Plusieurs dizaines d’enseignants universitaires ont affiché leur solidarité avec leur collègue, Mustapha Sadaoui, docteur en histoire contemporaine à l’université Akli Mohand Oulhadj, de Bouira. Victime d’une agression physique et verbale à l’intérieur même de l’université de la part d’un groupe de travailleurs et d’agents de sécurité, l’éminent enseignant devient «l’agresseur» aux yeux de la direction qui a décidé de le suspendre.
«Sans aucune enquête sérieuse et avec une honteuse prise de position en faveur des agresseurs, la direction de l’université de Bouira s’est acharnée contre notre collègue», soulignent des enseignants de plusieurs universités du pays qui ont signé, il y a quelques jours, une pétition appelant «à rendre justice à Mustapha Sadaoui, en appliquant la loi, en ouvrant une enquête sérieuse et approfondie sur les faits».
Ces derniers interpellent, à la fois, la direction de l’université de Bouira et le ministère de l’Enseignement supérieur pour préserver la dignité de l’enseignant qui se fait agresser sauvagement sur son lieu de travail. Les signataires de la pétition rappellent le parcours, le CV et le caractère affable de leur collègue. Que s’est-il passé ?
Le 18 juillet dernier, alors qu’il s’était rendu à la faculté pour participer aux travaux du Conseil scientifique, le docteur Sadaoui a voulu se renseigner sur le programme des excursions estivales auprès du bureau des œuvres sociales, situé au niveau de la faculté de l’économie. Mais en guise de réponse à sa question, il a eu droit à un manque de respect de la part de l’agent de l’administration en service ce jour-là.
Ce n’est pas tout. Le docteur au CV étoffé et à la notoriété nationale et internationale a eu droit à des insanités de la part du même agent qui a bénéficié du soutien de ses acolytes (des syndicalistes et des travailleurs). Devant cette situation, Mustapha Sadaoui a préféré se retirer en quittant le bureau en question. «Ne s’arrêtant pas là, les agresseurs (une dizaine) l’ont poursuivi pour le prendre carrément à partie dans la cour, en lui assénant des coups, lui causant de nombreuses blessures», racontent les signataires, en se référant au récit de leur collègue.
Contacté, le docteur Sadaoui affirme que son calvaire «n’a pris fin qu’après l’intervention d’autres enseignants présents au niveau de la faculté des sciences humaines». «J’ai été transféré à l’hôpital où le médecin a établi un certificat confirmant la présence de traces d’agression sur différentes parties de mon corps», explique-t-il. Mais l’administration l’a accusé d’être «l’agresseur», avec la complicité de certains membres de la commission de discipline.
Pis encore, pour enfoncer l’enseignant, la direction de l’université refuse même de visionner les caméras de surveillance, arguant que l’établissement «n’en dispose pas». Une aberration ! Où va l’université, particulièrement celle de Bouira ?