Le président chinois, Xi Jinping, est arrivé hier au Vietnam, une première en six ans, pour une visite d’Etat de deux jours destinée à contrer l’influence des Etats-Unis sur ce pays d’Asie du Sud-Est, selon l’AFP. Visite qui a pour objectif de contenir la puissance économique de la Chine et de garantir l’approvisionnement en matériaux essentiels nécessaires à son industrie de haute technologie.
S’exprimant après son arrivée à l’aéroport de Hanoï, le président chinois a déclaré qu’il s’entretiendrait avec les dirigeants vietnamiens sur «les questions globales et stratégiques et sur la direction que prendra la relation bilatérale, ainsi que sur les questions internationales et régionales d’intérêt commun, afin de faire passer une nouvelle étape à notre relation», selon les médias d’Etat chinois. Il a rencontré au premier jour de sa visite le chef du Parti communiste au pouvoir au Vietnam, Nguyen Phu Trong. La Chine et le Vietnam ont indiqué dans un communiqué commun qu’ils «continueraient à approfondir et accroître leurs relations bilatérales». Ils se sont accordés pour construire «une communauté avec un avenir commun». Plus de 30 accords ont été signés, dont l’engagement de développer des liens ferroviaires entre le Vietnam et la Chine.
Le Vietnam privilégie depuis longtemps une politique d’équilibre consistant à rester en bons termes avec les deux puissances. Il partage les inquiétudes des Etats-Unis concernant l’affirmation croissante de Pékin dans la mer de Chine méridionale, mais il entretient également des liens économiques étroits avec la Chine, avec qui il a une frontière commune. Hanoï et Pékin partagent déjà un partenariat stratégique global, le statut diplomatique le plus élevé du Vietnam. Le Vietnam et les Etats-Unis sont passés à ce même niveau en septembre. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré que la visite portera sur «le renforcement des relations sino-vietnamiennes».
L’Asie aux Asiatiques
Dans un article publié hier dans le journal vietnamien Nhan Dan, Xi Jinping a indiqué que «l’avenir de l’Asie n’est entre les mains de personne d’autre que les Asiatiques». L’ordre du jour du voyage du leader chinois comprend «la politique, la sécurité, la coopération pratique, la formation de l’opinion publique, les questions multilatérales et les questions maritimes», a-t-il précisé.
Cette visite intervient dans un contexte de vives tensions entre la Chine et les Philippines en mer de Chine méridionale, après des affrontements entre les navires des deux pays sur les récifs ces derniers jours. Manille a déclaré avoir convoqué l’ambassadeur chinois lundi et a évoqué la possibilité de l’expulser. Le Vietnam, tout comme la Malaisie, Brunei et Taïwan, a également des revendications en mer de Chine méridionale concurrentes de celles de Pékin. Au cours de la dernière décennie, la Chine a intensifié ses travaux de poldérisation en mer de Chine méridionale, créant des îles militarisées, dotées de pistes d’atterrissage, de ports et de systèmes radar.
Au cours de la visite de J. Biden, le Vietnam et les Etats-Unis ont mis en garde dans un communiqué commun contre les «menaces ou l’usage de la force» en mer de Chine méridionale. Hanoï s’est dit contrarié par la publication, en septembre, d’une nouvelle carte officielle chinoise montrant sa souveraineté sur la quasi-totalité de cette zone de navigation, qui constitue une artère essentielle du commerce mondial.
Comme Joe Biden en septembre, Xi Jinping pourrait rechercher une coopération plus étroite sur les minéraux de terres rares utilisés dans l’industrie high-tech. Le géant américain des puces Nvidia souhaite établir une base au Vietnam pour développer son industrie des semi-conducteurs, a déclaré son PDG, cité par le gouvernement vietnamien dimanche soir. Les médias vietnamiens ont rapporté le mois dernier que la société chinoise China Rare Earth Group recherchait une collaboration avec le géant minier vietnamien Vinacomin.