18es Rencontres cinématographiques de Béjaïa (RCB) : Deux films sur le Liban meurtri et les Palestiniens pour la clôture

30/09/2023 mis à jour: 09:57
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Scène du film Bir’em

Ahcène Kraouche, président de l’association Project’heurts, organisatrice de l’événement, a salué le public, les bénévoles, les partenaires et les artistes «qui ont contribué à la réussite de l’événement». Le public a applaudi debout l’excellent travail fait par la trentaine de jeunes bénévoles durant la manifestation. Des bénévoles efficaces qui étaient au petit soin avec les invités.
 

Abdelfetah Hakim, membre du comité artistique des RCB, a salué l’universitaire Latéfa Lafer et le réalisateur Nabil Djedouani qui l’ont assisté pour la sélection des courts et longs métrages et des documentaires projetés du 23 au 28 septembre 2023 à la cinémathèque de Béjaïa. Il a évoqué le travail fait par les associations culturelles des villages de Timzrit et d’Aït Aïssa où des films ont été projetés.
 

Le court métrage Héritage, du Français Matthieu Haag a été projeté, après la brève cérémonie de clôture. L’histoire se déroule en octobre 2020, au quartier de Karantina, à Beyrouth, quelques semaines après l’explosion qui a ravagé le port de la capitale libanaise et provoqué la mort de 235 personnes.
 

(Scène du film l'Héritage )

 

 

 

 

Un pays éteint 

Zeina (Rita Hayek) et son père (Camille Salameh) se rencontrent dans l’appartement familial situé en face des quais de Beyrouth. Zeina, enceinte, va annoncer une nouvelle choquante à son père.
 

Le dialogue se déroule alors sous forme théâtrale sur les notions du départ et de liberté. Parallèlement à cet échange, les Libanais, face caméra, parlent de leur vie et de la présence au Liban. 

Un mélange fiction-documentaire peu convaincant. «Au Liban tout est possible. On se lève le matin et on ne sait pas ce qui va arriver. Tout est possible dans un sens comme dans un autre. Après l’explosion de 2020, des amis libanais ont été touchés. Je suis parti à Beyrouth avec un appareil photo. 

J’ai vu un pays éteint, figé. J’ai fait une exposition de photos prises sur le vif. J’ai senti que je n’ai pas réussi à aller au bout de ce que je voulais faire pour le Liban. J’y suis revenu des mois après en essayant d’avoir le recul sur ce qui s’est passé. En tant qu’étranger, j’ai réussi à avoir juste une petite distance pour analyser l’après 4 août 2020. J’ai pu le faire par ce je venais d’ailleurs», a déclaré Matthieu Haag, lors du débat après la projection. 

Il a soutenu qu’il n’existe pas encore de distance suffisante pour écrire une fiction sur les retombées dramatiques de l’explosion du port de Beyrouth. «Il était nécessaire de récontextualiser par rapport à la volonté des jeunes Libanais de partir (...) J’ai écrit un scénario d’une fiction avec des intermèdes documentaires. Je trouvais déplacé de parler du Liban à travers deux personnes privilégiées. Il fallait donc donner la parole aux Libanais», a souligné le cinéaste.
 

Redonner vie aux ruines

Bir’em, premier long métrage du Français Camille Clavel, évoque la question du retour des Palestiniens à leurs terres, prises de force lors de la Nakba en 1948. 

Nagham (Sama Abuleil), une jeune chrétienne palestinienne, revient à la maison en ruine de ses grands-parents à Bir’em, village en Haute-Galilée, rasé de la carte par les Israéliens en 1953. Nagham, qui travaille dans une exploitation agricole (kibboutz) avec sa père, va à la découverte du village fantôme, en compagnie de son grand- père (Ibrahim Eissa), un poète mélancolique.
 

Elle revient «s’installer» avec ses copains pour redonner vie à la maison. Elle organise même un dîner dansant et un bivouac à côté de l’église. Ce qui n’est pas du goût ni de ses parents ni des colons israéliens. Le film expose sans profondeur le drame des Palestiniens qui continuent de réclamer le droit de retour à leurs terres sans être entendus par le monde.
 

Dans les discussions autour d’un feu de camp, Fadi, un ami de Nagham, avoue qu’il veut partir parce qu’il se sent étouffé, une sensation qu’ont souvent les Arabes de l’intérieur (les arabes d’Israël). «Si on part tous, qui va défendre notre cause ? Qui va élever les générations futures ? Qui pourra nous sauver ? Partout dans le monde, tu te sentiras dans une cage. Ton existence et ton identité ne sont pas reconnues. Une cage est une cage et tu seras toujours dedans», réplique Nagham, le ton amer et coléreux. 

Le mieux, pour elle, est de rester sur les terres de ses ancêtres. Elle reprend avec Fadi la cueillette des olives, pratique très ancienne des Palestiniens, pour souligner l’attachement à la terre et aux arbres. L’olivier est un symbole de la Palestine historique. «J’ai l’impression que la jeune génération (palestinienne) veut se réapproprier son histoire.

 Plus de 500 villages ont été détruits en 1948. Nagham est attachée à son grand-père, à la mémoire du village», a souligné Camille Clavel.

Le film met en valeur l’idée de la transmission lorsque le grand père de Nagham lui remet la clef de la maison. Camille Clavel, qui a sollicité des acteurs non professionnels, a eu des difficultés à tourner le film. Les images ont été captées d’une manière clandestine. 

 

 

 

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