Viandes blanches et œufs : Ce qui a fait baisser les prix

30/05/2024 mis à jour: 08:55
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Les importations ont grandement contribué à faire baisser les prix des viandes blanches - Photo : D. R.

Hier, les viandes blanches étaient cédées entre 270 et 290 DA sur le marché de gros et de 350 à 400 DA dans les boucheries, alors qu’elles avaient 
atteint 550 DA/kg en avril dernier. Un seuil jamais égalé.

C’est grâce à l’importation de la viande du Brésil et de l’Espagne», réagit un internaute, très content de la chute des prix des viandes blanches. D’autres évoquent les effets de l’annonce d’importation de moutons de la Roumanie en prévision de l’Aïd. «Cette chute des prix tombe au bon moment.

Avec la cherté des moutons, le jour de l’Aïd on va au moins pouvoir égorger des poulets», ironise un citoyen sur Facebook. Un autre souhaite que cette baisse touche aussi le poisson, devenu un luxe pour les ménages à faibles revenus. En effet, chacun y va de son commentaire et de son explication quant aux raisons des fluctuations des coûts du poulet et des œufs.

Hier, les viandes blanches étaient cédées entre 270 et 290 DA sur le marché de gros et 350 à 400 DA dans les boucheries, alors qu’elles avaient atteint 550 DA/kg en avril dernier. Un seuil jamais égalé ! S’agissant des œufs, le plateau tourne autour de 400 DA en gros après avoir dépassé 600 DA en février. Encore une fois, ce sont les aviculteurs qui subissent le coup.

«Il y a deux jours, le poulet se vendait à 270 DA/kg au détail, tandis que le prix du poussin avait dégringolé jusqu’à 10 DA. Faute d’acheteurs, des milliers de poussins ont péri avant d’être jetés dans les poubelles. Les éleveurs reproducteurs ont alors subi des pertes incommensurables», témoigne Hassan, éleveur à Taouarga, une localité située à l’est de Boumerdès réputée pour ses grands complexes avicoles qui alimentent toutes les wilayas du pays en poussins.

En parfait connaisseur de la filière et des secrets du marché, Hassan avance au moins deux raisons à l’origine de cette décrue des prix. Selon lui, il y a d’abord l’approche de l’Aïd. Période durant laquelle la consommation des viandes blanches faiblit, obligeant les abattoirs à fermer, dit-il. «Durant les deux mois précédant cette fête, des milliers d’éleveurs suspendent momentanément leur activité, de crainte de subir des pertes, d’où d’ailleurs la baisse depuis quelques semaines de la demande sur le poussin», a-t-il expliqué. Pour lui, cette situation est conjoncturelle.

Il n’est donc pas exclu de voir les prix remonter encore en flèche dès juillet prochain. Notre interlocuteur évoque aussi le manque d’organisation de la filière, rappelant que la plupart des petits éleveurs propriétaires de poulaillers exercent dans l’informel. Un problème qui a été soulevé à maintes reprises, y compris par les responsables du Conseil interprofessionnel de la filière, selon lesquels 20% uniquement des éleveurs sont inscrits au registre du commerce.

Abdelkader, propriétaire de couvoirs à Lakhdaria, Boumerdès, impute, quant à lui, la baisse des prix du poulet aux importations des viandes rouges, précisant que ces dernières sont très prisées par les ménages. Kamel, éleveur de poules pondeuses à Tizi Ouzou, pointe pour sa part les spéculateurs et les grossistes, accusant ces derniers d’imposer leur loi sur le marché des œufs. «L’Algérie compte, à présent, deux marchés de gros des œufs, l’un aux Eucalyptus et l’autre à Constantine. Les autorités doivent remédier à ce problème pour mieux contrôler le marché», a-t-il suggéré, liant la faible demande sur les œufs, en partie, à la fermeture des cantines scolaires.

A rappeler que la filière avicole, bien que déstructurée, dégage une valeur de production de plus 80 milliards de dinars. Malgré sa dépendance des marchés extérieurs, perçue comme un handicap majeur, cette filière emploie, selon certaines statistiques, près 25 000 personnes en sus de plus de 40 000 autres intervenants à l’échelle nationale. 

 

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