Les responsables des juntes au pouvoir au Mali et au Burkina, deux pays du Sahel, ont décidé de «renforcer leur partenariat militaire», a indiqué hier la présidence burkinabè, citée par l’AFP.
«Nous entendons, dans les jours à venir, mieux examiner et renforcer le partenariat militaire qui existe entre nous, pour davantage relever les défis sécuritaires auxquels les populations, nos peuples sont confrontés», a affirmé le président burkinabè dans un communiqué. Un communiqué de la présidence malienne a confirmé ces propos.
Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch en janvier, a rencontré à Bamako son homologue malien, le colonel Assimi Goïta, lui aussi arrivé au pouvoir lors d’un coup d’Etat en mai 2021, pour une «visite de travail et d’amitié» de quelques heures. Il s’agit du premier déplacement à l’étranger du chef de la junte burkinabè.
Le Burkina Faso et le Mali partagent une frontière de plus d’un millier de kilomètres, une zone touchée par de nombreuses attaques de groupes djihadistes. Fin août, le Burkina Faso et le Niger, pays également frappé par ces groupes islamistes, ont invité Bamako à «revenir assumer ses responsabilités» dans le cadre d’une coopération sous-régionale dans la lutte antidjihadiste. Mi-mai, le Mali a décidé de se retirer du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) et de sa force conjointe, une alliance militaire luttant contre les groupes djihadistes, invoquant une «perte d’autonomie» et «une instrumentalisation» au sein de cette organisation régionale. Bamako s’est progressivement détourné de Paris et de ses alliés.
L’armée française, poussée vers la sortie, a transféré aux autorités maliennes ses différentes bases au Mali et quitté en août le pays après neuf ans d’engagement contre les djihadistes. Aujourd’hui,le chef de la junte burkinabè s’entretiendra avec un autre chef d’Etat voisin, le président ivoirien, Alassane Ouattara. Le Burkina et la Côte d’Ivoire partagent une frontière de près de 600 kilomètres et des milliers de réfugiés burkinabè ont fui ces dernières années les attaques djihadistes qui touchent leur pays pour trouver refuge dans le nord de la Côte d’Ivoire, moins frappé par ces violences.
Le Burkina Faso, où la junte a promis de faire de la lutte antidjihadiste sa priorité, est confronté comme plusieurs pays voisins à la violence de mouvements armés djihadistes affiliés à Al Qaïda et au groupe Etat islamique, qui y ont fait depuis 2015 des milliers de morts et quelque deux millions de déplacés. Plus de 40% du territoire du Burkina est hors du contrôle de l’Etat, selon des chiffres officiels, et les attaques se sont multipliées depuis le début de l’année.