Verdict du procès des patrons du groupe Ennahar TV et de CIMA Motors : Dix ans de prison ferme infligés à Anis Rahmani et Tahkout

14/06/2022 mis à jour: 00:46
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Photo : D. R.

Lourde condamnation prononcée hier contre le journaliste et patron du groupe médiatique Ennahar, Mohamed Mokadem, plus connu sous le nom d’Anis Rahmani, et l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout. Jugés à distance, les deux hommes ont écopé d’une peine de 10 ans de prison ferme et d’une amende d’un million de dinars, avec confiscation des biens et des avoirs et le paiement solidaire d’une somme de 10 millions de dinars au Trésor public.

Prononcée par le pôle financier et économique près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, la condamnation du journaliste et patron du groupe médiatique privé Ennahar, Anis Rahmani, de son vrai nom Mohamed Mokadem, et de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, à une peine de 10 ans ferme, est tombée, hier matin, comme un couperet. Aucun des avocats des deux prévenus, jugés à distance il y a une semaine, ne s’y attendait.

En moins de cinq minutes, le juge a fini la lecture du verdict, d’une voix presqu’éteinte, devant une assistance composée essentiellement d’avocats, de quelques journalistes, ainsi que les deux prévenus, Mohamed Mokadem et Mahieddine Tahkout, qui apparaissaient sur l’écran relié aux prisons d’El Ménéa et de Khenchela, où ils sont détenus.

Reconnu coupable de sept chefs d’inculpation de «blanchiment d’argent», «trafic d’influence», «octroi et demande d’indus avantage», «violation de la réglementation des changes», «utilisation à mauvais escient des biens de l’entreprise», «transfert illicite de biens» et «fausse déclaration», Anis Rahmani est condamné à une peine de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de dinars et de la confiscation de tous ses biens et avoirs saisis par le juge d’instruction, y compris ceux ayant fait l’objet de commissions rogatoires délivrées à la France et aux Emirats arabes unis.

Même la société Al Athir Presse, du groupe Ennahar qu’il dirige, poursuivie en tant que personne morale, a écopé d’une sanction pécuniaire d’un montant de 32 millions de dinars. Le juge a, par ailleurs, reconnu le patron du groupe Cima Motors coupable du délit de «blanchiment d’argent» et lui a infligé la même peine prononcée contre Mohamed Mokadem, c’est-à-dire 10 ans de prison ferme et une amende d’un million de dinars.

Les deux prévenus sont, par ailleurs, sommés de verser solidairement au Trésor public la somme de 10 millions de dinars, au titre de dommages et intérêts. En fait, le président du pôle financier a revu à la baisse les montants des sanctions pécuniaires réclamées par le représentant du ministère public, mais décidé de suivre ce dernier en prononçant les peines maximales qu’il a requises.

En effet, lors de son réquisitoire, le procureur avait demandé une condamnation de 10 ans de prison ferme contre les deux prévenus, assortie d’une amende de 3 millions de dinars et le paiement par la société Al Athir Presse de la somme de 40 millions de dinars.

«Faits frappés par la prescription»

Lors de son audition par le tribunal, Anis Rahmani avait nié tous les faits qui lui étaient reprochés et affirmait qu’à «l’exception d’un seul délit non étayé par des preuves, les six autres faits sont frappés de prescription».

Sur le montant de plus de 49 millions de dinars «lié à l’acquisition de 27 véhicules» auprès de Mahieddine Tahkout, le journaliste avait expliqué qu’il s’agissait d’un contrat signé entre le groupe Ennahar, représenté par sa personne en tant que PDG, et le PDG du groupe Cima Motors, Mahieddine Tahkout, et «le paiement s’est fait en contrepartie d’une campagne de publicité des produits de Cima Motors à travers les journaux, le site et la chaîne de télévision, sur une période étalée de janvier 2017 à décembre 2019».

Il a nié catégoriquement avoir perçu de Tahkout le montant de 5 millions de dinars, et affirmé que le terrain obtenu auprès de la wilaya d’Alger «n’avait aucune valeur industrielle», mais il en a fait «un ensemble de studios d’enregistrement aux normes internationales».

Le patron du groupe Cima Motors a lui aussi rejeté les faits de «blanchiment d’argent» lié à la vente de 27 véhicules et le versement de 5 millions de dinars à Mohamed Mokadem. Lui aussi a affirmé que la contrepartie des voitures cédées au groupe Ennahar entrait dans le cadre d’une opération de campagne publicitaire au profit des produits de son groupe.

Aussi bien les avocats de Mohamed Mokadem que ceux de Mahieddine Tahkout ont mis en avant «l’absence de preuves» et une enquête «à charge» avant de plaider la relaxe. Mais pour le représentant du ministère public, les deux prévenus «sont coupables» des faits qui leur sont reprochés.

Tout en citant les biens acquis par le journaliste en France et à Dubaï, et les avoirs «cumulés par la société Athir Presse et Ennahar TV» à l’étranger, le magistrat a contesté «tout investissement» et évoqué «des opérations de blanchiment d’argent», comme, a-t-il déclaré, celle de «la cession» des 27 véhicules au groupe Ennahar TV «sans aucune justification».

Il a terminé son réquisitoire en réclamant la peine maximale de 10 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 3 millions de dinars contre les deux prévenus, et le paiement, par la société Athir Presse, d’une amende de 40 millions de dinars ainsi que la confiscation de tous les biens immobiliers et les avoirs gelés par le juge d’instruction. 

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