33e sommet de la Ligue des États arabes : Tebboune appelle à une réforme urgente de l’organisation

18/05/2024 mis à jour: 16:26
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Photo : D. R.

Le président Abdelmadjid Tebboune a réitéré l’appel de l’Algérie au Conseil de sécurité pour «reconsidérer le dossier d’admission de l’Etat de Palestine, permettre à la Communauté internationale de se racheter et saisir cette opportunité pour rendre justice au peuple palestinien et lui permettre de jouir de ses droits».

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé les pays arabes à unifier leurs rangs pour être plus forts et pouvoir mieux défendre la cause palestinienne.

Dans une allocution lue en son nom par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, à l’ouverture des travaux de la 33e session du Sommet ordinaire de la Ligue des Etats arabes, jeudi à Manama, au Bahreïn, le chef de l’Etat a estimé que la conjoncture internationale actuelle exige le resserrement des rangs arabes pour faire pencher la balance du côté d’un règlement juste, pérenne et définitif de la question palestinienne. Le président Tebboune a rappelé dans ce sillage le contexte régional et international dans lequel s’est tenu ce sommet.

Un «contexte difficile» et une «conjoncture régionale de plus en plus complexe», «dont les répercussions se font ressentir dans les quatre coins du monde», a-t-il souligné. «La crise aiguë qui a frappé, de plein fouet, les relations internationales, est désormais une réalité dont les répercussions se font ressentir dans les quatre coins du monde», a-t-il ajouté.

Ce qui aggrave l’inquiétude sur l’avenir de la paix et de la sécurité dans le monde, c’est, a-t-il précisé, cette «paralysie des mécanismes d’action internationale multilatérale, en tête desquels notre Organisation onusienne et son organe central, le Conseil de sécurité». Le chef de l’Etat a relevé, dans ce contexte, «les menaces existentielles» qui guettent la population de Ghaza et «les dangers auxquels fait face la cause palestinienne, visant sa liquidation».

Il a beaucoup insisté sur la nécessité d’œuvrer pour l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et souverain. Pour ce faire, il faudra, selon lui, que les pays arabes unissent leurs forces et parlent d’une seule voix, afin de faire avancer la cause palestinienne. «Notre cause centrale a, aujourd’hui, plus que jamais besoin d’une Nation arabe unie et forte, qui soit à l’avant-garde de ses défenseurs et aux premiers rangs de ceux qui œuvrent pour l’établissement d’un Etat palestinien indépendant et souverain, comme solution juste, pérenne et définitive au conflit arabo-israélien», a-t-il estimé.

Mettre fin à l’agression

Le président Tebboune a évoqué les actions menées par l’Algérie au sein du Conseil de sécurité de l’ONU en faveur de la cause palestinienne. «L’Algérie a œuvré, depuis son adhésion au Conseil de sécurité, par fidélité et avec dévouement, à rehausser la place de la cause palestinienne au rang de cause centrale et de plus ancienne question inscrite à l’agenda de notre Organisation onusienne, mais aussi en tant que plus importante question à placer en tête des priorités de la Communauté internationale, et à soutenir en mobilisant tous les efforts nécessaires, eu égard à la place qu’elle occupe dans les cœurs de nos peuples», a-t-il souligné.

En plus des exigences dictées par la conjoncture actuelle en termes d’intensification des pressions pour mettre fin à l’agression israélienne, garantir l’acheminement des aides humanitaires et faire cesser la déportation des Palestiniens, le président Tebboune a relevé l’impérieuse nécessité de se pencher dès maintenant sur l’après-guerre à Ghaza. «Notre ferme conviction, en Algérie, est que l’après-guerre à Ghaza doit être complètement différent et opposé à l’avant-guerre», a-t-il affirmé.

«L’après-guerre à Ghaza appelle l’unification des rangs, la fédération des énergies et la mobilisation des efforts pour la relance d’un règlement du conflit qui soit sous-tendu par des bases justes, pérennes et définitives, conformément aux instruments internationaux auxquels a adhéré la Communauté internationale, dont des références, des garde-fous et une légalité immuable», a-t-il poursuivi.

