Une loi pour le cinéma : Faire renaître le septième art

06/02/2023 mis à jour: 07:07
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L’âge d’or du cinéma algérien, c’était les trois décennies après l'indépendance avant la descente aux enfers de la décennie 1990.

Tout s’est écroulé, plus de financement, rareté des lieux de tournage, disparition des salles de cinéma et aucune volonté politique. La commission du Fonds national pour le développement des arts et de la technique et de l’industrie du cinéma (Fdatic) avait hiberné. Puis un petit déclic, en août dernier l’annonce par les pouvoir publics de la mise en place de deux studios de production de cinéma, l’un à Alger et l’autre près de Timimoun et cette fois-ci un projet de loi adopté en Conseil des ministres. Va-t-on enfin secouer le cocotier et doter l’Algérie d’une véritable industrie du cinéma ? Dès les premières années de l'indépendance, c’était l’ancien ONIC (Office national des industries cinématographiques) qui se chargeait du financement avec de belles réussites. Une génération de réalisateurs fit le bonheur des salles obscures, d’un remarquable talent, quelques-uns formés en Algérie juste après l'indépendance dans un centre de cinéma qui s’arrêta après la formation d’une seule promotion, d’autres dans des instituts à l’étranger, certains sur le tas. De grands films sont inscrits dans la mémoire collective, de Chronique des années de braise de Lakhdar Hamina, L'Opium et le bâton d'Ahmed Rachdi, Nahla de Belloufa et Omar Guetlatou de Merzak Allouache , en passant par les merveilleux films de Rouiched et de l’inspecteur Tahar, dans la lancée de Tahya Didou de Zinet, une perle cinématographique produite par… l’APC d’Alger-Centre. Et puis émergea une nouvelle génération de cinéastes avec Machahou de Belkacem Hadjadj, les Hors-la-loi et Indigènes de Bouchouareb, suivis tout récemment par les Bienheureux de Sofia Djamaa, Lumière noire de Karim Ben Salah et bien d’autres encore qu'on ne peut citer, créant une véritable filmographie algérienne. Le Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique (Fdatic) a pu financer 139 films avant d’être dissous pour des raisons obscures. Mais tout récemment a été prolongé le mandat de la Commission de lecture des scénarios de ce fonds suite à des protestations des cinéastes mais les professionnels revendiquèrent un nouveau mécanisme pour remplacer le Fdatic. En l’absence d’une industrie privée du cinéma, comme il en existe dans d’autres pays, c’est l’Etat qui reste le bailleur de fonds incontournable. Autres problème et pas des moindres, la rareté des salles de cinéma dans le pays. Aux premières années de l’indépendance, pratiquement jusqu’aux années 1980, des centaines de salles de cinéma faisaient le bonheur des cinéphiles, de la petite agglomération aux grandes villes. Au fil du temps, au gré des humeurs des dirigeants, y compris locaux, elles disparurent une à une, remplacées quelquefois par des bibliothèques (rarement), souvent des commerces, mais la plupart du temps elle ont été abandonnées. Le coup de grâce a été porté par la décennie de l’intégrisme religieux durant les années noires. Depuis cette période, malgré l'amélioration des ressources de l’Etat, les salles de cinéma sont restées un casse-tête, les autorités incapables de restaurer les salles livrées à l’abandon, encore moins d’en construire de nouvelles. Chaque nouveau ministre de la Culture annonce un début de règlement de cette question. Et puis rien de concret.

Autre contrainte pour les cinéastes, la question des lieux de tournage qui n’ont jamais existé en Algérie. Au gré des volumes des dotations budgétaires les cinéastes se sont tournés vers des studios étrangers. Dans le pays, ce sont les moyens de bord qui sont sollicités. L’annonce faite tout récemment de la création de deux studios, l’un à Alger, l’autre à Timimoun, laisse espérer un début de solution.

Peut-on rêver d’un Cinnecita, même modeste, en Algérie ? Pourquoi pas, si la volonté politique est au rendez-vous. Le président de la République avait innové en 2020 en nommant un secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Culture chargé de l’Industrie cinématographique. Certainement par manque de résultats, le chef de l’Etat a dû se résoudre à dissoudre cette structure et recourir aux services d’un conseiller en la personne d'Ahmed Rachedi, cinéaste de talent . 

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