Les archives nationales des Pays-Bas viennent de mettre en ligne plus de 1300 documents, parmi lesquels un plan faisant office de carte au trésor. Enterré à la fin de la Seconde Guerre mondiale par quatre soldats allemands au beau milieu de la campagne hollandaise, le magot dont il indique la localisation – avec hélas très peu de précision – est constitué de pièces d’or, de diamants, de montres et de pierres précieuses, le tout bien conservé dans quatre boîtes de munitions.
A l’époque, explique The Guardian, le trésor devait valoir entre 2 et 3 millions de florins, la monnaie utilisée aux Pays-Bas jusqu’en 2001. Aujourd’hui, en déduit le média britannique, cela représente plus de 15,8 millions de livres sterling (soit près de 18 millions d’euros).
«De nombreux chercheurs, journalistes et archéologues amateurs se montrent très intéressés et excités», explique Annet Walkens, des Archives nationales néerlandaises.
Leur tâche sera cependant loin d’être aisée, puisque parmi les documents mis en ligne figure un dossier de 7 centimètres d’épaisseur, qui relate les efforts désespérés des Pays-Bas pour mettre la main sur le magot après la fin de la guerre.
C’est en avril 1945 que le trésor a été enfoui au pied d’un peuplier, à 70 ou 80 centimètres de profondeur. Il est localisé en bordure extérieure du village d’Ommeren, et serait peut-être resté éternellement secret si l’un des membres du quatuor de soldats, le dénommé Helmut S., ne s’était pas montré trop bavard lors de son retour à Berlin. Les autorités néerlandaises, alors présentes dans la ville allemande, n’en ont pas manqué une miette. A cette occasion, elles ont notamment pu entendre le soldat affirmer que le butin avait été constitué après le bombardement en août 1944 d’une succursale de la Rotterdamsche Bank située à Arnhem, grande ville située à une quarantaine de kilomètres d’Ommeren. L’explosion aurait lourdement endommagé un coffre-fort, lequel était rempli de pierres et de métaux précieux. Les soldats allemands présents sur place en auraient alors profité pour se remplir les poches.
Le reste de l’identité de Helmut S. n’a pas été dévoilé, et l’on ignore même s’il est encore en vie – il semble pour le moment «impossible à tracer», écrit The Guardian. En revanche, on sait que deux de ses congénères sont morts, et que le troisième a purement et simplement disparu depuis bien longtemps.
Les recherches menées en 1946 et 1947 n’ont rien donné. La première fois, le sol était trop gelé ; la deuxième fois, les détecteurs de métaux se sont montrés inefficaces ; la troisième, la présence du fameux Helmut S. n’a rien donné, ses indications et le plan qu’il a fourni n’ayant pas permis de mettre la main sur le magot – ce qui pourrait alimenter la thèse selon laquelle le trésor aurait été déterré entre-temps. Par des locaux ? Par des soldats américains ? Plusieurs hypothèses existent, mais aucune n’a pu être prouvée.
C’est le plan fourni à l’époque par Helmut S. qui fait aujourd’hui l’objet de tant de curiosité et d’intérêt. Nul ne sait avec certitude qui en est l’auteur, mais tout porte à croire qu’il s’agit de l’un des quatre soldats allemands. Il existe de toute façon plus d’une zone d’ombre dans cette affaire. Certains historiens mettent notamment en doute le récit autour de l’origine du butin, affirmant qu’en août 1944, Arnhem n’a pas été bombardée – ce qui ôterait toute crédibilité à cette histoire de coffre-fort éventré.
Les certitudes sont donc très rares, puisqu’il est non seulement permis de douter de la provenance du trésor, mais aussi du fait qu’il existe toujours en 2023. Peut-être a-t-il été exhumé depuis bien longtemps et que quelqu’un, quelque part dans le monde, mène actuellement une vie de riche oisif après avoir revendu son imposante prise.