Une des espionnes les plus dangereuses des Etats-Unis, qui œuvrait pour Cuba, libérée après 20 ans de prison

09/01/2023 mis à jour: 05:52
AFP
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L’Américaine Ana Belén Montes, arrêtée en 2001 et condamnée l’année suivante à 25 ans de prison pour espionnage au profit du gouvernement cubain, est sortie de prison vendredi. Aujourd’hui âgée de 65 ans, cette analyste des services de renseignement militaires a quitté la prison fédérale de Forth Worth, au Texas, et bénéficie d’un régime de liberté conditionnelle pendant cinq ans. Arrêtée le 21 septembre 2001 par la police fédérale, elle a reconnu avoir espionné pendant près d’une décennie pour le compte de Cuba, de 1992 à 2001, bien que le FBI la soupçonne d’avoir commencé à espionner dès 1985. Elle était accusée d’avoir transmis à La Havane des noms d’agents américains travaillant à Cuba et le détail de manœuvres navales américaines. Ana Montes faisait partie des «espions les plus dangereux» arrêtés par les Etats-Unis : elle aurait presque entièrement révélé les opérations de renseignement américaines sur l’île, précise la BBC. En 2012, Michelle Van Cleave, qui était à la tête du contre-espionnage sous le président George W. Bush, a déclaré au Congrès que Montes avait «compromis tout – pratiquement tout – ce que nous savions sur Cuba et sur la façon dont nous agissions là-bas». Contrairement à d’autres espions de haut niveau appréhendés pendant la Guerre froide, Ana Montes, née d’un père portoricain, agissait par idéologie, et non par appât du gain. Son travail pour le renseignement cubain était en partie motivé par son opposition aux activités de l’administration Reagan en Amérique latine. Selon un rapport de l’inspecteur général du département de la Défense, elle aurait été irritée par le soutien américain aux Contras nicaraguayens, un groupe rebelle de droite soupçonné d’avoir commis des crimes de guerre et d’autres atrocités dans le pays. «Aider le Nicaragua» Ana Belén Montes travaillait au ministère de la Justice lorsqu’elle a attiré l’attention d’agents cubains en exprimant son mécontentement. D’abord approchée par un camarade de classe de l’Université Johns Hopkins en 1984, l’Américaine est ensuite présentée à un agent du renseignement cubain, raconte le média britannique. Lors d’un dîner à New York, elle «a accepté sans hésiter de travailler avec les Cubains pour» aider «le Nicaragua», indique le rapport de l’inspecteur général. Puis elle obtient un poste d’experte du renseignement au sein de l’Agence de renseignement militaire. Pendant près de deux décennies, elle rencontre régulièrement des gestionnaires cubains dans des restaurants de Washington DC. Pour transmettre ses informations classées top secret, elle envoyait des messages codés via un programme fourni par Cuba. Elle recevait ses ordres par des appareils de transmission à ondes courtes et utilisait aussi un téléphone public, situé à côté du zoo de Washington. 

Dénoncée par un collègue 

Dès 1996, un collègue la dénonce, mais les autorités américaines n’ouvrent une enquête à son encontre que quatre ans plus tard. Elle est arrêtée en septembre 2001. Désormais libre, Ana Montes restera sous surveillance pendant cinq ans. Il lui sera interdit de travailler pour le gouvernement ou de contacter des agents étrangers sans autorisation. Mais Pete Lapp, l’un des agents du FBI qui l’a arrêtée, juge qu’une prise de contact avec des agents cubains est peu probable. «Cette partie de sa vie est terminée, a-t-il déclaré à CBS News. Elle a fait ce qu’elle a fait pour eux. Je ne peux pas l’imaginer risquer sa liberté.»

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