Une Vietnamienne, au cœur du plus grand scandale financier du pays, doit réunir neuf milliards de dollars pour échapper à la peine de mort

04/12/2024 mis à jour: 03:56
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Ancienne patronne d’un géant de l’immobilier vietnamien, Truong My Lan a été condamnée à mort en appel ce mardi. Elle a participé à une vaste escroquerie estimée à 27 milliards de dollars.

Un tribunal de Ho Chi Minh Ville a confirmé en appel la condamnation à mort de Truong My Lan, ancienne dirigeante d’un groupe immobilier, reconnue coupable d’avoir orchestré une escroquerie financière de 27 milliards de dollars, la plus importante de l’histoire du Vietnam. Les juges ont estimé qu’il n’y avait aucune raison de réduire la peine prononcée en première instance contre celle qui a personnellement détourné 12 milliards de dollars. Toutefois, ils ont précisé que si 75 % des sommes détournées étaient restituées, sa peine pourrait être commuée en prison à perpétuité.

Truong My Lan, vêtue d’une chemise bleue, était présente au premier rang de la salle d’audience aux côtés de son mari, le milliardaire hongkongais Eric Chu Nap Kee, dont la peine a été réduite de neuf à sept ans de prison pour violation des règles bancaires. Le procès en appel, qui a duré un mois, a mobilisé plus d’une centaine d’avocats. Pendant une décennie, Truong My Lan a détourné des milliards via un montage d’obligations frauduleuses, en utilisant la Saïgon Commercial Bank (SCB), détenue majoritairement par son groupe Van Thinh Phat. Ce scandale a profondément marqué l’opinion publique, entraînant des rassemblements inhabituels dans un pays où les manifestations sont rarement tolérées.

Des milliers d’épargnants ayant investi auprès de la SCB ont perdu leurs économies, révélant les failles du secteur bancaire vietnamien et l’ampleur de la corruption. Les autorités ont intensifié leur campagne anticorruption, reflétée dans la sévérité des condamnations. Dans une lettre manuscrite, Truong My Lan avait qualifié la peine de mort de trop sévère, plaidant pour une approche plus clémente et proposant de rembourser les victimes par la liquidation de la SCB et la vente de ses actifs. Elle a restitué plus de 600 propriétés, mais les procureurs ont estimé que ces efforts étaient insuffisants, pointant des conséquences « énormes et sans précédent ».

Le tribunal a également confirmé la perpétuité pour un responsable de la banque centrale, accusé d’avoir accepté un pot-de-vin de cinq millions de dollars pour couvrir les agissements de Truong My Lan. Cette dernière a aussi été condamnée à perpétuité en octobre pour blanchiment d’argent et transfert illégal de fonds. Par ailleurs, la banque centrale a injecté des fonds pour stabiliser la SCB, sans préciser le montant.

Le Vietnam autorise la peine de mort pour les crimes graves, notamment en matière de trafic de drogues et de corruption. Les statistiques sur les exécutions sont classées secret d’État. Le scandale met en lumière les lacunes du système bancaire vietnamien, entre laxisme réglementaire et enrichissement illégal. La campagne anticorruption, surnommée « brasier ardent », a entraîné l’arrestation de plusieurs dirigeants de premier plan, secouant le gouvernement et les milieux d’affaires sur fond de luttes internes au sein du parti communiste.

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