Près de 200 organisations humanitaires ont appelé, hier, les donateurs à réunir les 2,3 milliards de dollars manquant pour financer l’aide au Yémen, en mettant en garde contre les «conséquences catastrophiques» du manque de fonds alloués à ce pays en guerre.
«A ce jour, seuls 435 millions de dollars sur les 2,7 milliards de dollars requis par le Plan de réponse humanitaire au Yémen pour 2024 ont été financés, ce qui laisse des besoins non satisfaits de 2,3 milliards de dollars», ont indiqué 188 organisations, dont plusieurs agences de l’ONU, dans un communiqué conjoint, relayé par l’AFP.
Les donateurs doivent «urgemment combler» ces besoins, ont-elles ajouté à la veille d’une réunion de hauts responsables européens à Bruxelles consacrée à la situation humanitaire au Yémen. Après plus de neuf années de guerre dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, plus de la moitié de la population, soit 18,5 millions de personnes, ont besoin d’aide humanitaire, selon le communiqué.
«L’inaction aurait des conséquences catastrophiques sur la vie des femmes, des enfants et des hommes yéménites», ont souligné les organisations. Le Yémen est en proie, depuis 2014, à un conflit, opposant les Houthis, proches de l’Iran, au gouvernement, soutenu par une coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite.
La guerre a fait des centaines de milliers de morts, dont la majorité est due aux conséquences indirectes du conflit, telles que le manque d’eau potable, la faim et les maladies, selon l’ONU. Les violences ont considérablement baissé depuis une trêve conclue en avril 2022, entraînant une «légère amélioration des conditions humanitaires», mais les besoins restent «significatifs», selon les organisations.
«Le sous-financement constitue un défi pour la continuité des programmes humanitaires, entraînant des retards, des réductions et des suspensions des programmes d’aide vitale», ont-elles prévenu.
Par ailleurs, les Houthis ont annoncé hier avoir arrêté au moins 18 personnes accusées d’appartenir à un «réseau d’espionnage» au service des Etats-Unis et d’Israël. L’agence de presse Saba, dirigée par les Houthis, a publié des photos et des vidéos d’hommes présentés comme des «espions recrutés pour recueillir des informations et surveiller les sites exploités par les forces armées yéménites (...) au profit des ennemis américain et israélien».
Selon l’agence, ils ont été recrutés après le début en novembre des attaques contre les navires au large du Yémen, que ces insurgés disent mener en solidarité avec les Palestiniens, dans le contexte de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Ghaza.
Toujours selon la même source, selon qui certains suspects ont fait des «aveux», les agents avaient pour instruction de surveiller les sites de lancement de missiles et de drones visant les navires et de transmettre leurs coordonnées pour faciliter les frappes américaines et britanniques.
Depuis janvier, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené plusieurs raids contre les positions des Houthis, au nom de la protection de la navigation en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une voie maritime essentielle pour le commerce mondial. Mais ces frappes n’ont pas dissuadé les Houthis qui contrôlent de larges pans du Yémen et disent cibler les navires liés à Israël, ainsi que les navires américains et britanniques.