier efficace, inclusif et durable, mais les chocs mondiaux sont passés par là.

«Les pressions inflationnistes, l’instabilité monétaire et l’aversion au risque des investisseurs menacent la capacité de l’industrie financière africaine à s’adapter aux changements technologiques qui révolutionnent les marchés bancaires et financiers», analysent les experts de l’AFIS.

En fait, la plateforme AFIS a identifié trois pistes essentielles pour l’avenir de la finance africaine : «Des solutions financières vertes pour s’adapter au changement climatique et en atténuer les effets, la création d’un écosystème financier sans frontières et la mise en œuvre d’une transformation numérique rentable qui apporte des services financiers aux personnes non bancarisées et mal desservies.»

En étroite réflexion avec les leaders influents du secteur, l’AFIS entend parvenir à cet objectif en mettant en place les conditions d’un dialogue franc et ouvert entre régulateurs et régulés.

Un dialogue devenu essentiel si l’Afrique veut pouvoir construire une industrie financière continentale inclusive, au service de l’économie réelle et de la création d’emplois. «Nous allons plus loin quand nous y allons ensemble», dira Patrick Ngugi Njoroge, gouverneur de la Banque centrale du Kenya, en conférence de presse à l’ACF.

«L’industrie financière africaine est l’une des plus dynamiques au monde, avec des marges de progression exceptionnelles, dans un contexte de très forte croissance démographique. L’adoption récente de la Zone de libre-échange continentale représente une opportunité unique de repenser l’industrie financière africaine à l’échelle continentale, tout particulièrement dans un contexte de redéfinition de l’architecture financière mondiale», a déclaré de son côté Amir Ben Yahmed, président de l’Africa CEO Forum.

De son côté, l’IFC s’engage à étendre les services financiers formels aux millions de personnes non bancarisées ou sous-bancarisées en Afrique. «A l’heure où les fintechs africaines connaissent un développement rapide, le dialogue entre les acteurs financiers et entre le secteur privé et les pouvoirs publics est essentiel pour parvenir à l’inclusion financière et garantir ainsi les financements nécessaires pour stimuler l’activité économique», a déclaré Sérgio Pimenta, vice-président d’IFC pour l’Afrique.

Partenaire des sommets d’Abidjan et de Lomé, l’IFC, la Société financière internationale, filiale du groupe de la Banque mondiale, qui est la principale institution de développement axée sur le secteur privé dans les pays émergents, a un rôle qui consiste à faire progresser l’inclusion financière par des investissements dans le secteur financier, à travers ses services de conseil aux investisseurs et aux partenaires des infrastructures financières. 

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