Un journaliste franco-marocain de BFM TV soupçonné de travailler pour le Makhzen : Le Maroc accusé d’ingérence médiatique

04/02/2023 mis à jour: 08:59
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Décidément, le Maroc, qui avait longtemps cultivé, pour la consommation extérieure, l’image d’un pays civilisé, prompt à donner à autrui des leçons de démocratie, de respect des lois et des convenances internationales, n’en finit pas d’être éclaboussé par des scandales sans cesse renouvelés.

Alors que le makhzen est empêtré jusqu’au cou dans l’affaire d’espionnage Pegasus, poussant le Parlement européen à se saisir du dossier programmé devant une commission d’experts pour le 9 février courant, voilà que d’autres scandales, tout aussi nauséabonds, éclaboussent le royaume du Maroc. Le «Marocogate», vaste réseau de corruption d’eurodéputés, a permis d’étaler, au grand jour, une facette hideuse de la diplomatie interlope de ce pays réputé pour ne s’encombrer d’aucun scrupule, transgressant tous les codes de la morale  pour parvenir à ses fins. Ces deux scandales n’ont pas encore livré tous leurs secrets, qu’une autre affaire de trafic d’influence, visant cette fois-ci  les médias, ne vienne enfoncer le Maroc dans les abysses des Etats voyous. Un journaliste présentateur vedette  franco-marocain de la chaîne de télévision française BFM TV, Rachid M’Barki, fait l’objet d’une enquête interne de sa hiérarchie. Il lui est reproché d’avoir diffusé à l’antenne, à une heure tardive (4h30) – pensant peut-être échapper au filtre du contrôle et de la validation de l’information par les canaux de la chaîne –, un reportage sur un forum maroco-espagnol sur l’investissement, organisé en juin 2022 au Maroc, vantant, avec les mots et l’image, la destination de son pays d’origine. La précision, fort bien inspirée, du commentaire du journaliste, s’écartant de toute éthique professionnelle, situant la ville de Dakhla qui avait abrité le forum en juin 2022, au «Sahara marocain», a particulièrement irrité les responsables de la chaîne. Ces derniers y ont vu un manquement inadmissible à la charte de l’éthique et de la déontologie du média, voire des soupçons d’ingérence étrangère dans sa ligne éditoriale. C’est le même modus operandi que l’affaire des eurodéputés, sauf qu’avec le journaliste de BFMTV, il s’agit d’un ressortissant d’origine marocaine qui a reconnu avoir servi en tant que journaliste au niveau de ce média «pour faire briller l’image du Maroc». Face à ce coup de tonnerre qui déchire le ciel du paysage audiovisuel français et qui fait écho aux casseroles bruyantes que traîne déjà le Maroc, avec les dossiers d’espionnage et de corruption des eurodéputés, la direction de la chaîne de télévision française a décidé de sévir contre le journaliste en le suspendant provisoirement de ses fonctions, en attendant les résultats de l’enquête. Depuis la mi-janvier, le journaliste présentateur vedette de la chaîne d’info en continu a disparu de l’écran de BFM TV. Les explications qu’il a fournies dans ses déclarations à chaud sur ce scandale, reconnaissant, pour se tirer d’affaire, qu’il n’est pas exclu qu’il aurait pu être manipulé par ses informateurs, ne lui seront pas d’un grand secours, si l’on en croit les déclarations des responsables de la chaîne, affichant leur détermination à faire toute la lumière sur cette affaire. Toutefois, la question se pose de savoir pourquoi ce dossier, qui remonte à presque neuf mois, est sorti des tiroirs maintenant, et pourquoi la chaîne ne s’est pas expliquée sur cette dérive professionnelle de son journaliste en son temps ?

Inspirées par le makhzen, les attaques virulentes de la presse marocaine contre la France d’Emmanuel Macron, accusée d’avoir choisi le rapprochement avec l’Algérie au détriment des intérêts du Maroc et de ne pas soutenir la thèse de la marocanité du Sahara occidental, sont une piste à méditer. Le même scénario du scandale de la corruption des eurodéputés, qui a provoqué un effet dominos au sein du Parlement européen, il faut s’attendre  avec cette affaire d’ingérence médiatique du Maroc que d’autres médias et journalistes français et autres, coupables d’allégeance au Maroc, soient démasqués par les vrais professionnels, pour sauver leur honneur et l’éthique du métier de journaliste.

Les langues pourraient également se délier au niveau d’autres corps de métier, à l’instar du show-biz et des activités sportives multidisciplinaires, dans lesquels les services de propagande du makhzen ont injecté beaucoup d’argent à travers les festivals internationaux organisés au Maroc et dans les villes occupées du Sahara occidental, pour faire la promotion de la thèse de l’autonomie. 

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