L’Algérie s’est engagée depuis plusieurs semaines dans l’importation en masse de blé dur et tendre à travers plusieurs fournisseurs européens et canadiens. Entamée au lendemain du début du conflit militaire entre la Russie et l’Ukraine, cette opération a pour objectif d’éviter, autant que faire se peut, les fluctuations des cours des blés dans les Bourses et, surtout, d’assurer la sécurité alimentaire du pays.
Cependant, l’Algérie accuse un énorme déficit en matière de stockage des céréales. En effet, de nombreux navires sont, actuellement, en rade au niveau des différents ports du pays et, selon des sources portuaires, ils attendent depuis plusieurs jours le déchargement de leur cargaison céréalière.
Une contrainte qui, selon les sources d’El Watan, a poussé le cabinet du Premier ministre à instruire, via son département de l’Intérieur, les walis concernés par cette situation dans le but de résoudre, et dans l’urgence, ce problème pour éviter des factures de surestarie salées. «Les capacités de stockage au niveau des Coopératives des céréales et légumes secs (CCLS) sont à la limite de la saturation», a-t-on constaté.
Première mesure prise par les chefs de l’exécutif des wilayas concernées : mettre à la disposition des CCLS locales, dans le cadre des réquisitions pour utilité publique, des silos appartenant à des entreprises privées, notamment ceux qui sont implantés hors des minoteries. «Sur le plan juridique, cette réquisition est effectuée en contrepartie d’un bail de location entre le propriétaire et les CCLS.
A titre d’exemple, les silos du groupe Amor Benamor, dont la capacité est de 450 000 quintaux, sont en cours de réquisition par le wali de Annaba au profit de la CCLS Annaba. Implantés dans la commune de Aïn Berda, réalisés dans le cadre d’un projet Calpiref, ils seront mis à la disposition de la CCLS à travers un contrat de location, qui sera établi entre la direction des domaines de Annaba (propriétaire de la concession) et l’administrateur du groupe agroalimentaire Amor Benamor, désigné par la justice pour la gestion du groupe», a expliqué, en exclusivité à El Watan, une source proche du dossier.
Une vingtaine de céréaliers en rade
Pour les mêmes motifs, une opération similaire est actuellement en cours dans la wilaya de Blida. Hormis ceux à quai, au moins une vingtaine de navires céréaliers d’une capacité de 30 000 tonnes, transportant du blé dur, tendre et du maïs, sont en rade avec une moyenne de trois navires dans chacun des ports d’Alger, de Skikda, de Annaba, de Béjaïa..., indiquent publiquement les sites portuaires nationaux.
Force est de souligner que, depuis 2020, l’Algérie a appelé, à travers son ministère de l’Agriculture et du Développement rural, les investisseurs spécialisés à participer dans l’augmentation de la capacité de stockage nationale des céréales, en réalisant le plus grand nombre possible de silos. Pour ce faire, elle les a incités à travers des mesures pratiques prises, en collaboration avec les membres du bureau exécutif du Conseil national interprofessionnel de céréaliculture.
Dans son intervention le 14 mai, lors des travaux de la première session du conseil national de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), en présence du ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a affirmé : «Les capacités de stockage ont été portées cette année à 44,5 millions de quintaux, en incluant des points de stockage supplémentaires, la cas échéant, ainsi que des sites de stockage et de collecte, ce qui permettra d’augmenter les capacités de stockage.»
Les silos relevant de la propriété privée, dont ceux du groupe Amor Benamor et de Blida, font justement partie des points de stockage supplémentaires annoncés par le ministre de l’Agriculture.