21e édition de la conférence internationale anti-corruption : L’urgence d’actions concrètes contre la kleptocratie

23/06/2024 mis à jour: 06:04
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Beaucoup de hauts responsables ont participé à cette 21e édition de la CIAC dont les travaux se sont tenus en Lituanie - Photo : D. R.

En confrontant chefs d’Etat, institutions internationales, société civile et secteur privé, les initiateurs de la CIAC cherchent à mobiliser la communauté mondiale et à fédérer les actions pour relever les défis, de plus en plus sophistiqués, posés par la corruption.

Al’heure actuelle, le monde est confronté à une myriade de menaces contre les droits de l’homme et l’ordre mondial – de la montée de la kleptocratie et de l’autoritarisme au changement climatique – et la corruption alimente chacun de ces défis. (…) Ces menaces interconnectées perturbent toutes de manière féroce la sécurité mondiale.

En même temps, tous ceux qui luttent pour l’intégrité, l’environnement et la justice sociale sont confrontés à une guerre meurtrière». Cette mise en garde de Delia Ferreira Rubio, présidente de Transparency International, exprimée en prélude à la 21e édition de la Conférence internationale anti-corruption (CIAC) qui s’est tenue du 18 au 21 juin à Vilnius, en Lituanie, montre comment la cupidité et le manque d’intégrité des détenteurs de pouvoir, sont devenus une norme qui a tendance à s’universaliser.

Elle montre également comment l’impunité que les corrompus en col blanc «sont prêts à franchir n’importe quelle ligne rouge pour la perpétuer», est en train de se doper de «l’argent sale, d’un système financier obscur, de légions incontrôlées de catalyseurs et de vastes nouvelles possibilités indirectement offertes par les nouvelles technologies et la mondialisation».

Pour en débattre des tenants et aboutissants, 4 jours durant, Transparency International et des autorités lituaniennes, les coorganisateurs, ont donné l’occasion à environ 2000 participants provenant de plus de 160 pays dont l’Algérie. Parmi eux se trouvaient des chefs d’État, des dirigeants politiques, des leaders d’entreprises, des responsables de grandes institutions financières internationales, des organisations de la société civile, des universitaires, des activistes et des journalistes d’investigation.

Le  choix du thème, Standing Up for Integrity - Rester debout pour l’intégrité -, dédié, cette année, à la CIAC, ce plus grand forum mondial indépendant contre la corruption, créée en 1983 et se tient tous les deux ans dans différentes régions du monde, n’est pas anodin : le changement climatique, le manque de confiance dans la gouvernance publique et la propagation des régimes populistes et kleptocratiques continuant d’exacerber «l’augmentation des violations des droits de l’homme, des crimes contre l’humanité, de la criminalité environnementale, du commerce et du trafic illicites et du pouvoir de la criminalité organisée», insistent les organisateurs.

Mais de tous les thèmes et sujets abordés, lors des panels et plénières (une centaine), à l'appui d'efforts de lutte contre la corruption plus efficaces, notamment l'examen des rôles de la technologie, de l'intégrité des entreprises, de la démocratie, de la klepotocratie, de la finance verte, de l’espace civique et de la sécurité mondiale, ce sont les sessions dédiées aux «Kleptocrates, criminels, trafiquants et complices : il est temps de fermer leur entreprise mondiale» et «Démocratie et droits de l’homme assiégés : s’attaquer au côté le plus sombre de la corruption», mettant en lumière la manière dont ces acteurs dirigent une économie souterraine de plusieurs milliards de dollars, qui étaient les moment forts de la conférence.

Urgence

Depuis Vilnius, l’urgence d’«agir pour les arrêter» et de «renforcer nos alliances et de soutenir tous ceux qui luttent pour leurs droits et pour notre avenir commun: ce n›est qu'alors que nous pourrons couper le nœud gordien de la corruption» a, à cet effet, été ardemment revendiquée, à l’unanimité, par les panelistes.

La finalité étant d’«aider les sociétés à mener à bien des tâches d’une importance cruciale, telles que la sécurité économique, le renforcement de la démocratie, la protection contre la kleptocratie et le maintien de la paix», surtout.

Cette édition lituanienne de la CIAC qui sert de plateforme «pour sensibiliser, lancer des débats et faire avancer l’agenda mondial anti-corruption», intervient, faut-il le noter, dans un contexte particulier : 2024 est une année de vote pour une grande partie du globe : Parlement européen, Algérie, Sénégal, Inde, Russie, Taïwan, États-Unis, Bangladesh, Royaume-Uni, etc. mais aussi une année cruciale pour la démocratie dans le monde.

D’où l’accent mis par les experts et partenaires de Transparency International sur «la protection des élections contre le financement illicite, l’arrêt des flux d’argent sale dans les marchés immobiliers, et la compréhension de l’impact des lois sur les agents étrangers sur les efforts anti-corruption», explorant, par ailleurs, «les voies juridiques pour les victimes de la corruption pour obtenir justice, l’amélioration de la transparence de la dette pour atténuer les risques de corruption et les solutions d’intégrité des affaires pour les marchés publics».

Etaient, à ce titre, tout ouïe les officiels, de hauts rangs, présents, comme la Première ministre de la République de Lituanie, le Coordinateur de la lutte contre la corruption mondiale au Département d’État des États-Unis, la Secrétaire générale du Conseil de l’Europe, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’homme, la Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe, le Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Vice-président Intégrité du Groupe de la Banque mondiale et le Co-fondateur du Projet de reportage sur le crime organisé et la corruption, des représentants de la Banque Africaine de Développement (BAD), etc.

En confrontant chefs d’Etats, institutions internationales, société civile et secteur privé, les initiateurs de la CIAC cherchent à mobiliser la communauté mondiale et à fédérer les actions pour relever les défis, de plus en plus sophistiqués, posés par la corruption.

Abolir ce système international de gouvernance opaque et truffé de failles qui encourage ce fléau planétaire, laissant libre cours à toutes les aberrations et injustices, est l’autre enjeu souligné par les conférenciers : «En tant que collectif mondial, nous avons demandé à plusieurs reprises aux dirigeants mondiaux de traduire en actions concrètes les promesses de défendre les valeurs fondamentales et de lutter contre la corruption. Parce que le manque de résultats a accru les menaces mondiales d’aujourd’hui», ont-ils conclu. 


 

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