Une reprise sur fond d’appréhension

04/01/2022 mis à jour: 04:14
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Malgré toutes les rumeurs sur un éventuel report, la rentrée scolaire pour ce 2e trimestre a bien eu lieu. En plein pic de la 4e vague, le manque d’hygiène et de désinfection et un taux d’absentéisme élevé ont été au rendez-vous. En effet, près de 11 millions d’élèves ont rejoint les bancs de l’école dimanche, pour le début du 2e trimestre.

Après 3 semaines de vacances d’hiver, la situation dans les écoles n’a pas changé. En cette journée de reprise, les écoles étaient sales. Selon des témoignages d’enseignants, la situation laissait à désirer.

«Les classes étaient restées fermées durant les 3 semaines de vacances. Nous n’avons pas d’agent d’entretien et vous pouvez imaginer les lieux après 3 semaines d’absence. La sensation de renfermé était dominante. Même si nous voulons mettre la main à la pâte et aider, il n’y a pas d’eau dans l’établissement. C’est un vrai calvaire», déclare Salima, enseignante de langue arabe dans une école primaire à Alger.

Cette déclaration n’est pas une nouveauté. Le manque d’hygiène dans les écoles et l’absence de recrutement d’agents polyvalents et d’entretien n’est un secret pour personne. Selon les enseignants que nous avons contactés et qui ont préféré rester dans l’anonymat, les établissements scolaires accusent un grand manque en matière de moyens humains et matériels.

En effet, il n’y a pas eu de recrutement dans ce sens depuis plus de 3 années. Ainsi, l’application du protocole sanitaire est compromise, notamment avec la réduction du budget pour les établissements scolaires, tous paliers confondus. Les enseignants pointent du doigt les directeurs de l’éducation qui ont la possibilité d’engager des campagnes de nettoiement et de désinfection, en collaboration avec les collectivités locales et les autres directions, notamment de la santé et des ressources en eau.

Sous l’emprise de la Covid19

Autre fait marquant de cette reprise scolaire : le taux d’absentéisme. Selon des sources rapprochées du ministère de l’Education nationale, le nombre d’absents, entre personnel et élèves, en cette première journée d’école est assez important. Même s’il n’y a pas de chiffres officiels, les raisons seraient liées à la Covid-19.

Certains se sont absentés parce qu’ils sont contaminés, d’autres parce qu’ils sont des sujets contacts ou ont juste peur, notamment parce que le pays est en plein pic de la 4e vague de la pandémie.

En ces deux semaines de grand risque, la vaccination est également difficile à lancer. Beaucoup d’enseignants déclarent avoir été touchés par le virus. Une période de 3 mois au minimum est requise pour pouvoir faire le vaccin. «Pour les absences, j’estime qu’il est prématuré d’évaluer leur ampleur en une seule journée. Il faut attendre la fin de la semaine pour pouvoir tirer les bonnes conclusions et surtout agir en conséquence.

Il s’agit de multiplier les précautions, d’augmenter de vigilances et mettre de côté le laisser-aller», déclare Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest). Pour Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), la situation restera identique tant que des solutions réelles et efficaces n’ont pas été prises. «En ces temps de grand froid, certains établissements ont un problème de chauffage. A Alger, par exemple, les chaudières ne fonctionnent pas par manque d’eau.

Des poubelles n’ont pas été évacuées depuis 15 jours», souligne notre syndicaliste, qui appelle à donner plus de moyens humains et matériels aux établissements scolaires et surtout doter le ministère de l’Education d’un budget spécial et assez conséquent pour assurer la gestion des établissements en cette période de pandémie.

«Il faut en finir avec le bricolage et le populisme et aller vers une refonte radicale du système éducatif algérien pour aspirer à une école publique de qualité. Nous avons un déficit de plus de 25 000 enseignants. Malgré cela, ils refusent de recruter ou organiser un concours de recrutement.

Le déficit touche aussi l’encadrement, à savoir les directeurs, adjoints d’éducation, gestionnaires, agents d’entretien et de sécurité, et ils refusent de recruter. Nous ne pouvons pas aspirer à tirer l’école algérienne vers le haut avec les déficits et les problèmes qu’elle traîne depuis belle lurette, c’est comme faire porter une charge destinée à un homme sur les épaules d’un enfant», ajoute notre interlocuteur, qui appelle à une meilleur gestion du secteur, notamment au niveau local, avec des directeurs de l’éducation qui vont sur le terrain, identifient les problèmes et prennent les décisions adéquates en temps réel. 

 

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