Le Vietnam a célébré le 70e anniversaire de la victoire de Diên Biên Phu contre les troupes françaises, sous le signe de la réconciliation avec l’ancienne puissance coloniale.
La cérémonie de près de deux heures, débutée sous la pluie, a rassemblé environ 12 000 personnes dans un stade, où des banderoles géantes exaltaient le triomphe du 7 Mai 1954 qui a conduit à l’indépendance du pays.
«Cela m’émeut de me souvenir des personnes qui sont mortes pour accomplir cette victoire qui a secoué la planète», a déclaré Pham Duc Cu, 90 ans, un des derniers anciens combattants vietnamiens de Diên Biên Phu, cité par l’AFP, dans un discours.
Organisée tous les deux ans, la démonstration de force, avec hélicoptères et obusiers en soutien, a accueilli pour la première fois des membres du gouvernement français, accompagnés par trois anciens combattants tricolores.
La présence du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et de la secrétaire d’Etat chargée des Anciens combattants et de la Mémoire, Patricia Mirallès, a témoigné de la réconciliation à l’œuvre, sur fond d’intérêts stratégiques en commun.
«Cette journée marque, à coup sûr, un nouveau départ. Elle nous permet de regarder sereinement notre passé pour construire ensemble notre avenir», a déclaré le ministre dans une allocution devant le mémorial français.
Les relations entre les deux pays autrefois en guerre sont aujourd’hui cordiales. La bataille de Diên Biên Phu, qui a scellé un quasi-siècle de domination française en Indochine, symbolise «la victoire pour la justice», a déclaré le Premier ministre vietnamien, Pham Minh Chinh, lors d’un discours en ouverture de la cérémonie. «Beaucoup de martyrs n’ont pas pu être identifiés.
Le sang versé dans le Nord-Ouest a coulé pour le bonheur que nous avons aujourd’hui», a poursuivi le dirigeant. A une dizaine de kilomètres du Laos à vol d’oiseau, le site est cerné par les montagnes, dans une «cuvette» à jamais synonyme de triomphe pour les héros communistes Ho Chi Minh et Vo Nguyen Giap, et d’humiliation militaire pour les Français.
La chute du camp retranché, le 7 mai 1954, a mis fin à 56 jours de déluges d’obus et d’affrontements au corps à corps, qui ont fait 13 000 morts ou disparus, dont 10 000 du côté vietnamien.
Le corps expéditionnaire français, fort de quelque 15 000 hommes de nombreuses nationalités, a sous-estimé la puissance de feu de ses ennemis, nourrie par l’installation, sur les collines surplombant le camp retranché, de canons transportés en pièces détachées sur des centaines de kilomètres dans la jungle, parfois à vélo.
Diên Biên Phu a débouché sur les Accords de Genève, le 21 juillet 1954, qui ont acté la fin de la domination française en Indochine, ainsi que la partition du Vietnam, prélude à l’engagement américain à venir.