Des visons à l’œil infecté, des cadavres de renard mutilés laissés dans une cage aux côtés de ses congénères vivants : un consortium d’associations a dénoncé, la semaine dernière, les conditions de vie d’animaux dans 31 fermes à fourrure en Europe.
Ce consortium s’appuie sur des images prises dans des fermes au Danemark, en Finlande, en Pologne, en Lituanie, en Lettonie et en Espagne.
Elles ont été filmées clandestinement entre avril et début novembre dernier par une série d’associations et d’ONG, dont Oikeutta eläimille (Finlande), Otwarte Klatki (Pologne) et Tu Abrigo Su Vida (Espagne), a précisé à l’AFP Kristo Muurimaa, militant au sein de Oikeutta eläimille. Autour de cent visites ont été effectuées au total.
Les photos et la vidéo montrent des visons, renards et chiens viverrins malades ou pris de convulsions, et de nombreux cadavres recouverts de plaies ouvertes traînant dans les cages.
Pour l’ONG de défense des animaux Humane Society International, qui porte la voix de ces associations, ces images doivent servir de levier pour obtenir l’interdiction de ces fermes. «Il faut interdire l’élevage des animaux à fourrure dans toute l’Europe, car il est évident que la souffrance animale est la marque de fabrique de cette industrie», a fait valoir auprès de l’AFP Wendy Higgins, porte-parole.
Une pétition demandant la fin de l’industrie de la fourrure a rassemblé un million et demi de signatures de citoyens européens et a été soumise à la Commission européenne. Une réponse est attendue d’ici le 14 décembre, selon l’ONG.
«Je ne vais pas réagir (aux conclusions) de personnes qui s’introduisent dans des fermes, font peur aux animaux et créent des vidéos fallacieuses», a réagi Mark Oaten, PDG de l’organisation International Fur Federation qui représente le secteur de la fourrure. «Nous sommes ouverts à un examen scientifique des fermes à fourrure, faite par des scientifiques indépendants, nous n’avons rien à cacher, rien à craindre», a-t-il ajouté, précisant qu’une interdiction pure et simple coûterait des milliers d’emplois pour une industrie qui représente 18 milliards de dollars dans le monde. Vingt pays européens ont banni l’élevage d’animaux à fourrure, dont 15 Etats-membres.
En Europe du Nord, la Finlande, leader européen en la matière, compte environ 400 fermes à fourrure, soit environ 1,3 million d’animaux, majoritairement des visons et des renards. Au Danemark, l’élevage du vison a été ré-autorisé le 1er janvier après une brève interdiction pendant la Covid pour combattre les mutations du virus.