L’Allemagne et l’Autriche se préparent au risque d’un arrêt des livraisons de gaz russe entraînant d’éventuelles pénuries, et ont activé hier un dispositif d’alerte en trois étapes pour gérer au plus près leur approvisionnement, rapporte l’AFP.
Les deux pays s’organisent en vue du bras de fer qui s’annonce si la Russie décide de ne plus honorer les contrats gaziers des pays qui refusent de régler leur facture en roubles, comme exigé par le Kremlin en riposte aux sanctions occidentales. Vienne et Berlin ont déclenché le premier niveau d’un plan d’urgence qui en compte trois. Il s’agit pour l’Autriche de «garantir une réaction rapide» en cas d’arrêt des livraisons, selon le chancelier Karl Nehammer.
En Allemagne, une «cellule de crise» est désormais en place, a indiqué le ministre de l’Economie Robert Habeck, lors d’une conférence de presse. Toutefois, «la sécurité de l’approvisionnement» est à ce stade garantie en Allemagne et les réserves remplies à 25%, a-t-il précisé, insistant sur le caractère «préventif» du dispositif activé. «Le gaz et le pétrole arrivent actuellement conformément aux commandes», a détaillé R. Habeck.
Au premier niveau du plan dit «d’alerte précoce», les fournisseurs de gaz et les exploitants des gazoducs sont «tenus d’évaluer régulièrement la situation» et d’en informer le gouvernement, a précisé le ministère. Mais l’Etat n’intervient pas encore.
Ce n’est qu’au troisième niveau que l’Etat prendrait des mesures pour «réguler» la distribution et définir les volumes affectés en priorité à chaque secteur. En cas de pénurie, un statut d’exception est prévu pour les ménages et certains acteurs essentiels (services publics, hôpitaux, etc.) et leur approvisionnement, notamment pour le chauffage, est garanti.
Les entreprises en revanche peuvent subir un rationnement. Le Kremlin insiste sur le paiement en roubles du gaz russe livré à l’Europe mais a indiqué mercredi que ce processus se fera progressivement.
Ajourd’hui, le gouvernement russe, la Banque centrale et le géant gazier russe Gazprom doivent présenter un rapport sur la mise en place du système de paiement en rouble.
Berlin, qui se fournit avant la guerre à plus de 55% auprès de la Russie, a déjà réduit cette part à 40% et multiplie les démarches pour trouver d’autres fournisseurs.
Mais l’Allemagne n’envisage pas de pouvoir se passer de gaz russe avant mi-2024. Le gouvernement allemand va notamment accélérer la construction de terminaux GNL en vue d’importer du gaz liquéfié.
Renoncer aux livraisons de gaz ou de pétrole en provenance de la Russie «du jour au lendemain» reviendrait à «plonger notre pays et toute l’Europe dans la récession», a averti le chancelier allemand Olaf Scholz le 23 mars.
La fédération allemande du commerce extérieur BGA craint également de «graves perturbations» en cas d’arrêt immédiat des livraisons, a indiqué son président Dirk Jandura mercredi au journal Rheinische Post. «Un arrêt des livraisons ne peut pas être compensé à court terme», a-t-il mis en garde.