Le projet national palestinien

Pour le chef de l’Etat, l’après-guerre à Ghaza doit aussi, et d’une manière indéniable, «donner naissance au projet national palestinien, consistant en l’édification d’un Etat palestinien indépendant, souverain, sans restriction, ni condition, ni entrave aucune». Il a évoqué, dans ce sillage, l’élan grandissant des reconnaissances officielles de l’Etat de Palestine et le soutien accru apporté au projet de son admission en tant qu’Etat membre de plein droit à l’ONU.

«La décision historique adoptée, il y a quelques jours, par l’Assemblée générale de l’ONU reflète dans sa teneur et ses objectifs une vérité historique, une vérité éclatante que vient, fort heureusement, de reconnaître la Communauté internationale tout entière, à savoir que le fond du conflit palestino-israélien consiste en le sabotage du projet national palestinien et que le règlement de ce conflit passe par la concrétisation de ce projet et l’accélération de l’édification de l’Etat de Palestine», a-t-il soutenu.

Le chef de l’Etat a réitéré, à l’occasion, l’appel de l’Algérie au Conseil de sécurité pour «reconsidérer le dossier d’admission de l’Etat de Palestine, permettre à la Communauté internationale de se racheter et saisir cette opportunité pour rendre justice au peuple palestinien et lui permettre de jouir de ses droits».

L’urgence de la réforme de la Ligue arabe

Outre la cause palestinienne, le président Tebboune a évoqué d’autres crises complexes qui «frappent plusieurs pays arabes aux niveaux sécuritaire, politique, économique et social». Il a cité, entre autres, la situation au Soudan, en Libye et au Yémen. Le règlement de ces crises, a-t-il estimé, il y a la nécessité d’une implication arabe majeure pour «éteindre le feu de la discorde entre les enfants d’un même pays et les prémunir contre les menaces et les dangers qui les guettent, du fait des interventions étrangères exacerbées, et de plus en plus féroces».

Pour que l’action arabe commune soit efficace en cette conjoncture particulière, il faudra, selon le président Tebboune, «placer le dossier de réforme de la Ligue arabe en tête des priorités, une réforme dont l’urgence est de plus en plus pressante, d’autant que les motifs sont désormais connus de tous».

L’urgence de cette réforme, a-t-il poursuivi, est dictée par la nécessité de «rattraper les efforts manqués face aux défis l’heure», d’«unifier nos rangs et les renforcer davantage en faveur de la défense de nos intérêts communs et de nos causes centrales». Cette réforme est aussi primordiale pour «réhabiliter l’action arabe commune, recouvrer la quiétude du monde arabe et lui permettre de reconquérir sa position en tant qu’acteur influent sur la scène internationale».

Appel à un cessez-le-feu immédiat

Les participants au 33e Sommet de la Ligue arabe ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à l’acheminement rapide de toute l’aide humanitaire dont ont besoin urgemment les populations meurtries de Ghaza. La déclaration finale appelée «Déclaration de Bahreïn», adoptée par les 22 membres de cette organisation régionale, a relevé la nécessité absolue d’ «arrêter immédiatement l’agression israélienne contre la bande de Ghaza, de retirer les forces d’occupation de toutes les zones de la bande, de lever le blocus qui lui est imposé, de supprimer tous les obstacles et d’ouvrir tous les points de passage pour l’introduction d’une aide humanitaire suffisante dans toute la bande».

Les signataires de cette déclaration ont appelé à fournir un appui nécessaire aux organisations des Nations unies, en particulier l’Agence des Nations unies pour le secours et l’emploi des réfugiés (UNRWA), afin qu’elles puissent assumer leurs responsabilités librement et en toute sécurité. Ils ont réitéré leur «rejet catégorique» de toute tentative de déplacement forcé des Palestiniens de Ghaza ou de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

Les Etats arabes ont appelé à «un règlement pacifique juste et global de la question palestinienne», à soutenir l’invitation du président de l’État de Palestine, Mahmoud Abbas, pour la tenue d’une conférence internationale pour la paix, et à «prendre des mesures irréversibles pour la mise en œuvre de la solution à deux États, conformément à l’initiative de paix arabe et aux résolutions de la légitimité internationale pour la création de l’État palestinien indépendant et souverain aux frontières du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale».

 

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