8e édition de l’Africa CEO Forum à Abidjan (Côte d’Ivoire) : L’Afrique face au défi de la souveraineté économique

15/06/2022 mis à jour: 00:59
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Photo : D. R.

Souveraineté, croissance verte et transformation industrielle : les nouvelles routes de la prospérité africaine». C’est autour de ce thème que s’est ouvert ce lundi 13 juin courant la 8e édition de l’Africa CEO Forum, à l’hôtel Sofitel Ivoire, d’Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Après deux ans d’absence due à la pandémie de Covid-19, l’ACF, le plus grand rassemblement international du secteur privé africain, est donc de retour en présentiel ces 13 et 14 juin avec un peu plus de 1500 participants venus de 70 pays, dont une majorité d’investisseurs et de chefs d’entreprise.

Des chefs d’Etat, dont Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, Macky Sall du Sénégal, Mohamed Ould Ghezouani de Mauritanie, Nana Akufo-Addo du Ghana, Mohamed Bazoum du Niger ainsi qu’une cinquantaine de ministres ont marqué de leur présence ce premier jour du forum qui a vu également la participation d’une délégation d’hommes d’affaires américains, et c’est une première, venus sonder les opportunités d’investissement en Afrique.

Fondé en 2012 par Jeune Afrique Media Group, l’ACF réunit chaque année les dirigeants des plus grandes entreprises africaines, des banques de développement, des décideurs internationaux du monde de l’économie et de la finance, des représentants des principales institutions financières mondiales ainsi que des ministres et des chefs d’Etat.

Le sommet de cette édition 2022, toutefois, intervient dans un contexte particulier d’inflation et de crise alimentaire mondiales sur fond de guerre en Ukraine qui bouleverse les équilibres mondiaux et souligne donc l’impérieuse nécessité pour les économies africaines de réduire leur dépendance à l’égard du reste du monde.

C’est donc fort à propos et légitimement que la souveraineté économique de l’Afrique se place au centre des débats au moment clé où la guerre en Ukraine vient mettre en lumière la trop grande dépendance du Vieux Continent en matière de besoins vitaux, comme le blé. «Depuis 2020, le monde a été bouleversé, basculant d’une crise à l’autre.

De la Covid au conflit en Ukraine, ces chocs accélèrent les tendances : transformation digitale, replis nationaux, bouleversements des chaînes de valeur mondiale, décarbonation de l’économie, tensions inflationnistes. C’est pour comprendre et analyser ces tendances et saisir ce qu’elles ont de durable que nous avons choisi de nous réunir à Abidjan autour du thème : ‘‘Souveraineté, croissance verte et transformation industrielle : les nouvelles routes de l’économie africaine’’», souligne le président de l’ACF, Amir Benyahmed.

Nouveaux défis

«Les nouveaux défis posés par la guerre en Ukraine, l’inflation et la flambée des prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais mettent encore à l’épreuve nos économies et nos populations. En parallèle, s’ajoute le changement climatique, dont les effets sont de plus en plus dramatiques et inquiétants.

De nombreux pays africains sont parmi les plus menacés par la hausse des températures et le caractère imprévisible des précipitations, des inondations et des sécheresses. Où tout cela nous mène-t-il, ici et aujourd’hui, en Afrique ?» souligne pour sa part Makhtar Diop, Managing Director d’International Finance Corporation (IFC).

«L’Afrique est à un point d’inflexion et il nous faut faire des crises actuelles un moment de transformation structurelle. Les opportunités abondent et nous devons saisir le moment», souligne le directeur général de l’IFC pour lequel le secteur privé doit être le moteur des stratégies de développement et l’élément essentiel pour que la croissance ne soit pas simplement rythmée par l’évolution du prix des matières premières.

«Il nous faut des entreprises capables d’être compétitives sur le marché extérieur et saisir l’opportunité de l’intégration régionale pour créer des économies d’échelle et réduire la dépendance de l’Afrique au reste du monde», dira-t-il.

Aujourd’hui, les Etats africains visent une plus grande autonomie économique dans divers domaines stratégiques. Outre la production de vaccins et de médicaments, la sécurisation des ressources alimentaires, la transition énergétique, il s’agit aussi de trouver les voies et moyens de reprendre le contrôle des données économiques, dont 80% sont stockées hors du continent.

Pour beaucoup de pays africains, l’ACF est également une belle opportunité d’attirer des investisseurs, de lever des fonds, de conclure des marchés, de nouer des partenariats ou de faire connaître leur potentiel en matière de marchés attractifs.

En ce qui concerne l’Algérie, contrairement aux éditions précédentes où l’on notait habituellement la présence des patrons des grandes entreprises nationales qui ont pour ambition de poser un pied en Afrique, telles que Cevital, Condor ou encore Rouiba Jus, cette année les Algériens ont été les grands absents du rendez-vous africain.

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