36e sommet de l’Union africaine : Le Maroc joue et perd

20/02/2023 mis à jour: 14:03
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La diplomate Sharon Bar-li escortée vers la sortie

Les travaux du 36e Sommet de l’Union africaine (UA) se sont poursuivis, hier, au siège de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba pour la seconde et dernière journée. La séance d’hier s’est déroulée à huis clos. Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, participe aux travaux en qualité de représentant du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Dans une allocution prononcée samedi par le Premier ministre au nom du président Abdelmadjid Tebboune, lors des travaux de la réunion ministérielle du Comité des dix de l’Union africaine (UA) sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, tenue à l’occasion du 36e Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA, le chef de l’Etat a réaffirmé «l’attachement de l’Algérie au droit légitime de l’Afrique d’accéder à la qualité de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU», soulignant son «engagement à œuvrer sans relâche pour faire entendre la voix du continent et ses revendications légitimes».

La première journée des travaux du Sommet a été marquée par la tentative de noyautage du sommet à travers la présence dans la salle de conférences d’une diplomate israélienne, directrice générale adjointe au ministère des Affaires israélien chargé de l’Afrique. Sharon Bar-Li, alors qu’elle n’était pas officiellement invitée par l’Union africaine, ainsi que l’a confirmé le porte-parole du président de la Commission de l’UA, Ebba Kalondo. En dehors de la réaction du ministère israélien des Affaires étrangères, qui a protesté contre l’expulsion de la diplomate israélienne par les services de sécurité de l’UA, proférant des menaces à peine voilées à l’encontre de l’Algérie et de l’Afrique du Sud accusées d’être derrière l’affront subi par la diplomatie de l’Etat sioniste, l’affaire n’a pas suscité la moindre réaction de soutien en faveur de la diplomate israélienne de la part des participants au Sommet, du moins officiellement et publiquement. Pas même des alliés d'Israël, des Etats africains entretenant des relations diplomatiques avec l’entité sioniste, y compris ceux qui renvoient l’image de filer le parfait amour avec les bourreaux du peuple palestinien, à l’instar du royaume du Maroc, qui est resté, bizarrement, silencieux sur cette affaire. Même si l’incident n’a pas chahuté le déroulement des travaux, le fait est politiquement et diplomatiquement grave pour qu’une enquête ne soit pas ouverte par l’organisation panafricaine afin de faire la lumière sur cette violation caractérisée des usages diplomatiques par Israël. Les participants à ce 36e Sommet de l’UA ne sont pas tombés dans ce piège tendu par Israël, qui a cherché vainement à tenir l’affiche lors de ce sommet, en le parasitant, en mettant les chefs d’Etat africains devant le fait accompli quant à la question de l’admission d'Israël au sein de l’organisation panafricaine avec le statut d’observateur.

Le Maroc s’inscrit dans la même logique d’obstruction, de dévoiement des principes et valeurs de souveraineté, d’indépendance de la décision africaine, consignés dans ses textes fondateurs. Là où l’Algérie se positionne, le Maroc n’est jamais loin pour tenter de lui barrer la route. C’est ce à quoi le makhzen s’est encore employé lors de ce sommet en postulant au poste de premier vice-président pour lequel l’Algérie a déjà fait acte de candidature. Ce siège est traditionnellement un tremplin pour décrocher la présidence tournante de l’UA de 2024, qui doit revenir à l’Afrique du Nord. Le poste, qui devait être pourvu samedi, est resté vacant. L’offensive diplomatique menée par l’Algérie sur la réforme du Conseil de sécurité de l’Onu et l’octroi de deux sièges permanents à l’Afrique à ce Conseil, et d’autres sièges en qualité de membres non permanents, le siège de membre non permanent au Conseil de sécurité que l’Algérie devra occuper l’année prochaine, au titre de représentant de l’UA, plaident en faveur de notre pays dans le duel qui l’oppose au Maroc pour le poste de premier vice-président de l’UA.

L’Algérie débloque 1 milliard de dollars au titre de l’aide à l’Afrique

Hier, l’Algérie a donné le coup de grâce au makhzen en annonçant la décision du président Tebboune d’allouer un milliard de dollars destiné, non pas à financer des opérations occultes de corruption de fonctionnaires, spécialité du Maroc, mais au titre de l’aide au développement des pays africains. Les peuples africains sauront faire la part de l’amitié et de la solidarité sincères, et l’achat des voix et des consciences pour soutenir un projet colonial. Dans le cadre de l’aide financière à l’Afrique, le Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires a décidé de débloquer 250 millions de dollars en faveur des populations se trouvant dans une situation de précarité, à l’instar des peuples de la Corne de l’Afrique menacés par la sécheresse et la famine.

A l’ordre du jour de la séance d’hier figuraient plusieurs points cruciaux pour le développement du continent africain, notamment l’accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), dossier phare de ce 36e sommet, la situation de paix et de sécurité en Afrique, la lutte contre les changements climatiques, la sécurité alimentaire, ainsi que le bilan de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’UA et la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. Les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres de l’UA ont eu également à examiner la situation en Libye. Selon certaines sources médiatiques, le principe de l’organisation d’une conférence de réconciliation nationale inclusive a été soumis et adopté hier par le Sommet. Une autre décision a été prise pour la participation de l’UA au financement des opérations de maintien de la paix sur le continent, une initiative justifiée par la situation préoccupante du terrorisme dans la région du Sahel.

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