Une agression aérienne israélienne fait 15 morts à Damas : Les grands malheurs de la Syrie

20/02/2023 mis à jour: 02:34
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Des agents de sécurité syriens inspectent les dégâts dans un quartier résidentiel de Damas après une frappe aérienne israélienne, en Syrie, dimanche 19 février 2023

Depuis une dizaine d’années, la Syrie subit malheur sur malheur : des agression israéliennes régulières, des guerres civiles, la violence inouïe de Daech, les fuites massives de civils, de lourdes sanctions internationales, des catastrophes naturelles et une grave crise humanitaire. Plus de 44 000 personnes sont mortes après le tremblement de terre qui a dévasté, le 6 février, le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie.

Bachar Al Assad, qui a succédé à son père Hafez, après sa mort en 2000, a eu à faire face, une dizaine d’années après, à des manifestations populaires dans la ville de Deraa, dans le sud du pays. Ce fut le point de départ de grands affrontements accompagnés d’une forte répression par les forces gouvernementales. Des puissances étrangères ont commencé à s'ingérer, envoyant de l’argent, des armes et des combattants. Mettant à profit le chaos, des organisations djihadistes extrémistes, notamment l’Etat islamique (EI) et Al Qaîda, ont fait leur apparition et organisé des massacres. Les Kurdes de Syrie, qui revendiquent le droit à l’autonomie mais n’ont pas combattu les forces d'El Assad, ont ajouté une autre dimension au conflit. Les premières estimations des pertes depuis 2012 font état de la mort d’au moins 350 209 civils et combattants entre mars 2011 et mars 2021. Dans ce chiffre, 26 727 victimes sont des femmes et 27 126 des enfants. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), un groupe de surveillance basé au Royaume-Uni et disposant d’un réseau de sources sur le terrain, avait recensé la mort de 494 438 personnes en juin 2021. Il a déclaré qu’au moins 159 774 civils avaient été tués. Le gouvernement a repris le contrôle des plus grandes villes de Syrie, mais de grandes parties du pays sont toujours tenues par les djihadistes et les Kurdes. Le dernier bastion de l’opposition se trouve dans la province d’Idlib, au nord-ouest du pays, et dans les parties adjacentes des provinces de Hama (nord) et d’Alep (ouest). Plus de la moitié des 22 millions d’habitants que comptait la Syrie avant la guerre ont fui leur foyer. Quelque 6,9 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, dont plus de deux millions vivent dans des camps de tentes avec un accès limité aux services de base. Six autres millions sont des réfugiés ou des demandeurs d’asile à l’étranger. Le Liban, la Jordanie et la Turquie voisins, qui accueillent 84% d’entre eux, ont eu du mal à faire face à l’un des plus grands exodes de réfugiés de l’histoire récente. La crise humanitaire a été aggravée par un ralentissement économique sans précédent, déclenché par les strictes sanctions américaines, la crise économique libanaise et la pandémie de Covid-19. La monnaie syrienne a perdu près de 80% de sa valeur en 2021 et l’hyperinflation, proche de 140% au début de 2022, a fait exploser les prix des produits de base. Le taux de pauvreté a atteint un niveau sans précédent de 90%. Une grande partie du riche patrimoine culturel de la Syrie a également été détruite. Les six sites du pays inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco ont subi des dommages importants, les militants de l’EI ayant délibérément fait exploser des parties de la cité antique de Palmyre. Les principaux soutiens du gouvernement ont été la Russie et l’Iran, tandis que la Turquie, les puissances occidentales et plusieurs Etats arabes du Golfe ont soutenu l’opposition à des degrés divers au cours du conflit. La Russie – qui disposait de bases militaires en Syrie avant la guerre – a lancé une campagne aérienne en soutien à El Assad en 2015, qui a été cruciale pour faire basculer le cours de la guerre en faveur du gouvernement. Une coalition mondiale dirigée par les Etats-Unis a également mené des frappes aériennes et déployé des forces spéciales en Syrie depuis 2014 pour aider une alliance de milices kurdes et arabes, appelée les Forces démocratiques syriennes (FDS), à s’emparer de territoires autrefois détenus par les militants de l’EI dans le Nord-Est et à empêcher le groupe djihadiste de se reconstituer. La Turquie est un soutien majeur de l’opposition, mais elle s’est surtout attachée à utiliser les factions rebelles pour contenir les Kurdes, les accusant d’être une extension d’un groupe rebelle kurde interdit en Turquie. Les troupes turques et les rebelles alliés se sont emparés de pans entiers de territoire le long de la frontière nord de la Syrie, et sont intervenus pour empêcher un assaut généralisé des forces gouvernementales contre le dernier bastion de l’opposition, Idlib.

Israël lance des frappes aériennes de plus en plus fréquentes. Les cellules dormantes du groupe Etat islamique continuent également à mener des attaques fréquentes et meurtrières. Neuf cycles de pourparlers de paix sous l’égide de l’ONU – connus sous le nom de processus de Genève II – n’ont pas permis de progresser vers une solution politique devant enfin sortir ce pays de sa plus grande tragédie depuis son existence.

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