21e anniversaire des événements de Kabylie de 2001 : «Les commanditaires de cette tragédie doivent être jugés»

19/04/2022 mis à jour: 01:27
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Vingt et un ans  se sont déjà écoulés depuis les tragiques événements de Kabylie de 2001, enclenchés suite à l’assassinat d’un jeune à l’intérieur des locaux de la Gendarmerie nationale à Beni Douala, dans la wilaya de Tizi Ouzou, d’où est partie la première étincelle d’une révolte qui a embrasé toute la région.

 Il s’agit de Guermah Massinissa, dit Moumouh, lycéen, dont la mémoire a été honorée, hier, lors d’un recueillement organisé, comme chaque année, devant sa tombe, au village Agouni Arous, dans la commune d’Aït Mahmoud, où le défunt repose en paix. 

D’anciens délégués de la coordination des Archs, entre autres, ont pris part à cet hommage qui se veut, selon les présents, comme une pensée particulière à tous ces jeunes tombés durant cette période sanglante qu’a connue la Kabylie. Des gerbes de fleurs y ont été déposées par les citoyens qui revisitent, dans le souvenir, des moments douloureux. «Des jeunes ont été ravis aux leurs à la fleur de l’âge dans des événements qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets. 

Qui était derrière cette tragédie ?», s’interrogent des parents des victimes du Printemps noir. «Ni la justice ni la vérité n’ont été faîtes. Les commanditaires de ces actes de violence à l’égard de nos enfants doivent être jugés», ont-ils martelé, tout en revenant sur ces événements qui ont endeuillé la région de Kabylie. 

Celle-ci avait été le théâtre de grandes manifestations populaires, souvent réprimées dans le sang par les forces de l’ordre, dans une atmosphère d’émeutes et d’affrontements avec des jeunes en colère. La révolte gagne toutes les localités. L’on avait dénombré, outre les décès, des dizaines, voire des centaines de blessés à Tizi Ouzou, Bouzeguene, Larbaâ Nath Irathen, Aïn El Hammam, Azazga et Tigzirt, entre autres, où le bilan des victimes s’alourdissait alors que les heurts faisaient rage. 

Rappelons que devant cette situation et voulant surtout arrêter l’effusion de sang, des citoyens se sont concertés  pour maintenir la révolte sous forme de contestation pacifique. C’est à partir de là qu’une structure a vu le jour pour canaliser la protestation sous la coupe de la coordination interwilayas des Archs, daïras et communes qui a élaboré la Plateforme d’El Kseur portant sur des revendications «scellées et non négociables». 

Toutefois, les multiples invitations au dialogue par le pouvoir ont réussi à créer des divergences au sein du mouvement citoyen. Les «dialoguistes» et les «non-dialoguistes» tentaient, chaque partie de son côté, de faire passer leur «projet», et ce, jusqu’en 2004, quand une partie a pris langue avec la chefferie du gouvernement et une autre dénonçait le «simulacre» de dialogue. Un protocole d’accord a été paraphé, en 2004, entre l’Etat et la délégation dialoguiste sur «l’application de la Plateforme d’El Kseur». 

Cela a été suivi par la venue d’Ahmed Ouyahia, en sa qualité de chef de gouvernement, le 18 avril 2005, à Agouni Arous, à l’occasion d’un recueillement sur la tombe de Guermah Massinissa. Des mesures de normalisation ont été prises par l’Etat qui a décidé, entre autres, d’indemniser les familles des victimes et l’organisation des élections locales anticipées. 

Mais, aujourd’hui, après plus de deux décennies depuis cette tragédie, l’exigence du jugement des auteurs et des commanditaires de cet épisode sanglant dans l’histoire de l’Algérie indépendante est toujours réitérée. «La lumière et la vérité sur ce qui s’est passé en Kabylie durant les événements du Printemps noir doivent être faites», clament, à chaque occasion, les familles des victimes.

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