12e Festival international du théâtre de Béjaïa : Quand l’ennui et le doute tuent l’amour...

18/10/2023 mis à jour: 03:22
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Pièce Confessions conjugales

La pièce égyptienne Itirafat zaoudjia (Confessions conjugales), présentée lundi 16 octobre au soir, au Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaia (TRB), au troisième soir du 12e Festival international du théâtre de Béjaïa (FITB), explore les relations, jamais simples, au sein d’un couple.

 

Produite par Sufi Performing Arts Troupe et mise en scène par Ahmed Fouad, la pièce est une adaptation de Petits crimes conjugaux du dramaturge franco-belge Eric-Emmanuel Schmitt. Un soir une femme (Nora Ismat) conduit son époux (Ahmed Salakaoui) à la maison. 

L’homme quitte l’hôpital après avoir perdu la mémoire suite à «un accident». Il retrouve un appartement qu’il ne reconnaît presque pas, plongé dans une semi-obscurité. L’épouse lui montre les meubles, le vieux fauteuil, le bureau, les livres, le gramophone... Elle lui rappelle qu’il ne voulait rien changer à la maison. Même les miettes de la nourriture devaient être laissées aux fourmis pour «garder des traces de notre existence». 
 

La bibliothèque n’aurait de sens, à ses yeux qu’en gardant la poussière. La discussion se poursuit sur leur relation conjugale, leurs souvenirs et leurs rêves partagés. L’homme semble trouver par moments sa mémoire. Et, la femme, qui dit que son époux est écrivain, se rappelle avec douleur qu’elle n’était pas heureuse avec lui. Elle reproche à son conjoint de la négliger. L’amour qui les lie s’effiloche au fil du temps sous le poids de l’ennui. Cet amour peut-il être sauvé ? L’homme autant que la femme ont des doutes sur la fidélité de chacun. Doivent-ils rester ensemble ? Au fil de la discussion, chacun fera un petit aveu sur ce qu’il a fait à l’autre...
 

Un théâtre qui invite à la réflexion

Dans son adaptation, Ahmed Fouad a choisi de ne pas donner de noms à ses personnages comme pour signifier que cette histoire peut se dérouler à n’importe quelle époque et n’importe où. La pièce offre une réflexion sur la nature des rapports pouvant exister au sein d’un couple, sur la fidélité, sur les sentiments mis à l’épreuve du temps, sur la franchise...

 S’appuyant sur des dialogues fournis, la pièce du style réaliste est servie par une bonne maîtrise de l’espace et par un éclairage expressif. Sur scène, les deux comédiens n’ont laissé aucun moment de vide. Le caractère, parfois narratif de la pièce, est allégé par le mouvement des personnages et des touches musicales. Au Festival national du théâtre en Egypte, où la pièce a été présentée pour la première fois, Ahmed Salakaoui et Nora Ismat ont été nominés pour le Prix de la meilleure interprétation. Mohamed Mabrouk, responsable de Sufi Performing Arts Troupe, a précisé que la pièce a été produite depuis plus d’une année. «En Egypte, il y a encore un public qui s’intéresse au théâtre invitant à la réflexion et portant un point de vue. Un théâtre qui peut provoquer des débats. Le théâtre commercial est produit par le secteur privé. Il cible surtout le public large et les touristes avec son caractère divertissant», a-t-il dit.
 

«Ciel soir espoir»

Sufi Performing Arts Troupe, une compagnie indépendante, a déjà produit plusieurs pièces comme No exit, Déjà vue, Picnic in campagna, Mc..beth moubachir. «Nous produisons toutes les formes de théâtre, des monodrames, des duos, des grandes pièces. Pour le financement, nous nous appuyons sur les recettes des spectacles mais également sur les subventions de l’Etat», a indiqué Mohamed Mabrouk. «C’est notre troisième participation au festival de Béjaïa. C’est un festival qui nous permet de rencontrer des artistes et des intellectuels qui viennent d’autres pays. Cela nous ouvre des perspectives. 

Ce qui est intéressant est que le Festival de Béjaïa veut atteindre le grand public, toucher les enfants et les jeunes. C’est un aspect que nous apprécions beaucoup. Nous avons déjà participé à des festivals en Algérie (Sétif et El Oued). Nous avons également présenté nos pièces en Tunisie, aux Emirats arabes unis et en Italie», a-t-il ajouté. Le 12e Festival international du théâtre de Béjaïa se poursuit jusqu’au 21 octobre 2023. 

Dimanche 15 octobre, la troupe italienne Lucido Sottile a présenté Ciel soir espoir, un spectacle dansant et chantant interprété par Michela Sale Musio et Tiziana Troja qui sont également directrices artistiques de cette troupe venue de Cagliari, capitale de la Sardaigne, au sud de l’Italie. Le spectacle, sans paroles, est une critique acide du «système» du show-biz, de la quête de la réputation artistique et des coups bas presque inévitables dans ce monde où chacun rêve de devenir star. 
 

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