Visite du Premier ministre australien en Chine : L’île-continent s’engage à «travailler de manière constructive» l’Empire du Milieu

06/11/2023 mis à jour: 00:31
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Les premiers ministres Li Qiang et Anthony Albanese à Shanghai

Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, s’est engagé, hier, à «travailler de manière constructive» avec la Chine lors de sa visite d’Etat, signe du réchauffement des relations bilatérales. 

«Le gouvernement que je dirige continuera de travailler de manière constructive avec la Chine», a-t-il déclaré à Shanghai, lors d’un discours à l’ouverture de l’Exposition internationale sur les importations de la Chine, selon des propos recueillis par l’AFP.

Le Premier ministre australien est arrivé, samedi dernier, en Chine pour un voyage de quatre jours à Shanghai et Pékin. Il s’agit du premier déplacement d’un dirigeant australien dans le pays depuis 2016. D’après le ministère chinois des Affaires étrangères, A. Albanese devrait rencontrer, vendredi, des dirigeants chinois et avoir «un échange de vues approfondi sur les questions bilatérales», internationales et régionales. «La Chine est prête à travailler avec l’Australie afin de faire de cette visite l’occasion de renforcer la communication, d’accroître la confiance mutuelle, élargir la coopération, approfondir l’amitié et d’encourager l’amélioration continue (...) des relations bilatérales», a déclaré le porte-parole du ministère, Wang Wenbin à la presse.
 

Les relations entre Canberra et Pékin se sont particulièrement tendues lorsque l’Australie a réclamé une enquête internationale sur l’origine du coronavirus, détecté pour la première fois en Chine, fin 2019. L’année suivante, elle a interdit le géant chinois des télécommunications Huawei d’un appel d’offres pour la construction du réseau national 5G. En riposte, la Chine a imposé, en 2020, des droits de douane élevés sur des exportations australiennes clés telles que l’orge, le bŒuf et le vin, au plus fort d’un conflit diplomatique avec l’ancien gouvernement conservateur en poste à l’époque à Canberra. Pékin a également cessé d’acheter de l’Australie d’importantes quantités de matières premières, dont le charbon.
 

De l’escalade au dégel

Les tensions dans les relations entre les deux pays sont montées d’un cran en 2021, quand l’Australie a annoncé son adhésion à l’accord trilatéral d’Aukus avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Dans ce cadre, les trois pays ont lancé, en mars dernier, le programme de coopération concernant les sous-marins nucléaires, dans le cadre de leur alliance baptisée Aukus. 

Selon Canberra, ce projet coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années. «Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face ensemble aux défis d’aujourd’hui et de demain», a déclaré, à cette occasion, le président américain. Il a implicitement fait référence à la Chine, en affirmant que l’alliance Aukus devait assurer que «la zone indo-pacifique reste libre et ouverte». Le programme de sous-marins d’attaque, qui ambitionne de remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, se déclinera en trois phases, selon la Maison-Blanche. Il y aura tout d’abord une phase de familiarisation de l’Australie qui n’a pas de sous-marins à propulsion nucléaire ni de technologie nucléaire militaire ou civile. L’objectif est de déployer, à partir de 2027 et sur un principe de rotation, quatre sous-marins américains et un sous-marin britannique sur la base australienne de Perth (ouest). 

Dans un deuxième temps, l’Australie achètera trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux supplémentaires. Ils doivent être livrés à partir de 2030.  

Dans la troisième et la plus ambitieuse étape du programme, les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni vont s’associer pour une nouvelle génération de sous-marins d’attaque baptisée SSN-Aukus. Les nouveaux navires, de conception britannique et incorporant des technologies américaines avancées, seront construits et déployés par le Royaume-Uni et l’Australie. Ils doivent être livrés à partir de la fin des années 2030 et du début des années 2040. 
La Chine a critiqué ce programme en qui elle voit une «voie erronée et dangereuse», violant les objectifs du Traité de non-prolifération avec «un risque grave de prolifération nucléaire». 

«Ces trois pays s’engagent de plus en plus sur une voie erronée et dangereuse, au profit de leurs seuls intérêts géopolitiques et au mépris total des préoccupations de la communauté internationale», a fustigé, devant la presse, le 14 mars, un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Accusant les trois pays occidentaux d’inciter à une course aux armements, avec une alliance incarnant «une façon de penser typique de la guerre froide», il a ajouté que la vente des sous-marins «constitue un risque grave de prolifération nucléaire et va à l’encontre des buts et objectifs du Traité de non-prolifération». 

Cependant avec le retour des travaillistes au pouvoir en mai 2022, les deux pays ont opté pour la désescalade. Nombre des barrières tarifaires ont toutefois été levées par la Chine sur les marchandises australiennes. Côté diplomatique, des progrès ont également été réalisés récemment. Pékin a libéré, début octobre, la journaliste australienne Cheng Lei, détenue depuis plus de trois ans pour des accusations d’espionnage.

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